Aller en rang dispersé pour empêcher le KO. Voilà schématisé la logique dans laquelle s’inscrit désormais l’Union fait la Nation. Ainsi, l’incapacité des dirigeants d’accorder leurs violons sur le choix d’un candidat unique se justifierait par le besoin de tout faire pour empêcher que le candidat du régime en place gagne au 1er tour le scrutin du 28 février prochain. Et c’est Bruno Amoussou lui-même qui, lors de l’émission télévisée du mardi 02 février, affirme que c’est la stratégie trouvée pour empêcher le KO. Curieuse option qui va à l’encontre de la logique de grands regroupements qui a donné naissance à l’Un.
Si l’union ne fait plus la force, comment elle pourrait alors faire le Nation ? A entendre les explications du président Bruno Amoussou, c’est à croire que le regroupement des grands partis politiques au sein de l’Union fait la Nation (Un) pour soutenir Maître Adrien Houngbédji en 2011, a dressé le lit au KO. Cette interprétation, outre le fait qu’elle soit une reconnaissance implicite de la victoire de Boni Yayi au premier tour de la présidentielle de 2011, est à l’antipode de la volonté du peuple d’aller vers les grands ensembles. Bruno Amoussou encouragerait-il donc la pléthore de candidatures à la présidentielle du 28 février ? La consigne de tous sauf Zinsou, parce que ce dernier serait le seul à incarner la continuité du système Yayi, est une façon d’encourager la multiplicité de candidatures à l’élection présidentielle. Sur les 36 candidats retenus par la Cour constitutionnelle, Bruno Amoussou invite les militants à accorder leurs suffrages à ceux d’entre eux qui incarnent la rupture. Ce qui revient à dire que les militants de l’Un ont le choix entre les 35 autres candidats, l’essentiel étant de ne pas voter pour celui désigné par le régime sortant. Il est possible que la logique soit pertinente. On ne peut en tirer les conclusions qu’au soir du 28 février. Seulement, c’est comme si la charpente qui a servi à construire l’alliance Un s’est effondrée comme un château de cartes face aux enjeux de la présidentielle de 2016. Alors que l’Union, vaille que vaille, réussissait à se maintenir après le départ du Prd et de la Rb, on assiste à un plongeon dans le passé. L’Un semble renouer avec les travers du multipartisme intégral. Pour Bruno Amoussou, l’essentiel pour l’instant est d’éviter le KO. On peut assister par la suite à un regroupement des forces qui incarnent la rupture au second tour contre le candidat de la coalition Fcbe-Prd-Rb. Alors que, de tout temps, Bruno Amoussou et ses pairs ont fait croire que l’union fait la force, aujourd’hui, ils pensent qu’aller en rang dispersé peut constituer aussi une force ne serait-ce que pour passer le cap du 1er tour. Ainsi la logique de grands ensembles est battue en brèche. 2016 n’a pas fini de livrer tous ses enseignements.
MM