Non content de la présence des deux plus grands opérateurs économiques béninois dans la course à la présidentielle de mars prochain, Boni Yayi doit aussi faire avec de nombreux de ses hommes et femmes qui ont milité à ses côtés pendant des années. A vrai dire, ce sont ses anciens soutiens qui lui donnent le tournis sur le terrain.
Boni Yayi est débordé sur le champ de bataille de la présidentielle de mars 2016. Son tort aura été le choix de Lionel Zinsou comme «dauphin». Depuis ce choix, nombre de ses alliés d’hier, combattant de lutte depuis 2006, ont décidé d’aller vers des candidats concurrents. Mieux, sourds de toutes menaces, ils travaillent sur leur terrain respectif pour faire gagner leurs candidats. Même si elle a déjà rompu les amarres avec le régime du changement, l’honorable Claudine Prudencio peut se vanter d’être parmi les premiers hommes politiques à porter son choix sur l’un des candidats à la présidentielle : c’est-à-dire Sébastien Germain Ajavon. Dans le département de l’Atlantique surtout, elle se bat avec ses militants pour envoyer son candidat à la Marina le 6 avril prochain. Récemment, l’honorable Prudencio dit être l’objet de menaces mais indique qu’elle est déterminée à aller jusqu’au bout. Dans ce département, elle fait équipe avec son collègue Valentin Aditi Houdé. Toujours élu député dans la 6è circonscription électorale, le président de l’And entend maintenant donner l’estocade au régime en place en faisant gagner son candidat. Le 1er Questeur du bureau de l’Assemblée nationale peut compter sur l’ancien maire d’Abomey-Calavi, Patrice Hounsou-Guèdè, l’honorable Célestine Adjanohoun. D’une manière ou d’une autre, ils ont apporté un plus au régime Yayi. L’infidélité à Yayi est surtout criarde dans la partie septentrionale du pays. Surtout de la part des gens insoupçonnés. Dans le Borgou-Alibori, Rachidi Gbadamassi, contre toute attente, a tourné dos à son mentor et constitue depuis un casse-tête pour ce dernier. Son travail contre le candidat «dauphin» est remarquable à Parakou. Le «taureau » a réussi à entraîner dans son sillage d’autres caciques des Fcbe. Dans l’Atacora-Donga, on peut citer le député Fcbe, ex-ministre de l’agriculture, Sabaï Katé. Dans l’Ouémé, l’honorable Hélène Kèkè Aholou, la ministre Christine Houinsavi ont aussi quitté le navire «cauris». Le président Mathurin Coffi Nago dans le Mono-Couffo.
Koupaki, Talon s’en réjouissent
En dehors de la ministre Christine Hounsavi dans le Plateau, le candidat Pascal Irénée Koupaki profite bien du choix contesté de Yayi par certains Fcbe. C’est ainsi qu’il a récupéré d’ex ministres de Yayi, Désiré Adadja des Collines, Aplogan de l’Atlantique, Lambert Koty du Zou. Et la liste n’est pas exhaustive. On peut même ajouter à cette liste l’ex Médiateur de la République nommé par Yayi, le Pr Albert Tévoédjrè. Par vagues successives et massives, Patrice Talon est rejoint par des politiques et militants soutenant autrefois les actions du Chef de l’Etat. Sur le terrain, jeunes, femmes, maires, députés «cauris» ou assimilés se déclarent de plus en plus ouvertement pour le «candidat de la rupture». La ministre Mathys Adidjatou a pris fait et cause pour Talon. Que dire de l’honorable Candide Azannaï, ex ministre de Yayi ! Lui, son combat contre le régime en place a commencé depuis. L’honorable Sacca Lafia ne jure que pour le magna du coton béninois. Il y a peu, sur la toile, le ministre Modeste Kérékou a déclaré sa flamme pour le projet de société de Talon. Il était déjà présent au Novotel hôtel lors de la toute première présentation de ce projet de société, tout comme le ministre Galiou Soglo. On peut en citer d’autres qui ont servi sous le régime du changement mais voient en un autre candidat que celui de Yayi, le salut du Bénin. Bien sûr que le candidat Abdoulaye Bio Tchané rend aussi grâce à cause du choix de Lionel Zinsou par Yayi. Tout comme d’autres présidentiables.
Candidats contre Zinsou de Yayi
Même s’il y a des gens encore fidèles aux idéaux de Yayi, mais sont candidats ceci pour des raisons stratégiques, il y en a d’autres qui ont décidé de se lancer dans la course pour montrer qu’ils valent mieux que le candidat «dauphin». Sur cette liste d’anciens collaborateurs et militants de Yayi, on peut mettre les ministres Issifou Kogui N’Douro, Marcel de Souza, Karimou Chabi Sika et Aké Natondé. Leurs discours sur le terrain montrent clairement qu’ils ne sont pas prêts à «avaler» le choix de leur ancien mentor. Mieux que d’être candidats ou de se rallier à d’autres, ces ex de Boni Yayi «mouillent» le maillot comme on le dit pour que la victoire soit de leur côté. De côté, la ministre Réckya Madougou appelle vivement Lionel Zinsou à démissionner de son poste. Elle multiplie les actions pour ça. Dans tous les cas, ils sont plus que jamais déterminés à aller contre le Chef de l’Etat sur le terrain. Au point où débordé, des administrateurs et forces de l’ordre tentent d’étouffer la déferlante populaire qui s’observe autour des autres candidats concurrents à Lionel Zinsou. A une autre époque, on donnerait sa tête à couper pour ne pas y croire. Aujourd’hui, c’est bien le cas. Des hommes et femmes de Yayi ont effectivement quitté ce dernier pour d’autres. Le désamour est consommé. Mais les uns et les autres se donnent rendez-vous le 6 mars prochain.
Jean-Marie Sèdolo