Les populations de Hlazounto dans le 12e arrondissement de Cotonou ont bloqué la route Agla-Fidjrossè dans la matinée du lundi 15 février pour exiger que la distribution des cartes d’électeur démarre dans leur quartier. La gendarmerie a dû intervenir pour libérer la voie, mais les manifestants promettent d’autres actions pour forcer la distribution desdites cartes.
Des débris calcinés de pneus qui barricadent la route Agla-Fidjrossè, des poubelles renversées, des branchages de feuilles mortes qui jonchent la rue à hauteur de l’école primaire publique de Hlazounto dans le 12e. Ce sont là les indices de la manifestation de colère des populations de Hlazounto qui a eu lieu dans la matinée du lundi 15 février. Cette colère des manifestants qui a fini par s’exprimer est liée à la distribution des cartes d’électeur.
En effet, la distribution de ces cartes a commencé de façon effective dans le 12e arrondissement, samedi 13 février dernier. Mais à la grande surprise des populations du quartier Hlazounto, aucun de leurs neuf postes de vote n’a ouvert. Elles se sont renseignées avant de constater que la plupart des postes de vote des quartiers environnants ont ouvert, et des agents distributeurs de cartes d’électeur servent déjà les populations.Cette situation a généré du coup leurs mécontentements. Les jeunes ont alors mené des démarches envers les autorités locales en vue de connaître les raisons de cette distribution sélective.
La déclaration du chef quartier
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, est la déclaration de leur chef quartier. Hier lundi matin quand, en délégation, les jeunes ont une fois encore voulu savoir à quelle date la distribution va commencer dans leur quartier, il leur a servi une réponse qu’ils n’ont pas appréciée.
Selon Sylvestre G. chef de file des manifestants, le délégué leur aurait confié qu’il n’est pas associé au processus de distribution, et par conséquent ne sait quand les cartes seront disponibles. Il affirme que c’est cette explication peu convaincante de leur chef quartier qui les a poussés dans les rues. «Nous avons bloqué la route Agla-Fidjrossè tout simplement, pour exiger qu’on vienne nous distribuer nos cartes d’électeur. On va arrêter la distribution des cartes le même jour pour tout le monde, alors pourquoi depuis trois jours, on n’a pas commencé chez nous», se demande-t-il.
La voie bloquée a empêché les passagers de circuler pendant un long moment. C’est alors que la gendarmerie s’est déployée sur les lieux pour éteindre les pneus enflammés avant de libérer la voie qui s’anime aussitôt. Les populations disent ne pas comprendre cette différence de traitement alors que chaque citoyen a le même droit de vote.
Le conseiller local Roger Mikponhoué comprend les manifestants et n’apprécie pas cette façon peu efficace de distribution des cartes d’électeur. «Les populations ont raison. Elles ont le droit d’avoir à temps leurs cartes, nous-mêmes en tant qu’autorités locales, ne sommes pas associées à cette distribution de cartes, mais nous menons déjà les démarches pour que l’opération de distribution des cartes démarre au plus vite, sinon des choses graves peuvent se passer», conclut-il.
Les populations estiment que lors des dernières élections, ce quartier a voté massivement contre le régime en place et que c’est pour cette raison que le gouvernement retarde la distribution de leurs cartes¦
Fait surprenant
L’autre fait surprenant qui se déroule à un pas de là, est l’improvisation d’un poste de distribution des cartes d’électeur, où un seul agent est assis sur une petite chaise, sous un hangar au bord de la rue. Il est en train de distribuer des cartes d’électeur. Il est installé au bord de la rue devant l’école St Jaurès Credo. Envoyé par l’Agence nationale de Traitement il a avec lui des dizaines de cartes d’électeur et un registre dans lequel figurent environ 300 électeur. Michel Avodagbé reconnaît qu’il ne devrait pas être seul dans un poste de distribution de cartes d’électeur. «Je sais que ce n’est pas bon d’être seul avec des cartes d’électeur, mais si on m’a envoyé seul, que voulez-vous que je fasse?», lance-t-il. Il affirme qu’il va rester là pendant quinze jours et pense qu’il peut être rejoint par d’autres agents après.
Michel Avodagbé avoue qu’il y a environ 300 personnes inscrites dans son registre, avant de confier qu’il a déjà distribué plus de 200 cartes d’électeur alors qu’au cours de cette seule journée du lundi 15 février, il a seulement eu la visite d’une dizaine d’électeurs jusqu’à 12 heures 30 mn. Il refuse de laisser les journalistes consulter son registre. Alors la question que l’on est en droit de se poser, est de savoir si les 200 cartes déjà distribuées l’ont été en deux jours de travail. L’autre préoccupation est de savoir pourquoi le troisième jour, l’affluence a tant baissé pour qu’on soit à dix cartes distribuées jusqu’à midi trente.
L. A.