Historique, la date du 28 février l’est pour avoir clôturé, en 1990, la Conférence des Force vives de la Nation qui vit la fin de l’arbitraire. Grande, elle l’est en cette année 2016, parce que, quoiqu’en vain, nous aurons tendu vers elle de tout notre désir en vue de l’élection présidentielle prévue pour se dérouler en cette date mémorable, qui eût signé notre envol vers un meilleur possible ou notre plongée dans un cauchemar longue-durée.
Au demeurant, le 28 février 2016 n’aurait pas vu se réaliser le cauchemar de l’oracle-intox local. On a lu en effet que ‘‘le FA confirme le KO de Untel’’ tombé de France. Moins mythique et plus mathématique, l’intox prédit : ‘‘Ce sera 60% au soir du 28 février pour que le KO soit écrasant.’’ Celui de 2011 aurait donc été poussif, volé et lamentable. Ravageur, celui du 28 février 2016 aurait jeté le peuple ventre à terre, ne lui laissant que la possibilité de soulever péniblement la tête pour regarder à la sauvette son long tombeur tombé lui-même de France par la cheminée de quelque Grande Fratrie. Car, au dire de l’oracle-intox, les Béninois auraient hissé á leur tête dès le 28 février 2016 (il n’était pas encore question de report) le ‘‘commerçant de l’argent’’, selon Bruno Amoussou, lequel commerçant a été déjà consacré par TF1 comme ‘‘le seul Français à la tête d’un Etat africain’’, lequel commerçant avait informé les affidés de Sarkozy que ‘‘l’Afrique appartient à l’Europe qui l’ignore’’.
Les Béninois auraient dressé un fauteuil à ce commerçant à qui ses compatriotes français ont refusé jusqu’à un tabouret de sous-secrétaire d’Etat, lui préférant mille fois la noire Franco-Sénégalaise Rama Yade. Aux Béninois dès lors d’offrir au blanc Franco-Béninois un destin politique, voire un destin tout court. Eh bien, non ! N’étant pas pires que les Français, les Béninois ne feront pas ‘‘ça’’. On voudrait le leur imposer à l’aide d’urnes bourrées, qui rendent d’ores et déjà l’oracle-intox sûr de soi. Mais les urnes truquées et les ordinateurs trafiqués ne seront pas béninois, ni en ce jour sacré du 28 février, ni le 6 mars 2016. Le déshonneur du cauchemar longue-durée tombé de France n’a pas d’assurance au Bénin.
Or donc, l’élection présidentielle se déplace à présent du 28 février au 6 mars 2016, et ce, pour des raisons sans lien avec celui qui se cherche un destin. Quinze jours avant le 28 février, tous les électeurs potentiels n’auraient pas eu leur nouvelle carte d’électeur. Et s’ils ne l’ont pas tous pour le 6 mars, ils pourraient se servir de l’ancienne, concède la Cour Constitutionnelle. Et si malgré report et concession, les ratés sont légion, imbroglio entre cartes anciennes et nouvelles, très nombreux électeurs privés de vote ? Frustration. Colère. Les frustrés perçoivent que, forts de leur absence dans les isoloirs, ceux de l’oracle-intox mettront KO-chaos le peuple béninois qui n’aspire qu’à la paix. Et si la révolte qui s’ensuit se fait si ample que le scrutin est irrecevable sur l’ensemble du territoire ? Et si… Et si… Ô Dieu !
En cette fin de la première quinzaine de février 2016, serions-nous à la veille de la ‘‘transition’’ souhaitée ou des ‘‘Etats Généraux’’ exigés ? Que peut un 6 mars contre notre passion pour la malhonnêteté ? Rien ! Il faut respecter les textes de la République pour ne pas ’’arriver au pouvoir dans un bain de sang’’, selon le mot terrible du prof. Antoine Détchénou. La date historique (manquée) du 28 février nous invite à la grandeur. Dans sa dernière adresse aux Français, François Mitterrand disait à ses compatriotes : ‘‘Je crois aux forces de l’Esprit.’’ Ces forces nous auront inspiré d’entourer le 6 mars de l’aura du 28 février. A la lumière de cette date anniversaire hautement symbolique, chaque Béninois se doit à nouveau de ‘‘vaincre la fatalité’’, selon le mot engageant du prof. Albert Tévoédjrê, chaque Béninois se doit d’abandonner son moi sur le bel autel de la Grandeur de la Nation béninoise qui s’enfante, s’enchante, et s’en va chanter ‘‘Enfants du Bénin, debout !’’