L’ancienne première dame du Bénin et fondatrice de la Renaissance du Bénin Rosine Vieyra Soglo, député à l’Assemblée nationale, garde un amer goût de la gouvernance dans son pays. Pour elle, les Béninois doivent se mettre au travail pour redresser la pente. En cette veille de l’élection présidentielle, elle en profite pour exhorter le peuple à choisir librement son président.
La Nation : Quelle appréciation pouvez-vous faire aujourd’hui de l’état de la gouvernance en Afrique et particulièrement au Bénin ?
Rosine Vieyra Soglo : Je ne saurais parler de gouvernance au Bénin depuis bientôt 25 ans à part le bref séjour du président Nicéphore Dieudonné Soglo à la tête du pays qui avait amené au moins un espoir au peuple. Regardez vous-même l’état dans lequel se trouve le Bénin ! Etes-vous content de votre pays, de sa gouvernance ? Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle, à des moments donnés, pour dénoncer ce qui ne va pas. Quand je pense que chez moi au Bénin on mange à peine une seule fois par jour, cela me révolte. C’est inconcevable pour un pays à fortes potentialités agricoles. A cette allure, les Africains risquent de manger leurs porte-plume. Quand nous ne sommes pas capables de fabriquer et exportons tout, de quelle gouvernance pouvons-nous parler ?
A cela s’ajoute la corruption, une véritable gangrène pour nos Etats. Parlant de l’état de ce phénomène, le Bénin évolue à reculons. Rappelez-vous les milliards des Pays-Bas pour l’approvisionnement en eau potable des populations rurales. Pour qui connaît les Pays-Bas, ils sont arrivés à ce stade de développement grâce à leur travail acharné. Or, nous nous vantons quartier latin de l’Afrique, mais où en sommes-nous sur le plan de l’éducation ? Où en sont aujourd’hui les enfants de pauvres en la matière? Nous avons eu une école nouvelle grâce à feu président Mathieu Kérékou. Mais là aussi, tout n’était pas fameux. Nous sommes sur la ligne rouge actuellement, loin derrière les autres pays africains. Et ce niveau de sous-développement, nous le devons à nos dirigeants qui se suivent en enfonçant davantage le clou.
Vous aviez été aussi dans le feu de l’action, Rosine Vieyra Soglo
Moi, je n’ai plus d’autres expériences à prouver. J’ai bientôt 82 ans et je suis persuadée d’avoir fait le maximum pour mon pays en aidant les femmes, les bébés triplés à travers la Fondation Vidolé….Même si les résultats sont mitigés, je ne regrette rien de mes œuvres. J’ai fait tout ce qu’il fallait, mais je m’en vais triste à en mourir. Heureusement, je me rends compte que Dieu sait ce qu’il fait. Il m’a rendue aveugle. A partir du moment où j’ai perdu ma vision, mes efforts n’ont plus aucune importance. Mais la foi soulève les montagnes, dit-on.
Nous sommes à la veille de l’élection présidentielle au Bénin. Quels sont vos souhaits pour ce scrutin ?
Je souhaite de tout mon cœur que l’élection présidentielle se déroule dans la tranquillité, sans sang, ni ruine en sollicitant au passage l’apport inestimable des journalistes. Je voudrais demander à tout le peuple de choisir le meilleur des candidats qui pourra remettre le pays sur les rails et garantir à tous un lendemain meilleur. Que le choix soit minutieux et bien pensé. Qu’aucun Béninois ou Béninoise n’aille élire un candidat qu’il ne connaît pas, parce qu’on le lui a imposé¦
Maryse ASSOGBADJO