Face à l’indisponibilité des cartes d’électeurs, les acteurs et institutions impliqués dans le processus électoral ont échangé hier à la Commission électorale Nationale autonome pour définir des alternatives. Au bout de 3 heures de chaudes discussions, le report a été accepté de tous.
C’est désormais clair, la présidentielle ne pourra se tenir le 28 février 2016. Du moins, en attendant la décision de la Cour Constitutionnelle qui pourrait intervenir dans les prochaines heures et un nouveau décret de convocation du corps électoral. C’est l’essentiel à retenir de la concertation entre le comité de suivi des activités du Cos-Lépi et de la Céna avec les candidats. En effet, prévues pour être disponibles au plus tard le 10 février 2016, la majorité des 4 millions de cartes d’électeurs sont toujours en cours d’impression. Selon le Président du Cos-Lépi Augustin Ahouanvoébla, 500.000 cartes sont désormais produites par jour et à ce rythme, la dernière carte sera imprimée le 15 février prochain. Dans cet imbroglio, selon le Président de la Céna, Emmanuel Tiando, il fallait bien trouver une porte de sortie pour éviter l’impasse. Le report est alors devenu la solution à portée de main. Cependant, il y a bien des préalables à remplir pour se conformer au code électoral, notamment en son article 49 « Tout report de la date des élections est interdit. En cas de force majeure, le report de date ne peut être fait qu’après une consultation de toutes les forces politiques engagées dans l’élection concernée ». D’où la nécessité du quitus des candidats.
Les candidats se vident, puis cèdent
Après une concertation entre les candidats de la coalition de la rupture élargie à Daniel Edah qui se réclame de la « rupture profonde », les candidats finissent par adopter le report. « Nous nous sommes mis d’accord que le scrutin ne peut plus se tenir le 28 février. Tant que les électeurs n’ont pas de cartes, nous ne pourrions pas aller aux élections », déclare à l’assistance le député Sacca Lafia, porte-parole des candidats. Une déclaration qui vient soulager plus d’un après les frustrations dont les candidats ont fait à l’endroit du Président du Cos Lépi. En effet, les candidats dénoncent le cafouillage en cours. Aké Natondé ouvre le bal en proposant carrément qu’on fasse recours aux anciennes cartes avec des mesures préventives. Sacca Lafia se querelle quelques instants avec son successeur au Cos Lépi, qu’il accuse de cautionner l’opacité. Daniel Edah en rajoute : « nous nous amusons avec le présent et l’avenir de notre pays. Et tout ceci, c’est pour nous divertir ».Puis beaucoup d’autres comme Nazaire Dossa, représentant de Ajavon se vident de leurs frustrations : « on sent un forfait en préparation. Le peuple ne peut plus tolérer certaines choses ». « Nous assistons à une mascarade. Il faut qu’on arrête de se foutre du peuple » déplore, Gatien Houngbédji. Mais, on n’ira pas plus loin que la colère transmise dans les interventions. Le Président du Conseil Economique et Social, Augustin Tabè Gbian, celui de la Céna, et le Vice-Premier ministre François Abiola rassurent que tout rentrera dans l’ordre. Augustin Ahouanvoebla promet à nouveau que les cartes seront disponibles le 15 février prochain.
Quid de l’option des anciennes cartes d’électeurs ?
La proposition émane de Aké Natondé. : « Je suggère que nous allions aux élections avec les anciennes cartes et que les représentants des candidats ne soient plus passifs dans les bureaux de vote. Avec la lecture des noms des électeurs au moment du vote, on pourra identifier les vrais électeurs ». Mais, cette option sera très tôt rejetée par certains candidats ou représentants de candidats. La fiabilité des dites cartes, le fait que plus d’un million d’électeurs n’en avaient pas reçu aux dernières élections et la confusion que cela pourrait créer sur le terrain ont eu raison de la proposition. Et même si le candidat de la coalition « le Chemin du Bénin » n’a pas participé à la concertation entre les candidats de la coalition de la rupture, la proposition sera tout de même examinée et mentionnée dans la déclaration finale. « Si le 15 février, toutes les cartes sont produites et acheminées dans tous les départements, l’option de la nouvelle carte sera prise définitivement. Mais avant cela, les deux options sont en vigueur. Tout citoyen qui détiendrait l’une des cartes pourrait se rendre au scrutin si à cette date, toutes les cartes n’étaient pas éditées », a précisé Sacca Lafia. Un comité est attendu dans les locaux du Cos Lépi dans les prochains jours pour constater l’impression.
Fulbert ADJIMEHOSSOU (Coll.)