S’il y a quelque chose qui hante actuellement les esprits ou qui fait peur à beaucoup de Béninois, C’est le KO dont certains candidats et leurs supporters se vantent de réaliser bientôt et au terme du scrutin du 28 février prochain. On en parle partout au point où on se demande s’il y a lieu encore d’aller voter. Puisque ceux qui annoncent le KO avant même la tenue du scrutin, le disent avec force et conviction. C’est vrai que celui de la présidentielle de 2011 qui a permis la réélection du Président Boni Yayi, continue de susciter des critiques, des dénonciations et la polémique. Mais tout ce qui se passe actuellement vient en rajouter à la suspicion et les accusations de fraudes qui perdurent.
C’est la coalition Prd, Rb et Fcbe soutenant le candidat Lionel Zinsou qui a commencé par annoncer le KO. Et d’autres, leurs adversaires ont répliqué en les mettant au défi de le faire, en les accusant même de vouloir user de fraudes lors de l’élection du 28 février. Quelques temps après, les autres candidats, hommes d’affaires et politiques se sont eux-aussi mêlés à la danse, en jurant lors de leurs sorties qu’ils réaliseront le K0 au premier tour de cette élection. Mais beaucoup d’observateurs se demandent par quelle manière ou comment ceux-là peuvent-ils réaliser le KO dans le contexte actuel où le Bénin présente 35 candidats à la présidentielle avec des suffrages émiettés qui ne permettront pas à un seul candidat de tout rafler pour s’imposer en maître. C’est vrai qu’il y a des favoris qui ont des acquis en matière d’électorat et qui peuvent franchir le cap. C’est aussi vrai que quelqu’un peut réaliser le KO s’il arrivait vraiment à mobiliser une large majorité d’électeurs et créait la surprise là où on l’attend peut-être le moins. Mais la tâche ne sera pas aisée. Les forces actuellement en présence sont à la taille de l’évènement, elles s’équilibrent à des niveaux donnés et on pourrait sans surprise attendre que le prochain Président de la République soit élu parmi les cinq candidats favoris qui règnent actuellement en maître ou qui s’imposent sur le terrain lors de la précampagne électorale qui s’achève. Quand ceux-là parlent de K0, on peut les comprendre. Pourvu que cela se réalise dans la transparence pour éviter les contestations et les troubles ou soulèvements aux conséquences fâcheuses pour le Bénin. C’est là où ceux qui ont peur de ce KO annoncé à grands bruits, ont raison. N’y a-t-il pas des manœuvres souterraines ou des plans en préparation pour voler à ceux qui le méritent, leur victoire ? Certains, la main sur le cœur, jurent qu’ils ne se laisseront pas faire. La suite fixera chacun sur le bien ou le mal à retenir de cette élection.
Le KO, on en rit davantage lorsqu’on se rend compte que c’est tous les candidats qui disent qu’ils vont le réaliser au premier tour. Quelle est cette plaisanterie ? Même ceux qui sont conscients qu’ils ne voient pas plus loin que leur bout de nez et qui savent qu’ils vont en tourisme ou en aventure disent qu’ils feront KO. KO sans électeurs, sans base électorale et sans moyens ? Le ridicule ne tue pas. Et comme le Bénin ne cesse d’étonner le monde, peut-être qu’il étonnera encore cette fois-ci en faisant élire un touriste ou un navigateur à vue qui passera le temps du quinquennat à improviser et à chercher des repaires. Non ! Les Béninois, les électeurs cherchent un idéal. Ils attendent mieux et ne prendront pas le risque d’un tel choix suicidaire pour la République.
Euloge R.GANDAHO/Le Grand Matin