Sept candidatures de fils du terroir pour les départements du Borgou Alibori. De mémoire de Béninois, c’est une première. Le 6 mars prochain, sur le bulletin unique, il y aura 33 candidats. Mais, entre Issa Salifou, Arifari Bako, Issa Azizou, le Général Robert Gbian, Saliou Youssao Aboudou, Issifou Kogui N’Douro et Karimou Chabi Sika la lutte sera acharnée pour le gain des suffrages des électeurs du septentrion. Et en dehors de ceux-ci, Lionel Zinsou, le candidat de la coalition Fcbe-Prd-Rb et dauphin désigné du chef de l’Etat, Boni Yayi aura maille à partir avec les hommes d’affaires, Patrice Talon et Sébastien Ajavon qui ont leur mot à dire dans cette grande bataille pour le contrôle du grand grenier à voix qu’est le Borgou-Alibori.
Né à Karimama dans le département de l’Alibori riche des candidatures de fils de terroir, Nassirou Arifari Bako ne va pas de se laisser abattre sur sa terre natale. Abandonnant la barque cauris, l’ancien ministre des affaires étrangères a décidé de jouer son avenir politique dans cette course à la succession de Boni Yayi. Certes, la bataille sera épique dans la 1ère circonscription électorale, mais Bako a déjà prouvé qu’il a la peau dure. C’est un animal politique très rusé, qui ne lésine pas sur ses recettes sociologiques pour tirer son épingle du jeu, dans cette jungle politique très disputée. Les Béninois ont d’ailleurs découvert ‘’la malice’’ de cet homme de grande culture, à l’occasion de la réalisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Au milieu de la guéguerre autour de l’élaboration de cet outil électoral hautement sensible, Bako n’a pas fléchi. Il a réussi à conduire le processus de bout en bout malgré les couacs. Comme le dirait l’autre, c’est un lutteur et un fin stratège. Alors qu’il conduisait de main de maître, le ministère des affaires étrangères au lendemain de la présidentielle de 2011, il s’est répandu, telle une traînée de poudre, une rumeur selon laquelle il serait le dauphin du Chef de l’Etat. Il y a peut-être cru un moment. Candidat malheureux aux élections primaires au sein des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), formation politique du Chef de l’Etat, Bako a décidé de prendre son destin en main. Il a rompu les amarres avec ses amis d’hier et s’est lancé dans la course pour la présidentielle. Elu député de la 5e législature à l’issue des législatives de 2007 sur la liste Espoir, il a siégé pour le compte de la 6e législature en 2010 avec la liste Amana dont il est le fondateur, avant de se faire élire sur la liste Fcbe en 2015 pour la 7e législature. Et, ce n’est nullement par faveur que l’homme a été désigné coordonnateur national de l’alliance G13 qui avait fait feu de tout bois à l’hémicycle. Ainsi, depuis une dizaine d’années, Arifari Bako est resté un acteur politique très actif dans son fief. Et la présidentielle de 2016 pourrait sonner l’heure de la maturité chez l’homme.
Kandi est aussi dans la course pour la présidentielle. L’un de ses fils aspire à siéger au Palais de la Marina au soir du 6 avril 2016. L’ancien collaborateur du Chef de l’Etat, Issa Azizou s’est lancé dans la bataille pour le fauteuil présidentiel. L’ex ministre de l’agriculture a choisi aller au front, plutôt que de soutenir, en tout cas pour le moment, la candidature du porte flambeau des Fcbe. Le ministre Azizou a-t-il des chances de marquer des points dans cette bataille ? Une chose est sûre, l’homme part avec l’avantage de fils du terroir. Il a déjà réussi à se faire élire plus d’une fois pour siéger à l’hémicycle. Député à la 6e législature, il est actuellement le suppléant de l’ancien directeur de la Sonapra, Idrissou Bako. C’est dire que l’homme n’est pas un novice en la matière et saura sans doute quadriller la commune de Kandi. Mais rien n’est gagné d’avance dans cette circonscription électorale très partagée. Issa Azizou doit beaucoup travailler pour ne pas se faire surprendre sur sa terre natale.
Sans aucun doute, le député candidat Issa Salifou a une longueur d’avance sur ses adversaires dans la bataille de Malanville. Le Président de l’Union pour la Relève (Upr) dispose d’une assise confortable dans cette commune qui a vu pousser ses premières racines politiques. Celui que ses sympathisants appellent « Saley » garde une parfaite sérénité dans ce fief qui lui est naturel depuis près de 25 ans. L’ancien conseiller communal puis Maire de Malanville a toujours bénéficié de l’adhésion populaire pour tirer son épingle du jeu lors des joutes électorales. Quatre fois députés à l’Assemblée nationale, son charisme en a été pour beaucoup dans le rayonnement de l’Alliance Soleil dans la première circonscription électorale lors des législatives de 2015. Aussi, a-t-il l’avantage de disposer de la majorité des conseillers communaux, même si le Préfet des départements du Borgou a porté un coup à son ambition de prendre le contrôle de la mairie. Issa Salifou fera face le 06 mars prochain à des adversaires qui lui sont désormais familiers. 4e lors de la présidentielle de 2011, il compte sur son projet de société, décliné en sept points, pour non seulement confirmer son leadership à Malanville mais pour accéder à la Marina.
Même s’il ne détient pas encore un mandat électif, l’ancien ministre de la défense voudra quand même faire une bonne impression à Bembèrèkè et environs le 06 mars prochain. Aussitôt engagé dans la course à la présidentielle, Kogui N’Douro s’est mis à l’œuvre pour se faire une popularité. L’homme de l’ombre est sorti de son mutisme et s’appuie sur ses expériences accumulées dans les arcanes du pouvoir et sa vision de développement pour conquérir en douceur l’électorat. Il connaît parfaitement la région et puise ses arguments des 12 chantiers qu’il propose dans son projet de société. Mais il devra faire face à des adversaires de taille dont Lionel Zinsou, porté par son successeur au ministère de la défense Théophile Yarou, élu député lors des législatives de 2015.
Isac A. YAÏ