Le Premier ministre-candidat, était jeudi soir sur les petits écrans. Une évidence se dégage de cet entretien télévisé : l’ancienne plume de Laurent Fabius, a fait d’immenses progrès sous le chaud soleil des tropiques…
En meeting politique la semaine dernière dans la vallée de l’Ouémé, Lionel Zinsou proclame haut et fort, qu’une de ses ambitions, est de faire en sorte que cette région ne fasse plus jamais de l’opposition. Car à ses dires, ce choix ne favorise pas le développement ! Autrement dit, l’opposition même dans un système démocratique, est incompatible avec le progrès. Les communes aux mains de l’opposition, n’ont droit ni à l’eau ni à l’électricité. Encore moins aux écoles et aux centres de santé. Cette conception plutôt absurde du multipartisme, était déjà celle du mentor de Lionel Zinsou. Lui qui abhorrait si tant, la « démocratie Nescafé » et prônait en lieu et place, la « dictature du développement ».L’élève Lionel Zinsou a fait du progrès, et comment ! Ceux qui le « vendent » donc comme un génie n’ont pas tout à fait tort. Tel un caméléon (pas l’autre), cet homme sait prendre rapidement la couleur adaptée. Mais revenons sur quelques points, de son entretien télévisé du jeudi dernier…
Echec et mat
En effet, l’objectif annoncé de l’émission, c’était bel et bien le bilan du Premier ministre, neuf mois après. Malheureusement, on a eu droit à tout, sauf à un bilan.La vérité est que celui-ci est presque nul.Pour mémoire, rappelons que le premier ministre propulsé aux devants de la scène, un certain 18 Juin 2015, avait promis monts et merveilles, dès sa prise de fonction. Evidemment, au regard de son profil et de son parcours dans l’hexagone, la presse internationale avait pour lui, des yeux de Chimène. D’ailleurs, c’est à l’agence Ecofin, qu’il fît cette mémorable profession de foi : « la seule chose que nous devons faire, c’est d’apporter la… méthode ; c’est d’apporter la preuve que c’est possible, et la méthode pour la faire. Et cette méthode,les gens voudront la répliquer, et je vois de très bons présidentiables qui continueront çà… » Le Premier ministre « tout nouveau tout beau », d’ajouter que « si on montre qu’on peut donner de l’électricité, l’eau, l’éducation…etc.,à des gens qui en sont privés en dix mois,les gens demanderont que çà continue ».Neuf mois après, les résultats sont là.Le « discours de la Méthode » version Zinsou, n’a été qu’une vaste plaisanterie. Il n’aura produit en neuf mois, ni eau,ni électricité.Tout au plus, il a permis de distribuer quelques lampes solaires à des fins électoralistes…Et le premier ministre désormais candidat d’affirmer candidement, qu’en « neuf mois,on ne peut faire grande chose… »Qui donc parlait de dix mois pour fournir eau,électricité,éducation et cerise sur le gâteau, une méthode prête à dupliquer ? On l’aura compris, ce curieux discours de la méthode était plutôt celui de l’imposture à tous crins.C.Q.F.D. La preuve, cet homme qui se savait en mission pour qui de droit, prétendait assez cyniquement que si sa fameuse méthode fonctionne, il voit « de très bons présidentiables » poursuivre son œuvre .Au fait le « présidentiable » en question, c’était lui. Et il doit aller au bout de sa mission. D’où cette volonté manifeste, de masquer son échec, par des déclamations sur son prétendu afro-optimisme.Il ne démissionnera pas de son poste de premier ministre clame-t-il,tant que celui l’a nommé ne s’en offusquera. Il continuera donc à user et à abuser des moyens de l’Etat à des fins électoralistes, n’en déplaise au professeur Albert Tévoèdjrè, et autres…Le disciple de Fabius s’est donc totalement acclimaté, et il se plaît bien avec nos bonnes mœurs, sous les tropiques… Oh soleil, soleil !
Démocratie tropicale
Parfaitement « bronzé », c’est derrière des lunettes de soleil qu’il contemple la justice de notre pays. Pour lui, «c’est le Président de la République qui est garant des institutions de la République,y compris la justice ».Ainsi, dans sa vision rendue opaque par ses ambitions, « le Chef de l’Etat peut s’opposer à l’exécution des décisions de justice, politiquement sensibles ».Ne lui demandez pas, si cette assertion est valable dans son grand pays qu’est la France.Il risque de vous répondre que « vérité au-delà des Tropiques, erreur en deçà ».Lionel Zinsou applaudit donc des « dix mains » son mentor Yayi, lorsque celui-ci, s’oppose à l’exécution des décisions de justice. C’est donc cela, la continuité qu’on nous propose !Le magistrat Michel Adjaka, n’a pas tort de s’indigner vivement, contre cette vision « tropicalisée » de l’institution judiciaire, et de demander par conséquent à Lionel Zinsou, de « préciser les contours de ce concept nuisible à la sécurité juridique et à la paix » C’est toujours au nom de cette vision tropicalisée à souhait, qu’il affirme qu’en cas de victoire, il n’engagera aucun audit, par rapport à la de gestion du gouvernement sortant.Entendez celui de Boni Yayi. Cela pourrait être assimilé à de la chasse aux sorcières.En digne héritier de la « sorcière »il ne voudrait point l’effaroucher. Sait-onjamais ? Aux béninois de retenir simplement, que Lionel Zinsou Président, point de reddition de compte. Les vols et pillages, les tripatouillages et concours frauduleux organisés sous Yayi, seront purement et simplement, passés par pertes et profits. Des évaporateurs des fonds destinés à fournir de l’eau potable aux populations, seront même décorés pour… service rendu à la Nation. Certains Zemidjans applaudiront peut-être ce programme du candidat Zinsou. Lui qui promet de pérenniser leur emploi précaire de « Zem », en les dotant d’un fonds de garantie et même d’une assurance tout risque. Quelques – uns parmi eux, iront même en Inde visiter les usines où se fabriquent leurs motos. Cela présente le double avantage, de leur permettre une fois dans leur vie, de prendre l’avion ! D’ailleurs le premier ministre qui a brillé de mille feux au Cop 21, promet de doter à terme les Zemidjan, de motos électriques. De quoi en faire, des « Zem écolo » quoi ! Le « Zem » est donc appelé à devenir un métier d’avenir, sous l’ère Zinsou. Vivement des centres de formations ! Surtout que celui qui parle est sérieux, très sérieux.Il revendique même son titre d’ancien « commerçant de conseils », et non d’argent comme l’avait affirmé Bruno Amoussou. Un commerçant de conseils, çà achète et revend des conseils, dans le but de faire des bénéfices. Aux béninois de retenir une fois pour toutes, que les conseilleurs ne sont pas les payeurs ! Et quand ils sont en plus commerçants, c’est la totale !
Wandji A.