Le chef de l'État a brouillé les cartes en désignant un dauphin que personne n'attendait, son Premier ministre, Lionel Zinsou. Et à moins d'un mois du scrutin, il est plus actif que jamais.
Le 12 décembre, sous un soleil de plomb, les plus hautes personnalités de l’État, du monde des affaires et des médias se sont rassemblées dans le stade de Natitingou (nord-ouest du pays) pour rendre un dernier hommage à Mathieu Kérékou, décédé deux mois plus tôt. Le président togolais, Faure Gnassingbé, dont le père considérait l’ancien chef de l’État béninois comme son frère, a tenu à être présent. La tribune et les gradins sont bondés, la piste autour du terrain également. Le temps semble s’être arrêté. Jusqu’à ce que le président, Thomas Boni Yayi, s’avance derrière le pupitre pour clore la longue cérémonie. Au moment d’achever son discours, il lève les yeux de son texte, se courbe légèrement, sourit et improvise. « Mon général, toi tu es resté vingt-sept ans au pouvoir, moi ça en fera seulement dix dans quelques semaines. Et je compte les jours ! » La foule glousse.
Comme il l’assure depuis des mois, respectueux de la limitation du nombre de mandats inscrite dans la Constitution, celui qui succéda à Mathieu Kérékou en 2006 ne se présente pas à la présidentielle de février et prépare sa sortie. Arrivé sans étiquette et presque par hasard dans la vie politique béninoise, l’ancien fonctionnaire international aura dirigé le pays pendant dix ans. Deux quinquennats au cours desquels cet homme atypique, excentrique et lunatique s’est voulu tantôt bâtisseur, tantôt refondateur, et a beaucoup promis. Six mois après sa réélection, en septembre 2011, il évoquait son second mandat lors d’un discours devant les notables de Parakou et déclarait avec une pointe d’humour : « Je vais donc terminer la veste que j’ai commencé de coudre au peuple béninois en 2006. » L’a-t-il convenablement rhabillé ?
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