Dans environ deux semaines, les Béninois se rendront aux urnes pour désigner un nouveau président de la République, synonyme d’une fin de règne de l’actuel homme fort du pays, Yayi Boni, lequel est au pouvoir depuis avril 2006. Qui sont ceux qui sont en mesure de gagner la compétition ?
Ils sont au total 33 candidats à se présenter à ce scrutin qui s’annonce très ouvert et entretenu par des incertitudes et un Ko imaginaire. Pour certains, le match est plié et le vainqueur est connu d’avance. Pour d’autres, c’est une compétition serrée et aucun pronostic n’est permis. Pour les premiers, le mariage contre nature entre les Fcbe, le Prd et la Rb donnera un avantage arithmétique de plus de 51% des suffrages exprimés au candidat du pouvoir, Lionel Zinsou. Or, les trois composantes de l’alliance ne valent pas le poids que les fabricants de Ko leur accordent. Les Fcbe en proie à une profonde division ont perdu du poids avec de nombreux départs tels que Rachidi Gbadamassi, Marcel de Souza, Nassirou Bako Arifari, Issa Azizou, Karimou Chabi Sika, Mathurin Koffi Nago, Nicaise Fagnon, Grégoire Laourou, Sofiath Shanou, Issifou Kogui N’douro, la liste est exhaustive. Ils sont résolument engagés dans la course, soit en tant que candidats pour contrecarrer le joker de Yayi Boni, soit ils se sont positionnés pour soutenir un candidat. Si on fait le point, ils constituent une part très importante de l’électorat des Fcbe, aujourd’hui effrité et très réduit. Voilà un miroir-baromètre devant lequel les faiseurs de Ko doivent se mettre avant d’annoncer leur victoire. Le Prd de maître Adrien Houngbédji qui travaille à faire croire qu’un Ko est inévitable n’est pas lui-même à l’abri des démissions et des départs. Son vice-président a claqué la porte, en opposition au choix opéré par Adrien Houngbédji. Il a été suivi des militants qui trouvent légitime sa prise de position. Le Prd a également enregistré des démissions dans les sections et sous-sections de l’Ouémé, Littoral et Atlantique. Depuis l’annonce de son soutien au candidat Lionel Zinsou, le parti Arc-en-ciel a vu ses couleurs pâlies et il serait totalement malvenu de croire qu’il est encore capable d’enregistrer les mêmes succès électoraux. Plus rien ne va également à la Renaissance du Bénin. Plus que jamais en difficulté avec sa base, ses géniteurs et certains de ses lieutenants, le président de la Renaissance du Bénin ne devrait pas attendre de ses militants obéissance et docilité quant aux consignes de vote. La Rb est déprimée et ne peut prétendre jouir d’une excellente santé. Croire à un Ko avec la candidature de Lionel Zinsou portée par une telle coalition de partis qui n’ont plus le contrôle de leurs militants, n’est que stupidité et étroitesse d’esprit.
Une compétition qui s’annonce ouverte
Pour la deuxième tendance qui parie sur une compétition à disputer avec âpreté et intelligence, les arguments militent en faveur de chacune des forces en présence avec un quinté gagnant composé de Patrice Talon, Lionel Zinsou, Sébastien Ajavon, Pascal Koupaki et Abdoulaye Bio Tchané. Sauf cataclysme, le 2ème tour doit se jouer entre deux d’entre eux. Cela paraît plus raisonnable. Mais la question que l’on se pose est de savoir les deux qui seront qualifiés pour le sprint final. Autant qu’ils sont, ils sont capables de sortir pour le second tour. Cependant, certains détaillent pourraient contribuer à se faire une idée plus rapprochée de ceux qui sont vraiment en train de gagner du terrain. Alors que Lionel Zinsou crie déjà victoire suite à la mise en place de la coalition le soutenant, il se rend de plus en plus compte que son affaire ne passe pas. Bien au contraire, il est victime de la couleur de sa peau, mais aussi du bilan catastrophique de Yayi Boni. Beaucoup disent de Sébastien Ajavon, le candidat qui monte en raison d’une précampagne à grand renfort publicitaire et surtout du soutien de certains grands partis. On assiste alors à un mouvement de foule suscité à coup de millions de FCfa qui rassure le roi de la volaille et de la poissonnerie au Bénin. Mais attention, il ne faut pas confondre ces mouvements qui sont avec tous les candidats aux vrais électeurs. Patrice Talon mène, de son côté, une offensive discrète, décrochant sympathie et soutiens spontanés. Le magnat du coton semble filer le parfait amour avec plusieurs milieux de femmes, de jeunes, de commerçants, de cadres, de travailleurs du monde agricole, de fonctionnaires. De plus, depuis quelques jours, le ralliement de nombreux maires à la cause de l’homme d’affaires fait dire aux observateurs que, c’est maintenant que les vraies choses commencent. Porteur de l’idée « la nouvelle conscience », Pascal Irénée Koupaki fait son petit bonhomme de chemin et grimpe en popularité. Il séduit les étudiants, les fonctionnaires et une certaine élite du pays. Mais l’ancien premier ministre de Yayi Boni doit passer à l’ardoise magique, sa responsabilité dans la mal gouvernance du président sortant. Abdoulaye Bio Tchané, qui n’est pas trop loin de Koupaki est aussi adulé au sein de l’opinion. L’ancien ministre du feu Général Président Mathieu Kérékou, ex-président de la Boad, pourrait bénéficier des suffrages d’une grande partie du nord, ce qui lui ouvrira les portes du second tour s’il se fait aimer dans les communautés musulmanes dont il est issu. Chacun d’entre eux est sûr de remporter la présidentielle du 06 mars 2016, mais c’est au peuple de choisir qui il veut. Rendez-vous dans les urnes. En attendant, place à la campagne électorale. Les candidats disposeront de deux semaines pour convaincre les électeurs à porter leur choix sur eux. Cet exercice très onéreux laissera découvrira ce que vaut financièrement chaque candidat. Les idées et les projets de société, c’est après.
F.N