Dans une récente publication dans la presse, Mme Reckya Madougou a dénoncé une «complicité entre Yayi et Lionel Zinsou» au sujet de l’utilisation des moyens de l’Etat au profit de la campagne électorale du candidat du pouvoir en place. Elle appelle par la même occasion à la démission du Premier ministre. Seulement que jusqu’ici, le duo au sommet de l’Etat semble ne rien entendre de ce qui se dit par l’ancienne Garde des sceaux, le Clergé et d’autres organisations.
C’est malgré elle que l’ancien ministre de Yayi a décidé de se prononcer sur l’actualité politique nationale, notamment en cette période de précampagne électorale. Et si Réckya Madougou est obligée de sortir de sa réserve, c’est pour dénoncer un certain nombre de faits dont abusent Yayi et son candidat Lionel Zinsou. Ainsi, au sujet de «l’utilisation des moyens de l’Etat au profit de la campagne électorale du candidat Zinsou», elle écrit : «La Cour constitutionnelle a rendu publique la liste des candidats à l’élection présidentielle de février 2016. A cet effet, s’il est loisible de constater la pléthore de candidatures, dont certaines resteront minablement anecdotiques et sans égard pour l’image de la République, il est tout aussi aisé de relever que, pour la première fois de notre histoire, le chef de l’Etat sortant a son candidat qu’il soutient très officiellement. Une démarche qui induit, hélas, une fâcheuse tendance à se servir des moyens de l’État pour faire campagne, faussant ainsi le jeu démocratique qui impose l’équité. D’autant que ce mélange des genres s’illustre notamment par une confusion voulue et entretenue entre les fonctions de premier ministre et les activités propagandistes du candidat. Est-il besoin de rappeler que ce chevauchement des rôles a provoqué la perte d’un hélicoptère à notre pays? Est-il utile d’indiquer que le Chef de l’Etat en personne, institution de la République, sillonne le pays et bat campagne pour son candidat? J’avais pris sur moi d’en discuter avec le Président Boni Yayi et il m’a assurée de ce qu’il loue à ses propres frais l’hélicoptère le transportant aux fins de promouvoir son dauphin désigné. Cependant, les cortèges de ministres et cadres de l’administration publique tenus d’être présents à tous ses déplacements officiels s’y rendent pour la plupart avec le matériel roulant du garage central de notre pays, pour n’évoquer que cet aspect.On ne le dira jamais assez, tous ces agissements violent les dispositions des articles 62 et suivants du code électoral. Mais il semble que tous nos cris à cet effet restent inaudibles. C’est alors qu’elle appelle le Premier ministre à démissionner afin que le jeu soit équitable.
Lionel Zinsou appelé à démissionner
« …Malencontreusement, cette remarquable personnalité qui s’enlise dans les conflits d’intérêts et le non-respect de nos textes, voire de notre fierté. Le voilà profitant de la déchéance morale ambiante pour s’offrir, lui aussi, avec les moyens colossaux que tout le monde sait, les partis politiques établis et respectés, ainsi que des personnalités auparavant respectées.Par respect pour les Béninois que nous sommes et qu’il aspire à diriger, j’exige de monsieur Zinsou, et ce, en tant que citoyen et contribuable, 1- qu’il démissionne sans délai de son poste de premier ministre afin que le jeu soit équitable pour tous les candidats et pour sauver son honneur, ce qui nous démontrera son attachement à la promotion d’une gouvernance de qualité;2- qu’il restaure sa/notre fierté de Béninois en faisant rectifier sur la chaîne de télévision française TFI, cette infamante affirmation dans un élément diffusé à sa gloire: «c’est le seul Français à la tête d’un état africain»; la double nationalité n’autorise pas un tel mépris pour les compétences béninoises;3- qu’il rétablisse la vérité en France et de façon honnête en corrigeant cette bourde qui lui a fait annoncer à des assises de l’Ump que «l’Afrique appartient à l’Europe qui l’ignore» et qu’il présente des excuses publiques à l’endroit de l’Afrique toute entière pour un tel dénie de sa douloureuse histoire». Par la même occasion, elle fustige les déclarations du président du Cos-Lépi, l’honorable Augustin Ahouanvoébla qui disait qu’il ne souhaitait pas qu’il y a un seconde tour pour la présidentielle. « …Alors même que la loi lui interdit d’avoir à émettre une opinion partisane sur les élections, le président du Cos-Lépi, dont le parti s’est d’ailleurs associé à la candidature du premier ministre, s’est autorisé, en dépit de la réserve à laquelle il est astreint, à annoncer un hypothétique «K.O» au profit de celui-ci. En l’espèce, il convient de fustiger fermement une telle déclaration et inviter les instances de régulation des élections à prendre en amont leurs responsabilités, afin d’éviter de tels écarts qui sont de nature à rendre précaire la tolérance et la paix dans notre pays, en ce qu’ils présentent de sérieux motifs d’embrasement d’une atmosphère déjà très clivante, au demeurant, exaspérante». En dehors de Mme Réckya Madougou, le président Détchénou du Front Citoyen, le Clergé et autres demandent la démission de Lionel Zinsou de son poste. Mais c’est tout comme si Yayi et son Premier ministre n’entendent rien de cela.