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Présidentielle au Bénin :Electeurs et éligibles dans un marché de dupes
Publié le mardi 2 fevrier 2016  |  ActuBenin
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© aCotonou.com par Seni Dabo
Vote lors des élections couplées présidentielle/législatives du 29 novembre
Dimanche 29 novembre 2015. Les Burbinabè participent aux élections couplées présidentielle/législatives




Le rituel n’a pas changé. Hier n’ajoutera rien à la logique de tous les jours. La présidentielle n’aura rien d’exceptionnel. Les candidats ont besoin de la foule. Et, la foule a besoin de ses miettes.

Dans la sociologie, un scrutin, c’est une occasion de sanction. Le peuple, pratiquement oublié par ses fils en costume, trouve le moyen le plus juste de lui soutirer sa juste part. Il ne cache pas sa fougue et son avidité, car c’est un droit qu’il revendique. Il exige de prendre ce que ce fils a amassé pendant des années à son insu. « Le moment est venu, nous allons manger », clament-ils avec détermination. Du coup, tout le monde lutte pour avoir sa part pendant cette période de grande euphorie. Monsieur tout le monde est partout et nulle part. Il est sur tous les meetings. Il applaudit tous les candidats et chante pour eux tous. Il mange et boit goulument. La foule s’invite partout et à toutes les occasions. Mais comment cette foule débordante se constitue-t-elle aussi facilement ? Cotonou compte-t-il si tant de monde ? Il semble qu’il y a des professionnels des élections. Des messieurs et dames qui n’ont de métier que la mobilisation et qui sont très bien connus par les politiques. Ils savent toujours par quel moyen transférer le grand monde de militants d’un candidat à un autre. Ils vous disent avec fierté : « Je suis capable de vous mobiliser, au bas mot 2.000 personnes en quelques heures ». C’est un exploit qu’ils brandissent devant ‘’les autres en costume’’ qui arborent un léger sourire et trouvent le marché très intéressant. Ils ont besoin de la foule, car pour beaucoup encore, l’électorat se mesure en la capacité de remplir un stade ou une maison du peuple. Et donc, ces ‘’vendeurs de foule’’ trouvent toujours sur leurs chemins des acheteurs qui leur proposent toujours un prix intéressant. La loi de l’offre et de la demande s’invite. Le jour de l’événement, il s’arrange pour que ses 2000 militants circonstanciels soient au rendez-vous. Comme en de pareilles circonstances, le service après vente est une hérésie, le jeune homme s’arrange toujours à avoir la totalité de son décaissement avant le jour J. Ceci lui permet de soustraire ce qui doit l’être et de faire le point avec sérénité. La veille, la foule à qui on a promis des miettes est en état d’alerte et un bus cabossé les attend, tôt le matin, pour les trainer au lieu indiqué. ‘’Monsieur tout meeting’’ veut faire le maximum de bénéfice, puisque louer un bus neuf reviendra trop cher. Il faut bien qu’il s’achète enfin une parcelle ou un véhicule à sa taille. Le matin, très tôt, ils sont embarqués. Monsieur veille à ce qu’ils n’aient pas de soucis sur le tronçon. Une fois à destination, il s’arrange à les caser quelque part. La peine est moins grande si c’est dans une salle climatisée comme la salle rouge du Palais des congrès. Ailleurs, comme le Stade Mathieu Kérékou ou Charles de Gaulle, c’est la grillade. Exposé au soleil, de midi au soir, ces hommes et femmes avec enfants souffrent le martyre pour n’avoir que des miettes. Réussir à avoir deux billets de mille francs, est un exploit. Même si le candidat est animé de bonne foi et a haussé la mise, l’avidité de Monsieur meeting déprime la foule. Comme la misère chauffe les foyers et vide jarre et grenier, ces hommes et femmes ne voient pas la grande peine qu’on vient de leur faire subir. Au contact des billets de banque usés, ils jubilent, car ceci les délivre de la hantise de la pitance de la soirée. Du coup, chaque acteur se trouve dans une position anormale. Candidats et électorat s’usent et s’abusent mutuellement. C’est devenu pratiquement un mal culturel. Mais la bonne information, c’est le soir du scrutin. On a souvent eu des candidats désillusionnés qui se sont retrouvés sur des lits d’hôpitaux le jour des résultats et d’autres qui ont jubilé. La foule est trompeuse.

AT
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