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Election présidentielle : Quand l’argent fait la loi
Publié le jeudi 18 fevrier 2016  |  Le Matinal




La perception d’une élection n’a pas vraiment changé dans le subconscient collectif. C’est pratiquement la foire à l’abrutissement. Les enfants nantis et col blanc vont vers leurs parents sales des hameaux pour leur distribuer le trop plein en vue de recueillir en retour leurs suffrages. La méthode fait loi.


Rien n’est à prouver dans le fond. Les méthodes n’ont pas changé, les hommes à quelques nuances près, sont restés fidèles à la ligne. 2016 n’a rien de particulier à apporter quand on sait que les élections sous nos cieux, ce sont des valises et sacs de jute remplis de ‘’craquants’’, des tonnes d’affiches et des tours et détours interminables de soi-disant militants aux différents sièges de campagne des candidats. Les budgets de campagne donnent le tournis, les yeux des proches collaborateurs des candidats scintillent et ils inventent des tonnes de projets pour tirer leur beurre. La campagne électorale sous nos cieux est une industrie et le peuple affamé depuis 5, voire 10 ans, ne se fait pas prier à cette grande messe de générosité. La ‘’canicule’’ chauffe les foyers, le minimum se fait rare au point où 1000 FCfa est devenu une fortune. Dans une atmosphère pareille où le peuple, dépité, a souffert le martyre, cette période se révèle être une grande bouffée. Sans suer, il obtient 2000, voir 5000 un peu comme sur un plateau d’or. On lui donne gratuitement sans vraiment rien exiger en retour. Sinon sa voix, qui d’ailleurs n’est pas assurée. Cet argent qui était pour lui, une ‘’fortune’’ est désormais à sa portée. S’il est dynamique, il peut être sur deux ou trois activités par jour. Le compte au soir de la journée lui permet tout au moins d’assurer au moins 4 à 5 jours de repas régulier pour les siens. Mais, pour faire partir de ces équipes, c’est un autre calvaire. Il faut intégrer un réseau fort de gens extraordinairement roublards. C’est une jungle et il faut avoir le mental fort pour s’en sortir gagnant. Au sein de la masse, le jeu n’est pas simple. Au niveau des équipes de campagne, il l’est moins. La plupart suivent les candidats non pas vraiment par conviction, mais pour ce qu’on sait. Ceux qui affluent le plus, ce sont ceux qui pensent qu’à la fin du scrutin, ils pourront changer leur statut. Du coup, on retrouve des professionnels de campagne. Des hommes et femmes qui n’ont de boulot qu’haranguer les foules et mobiliser les gens. L’argent fait même changer de nature à certains qu’on croyait ‘’un tout petit peu’’ vertueux. De fortes sommes, souvent non comptabilisées, sont déversées dans le public pour en retour obtenir le suffrage. L’argent est en fin de compte le moteur et l’âme même de la campagne électorale. La nouveauté cette fois-ci, ce sont les déclarations de soutien. Tout porte à croire que leurs auteurs en font un fond de commerce.

Ce n’est pas gratuit et justement, ceux-là n’ont pas fait vœu de pauvreté. Chez certains partenaires, on encaisse avant d’appeler la télévision. Ceux-là mêmes qui n’ont jamais rêvé un jour intervenir à la télévision s’offrent cette grâce du candidat pour vociférer devant les caméras, dans un français approximatif. Le Béninois est ingénieux quand il s’agit de chercher l’argent. Et donc, l’argent devient l’élément moteur. Il est le facteur déterminant du jeu électoral. On dirait même qu’il change les personnages. Dans ce contexte marqué par la prédominance du billet de banque, peut-on oser évoquer la vertu sans craindre le lynchage ? Si celui qui distribue ne s’en plaint pas et que celui qui reçoit le perçoit comme un droit, évoquer une quelconque conscience pourra irriter plus d’uns. Nous sommes au cœur de l’innommable, le siège de la cupidité et de l’achat de conscience. Les uns achètent 5 ans, les autres mangent 5 ans.

Abdourhamane Touré
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