Le bureau de l’Association Nationale des Communes du Benin (ANCB) a organisé du jeudi au vendredi, au Benin marina Hôtel, une série de rencontres qui ont fait passer devant ses membres, et tour à tour, plusieurs candidats à la prochaine élection présidentielle. Cette initiative retenue dans les conclusions des assises de l’ANCB tenues les 8 et 9 février 2016 à Parakou, vise à écouter chacun des prétendants au fauteuil présidentiel, sur le contenu de son projet de société en son volet décentralisation. Cela aiderait les élus municipaux, communaux et locaux à choisir objectivement leur candidat. Ainsi, Luc ATrokpo et les membres du bureau qu’il préside, ont reçu plusieurs candidats dont Sébastien Ajavon, Marcel de Souza, Christian Lagnidé, Karimou Chabi SIKA, ISS Azizou. D’autres candidats empêchés, se sont fait représenter. Il s’agit de Pascal Irené Koupaki, Djawad Elisabeth Agbossaga, Arifari Bako, Issa Saley, Aké Natondé et du professeur Lionel Zinsou représenté par son porte-parole Eric Houndété.
Canal 3 Bénin : Vous avez décidé d’écouter les candidats sur leur vision de la décentralisation.Pourquoi cette initiative ?
Luc Atrokpo : Nous avons effectivement décidé d’écouter les candidats, non pas forcément sur leurs projets de société en général, mais sur les volets décentralisation et déconcentration. Ce sont ces aspects qui nous intéressent le plus. Et cela a été arrêté par les membres du bureau. Jeudi et vendredi, nous recevrons à Bénin Marina Hôtel de Cotonou, les candidats qui viendront expliquer leur vision de la décentralisation, parce que nous estimons qu’aujourd’hui, il ne saurait avoir de développement au Bénin sans la décentralisation. Nous pensons que l’Ancb, c’est 77 communes, 77 maires, c’est un peu moins de 1300 élus communaux, un peu moins de 23.000 élus locaux ; c’est pratiquement un million d’habitants. Lorsque toutes les communes seront développées, le Bénin connaîtra un mieux-être et le développement. On a jugé utile que les élus que nous sommes, appuyés par des Experts et des Ong spécialisées en Décentralisation, nous puissions les écouter et nous rassurer de ce que les candidats sont tout à fait prêts à accompagner le processus de décentralisation au Bénin.
Quelle est l’opportunité de cette initiative quand on sait que la plupart des maires du pays ont leur candidat ; vous avez le vôtre et les conseillers communaux et locaux également qui se mobilisent déjà derrière les candidats ?
Je voudrais que nous fassions la part des choses. Moi, Luc Atrokpo d’accord ; mais également l’ANCB qui est une institution. L’ANCB, c’est plusieurs sensibilités politiques différentes. Nous avons voulu placer l’intérêt général au-dessus des intérêts individuels. L’Association aujourd’hui pense que notre rôle devrait être celui-là. On ne peut pas refuser aujourd’hui qu’au sein de l’ANCB, nous sommes des partis politiques qui ont leur candidat ; mais cela ne nous empêche pas en tant qu’Association de nous intéresser à ce qui nous paraît essentiel. Et ce qui nous paraît essentiel, comme on l’a dit tantôt, c’est la décentralisation. Et nous allons loin. Dès que nous aurons fini d’écouter les candidats, le mardi, nous avons déjà mis en place un Secrétariat qui sera tenu par des Experts et qui seront des personnes neutres qui feront les rapports de tout ce que les candidats diront; et ces rapports seront envoyés aux 77 maires ; les 77 maires tâcheront de les envoyer aux élus communaux, les élus communaux aux élus locaux. Ça veut dire que tous les élus du Bénin pourront savoir ce que chaque candidat pense du processus de décentralisation. Ça peut orienter des élus aujourd’hui qui hésitent encore. Nous allons jouer notre partition en dépit des appartenances politiques diverses. Nous pensons que l’institution ANCB a un rôle essentiel à jouer.
Nous sommes en période de précampagne de campagne électorale où les marchés d’illusions, des chimères ou des rêves s’animent. En quoi les propositions que feraient les candidats devant le bureau de l’ANCB les engageraient-ils ? De quelle arme disposez-vous pour contraindre les candidats àrespecter ses engagements ?
De toute façon, nous finirons par leur opposer ce qu’ils auraient dit. Nous pensons que les candidats sont responsables. Nous le pensons et nous le souhaitons d’ailleurs. Il vaut mieux le leur opposer quelque chose après, pour dire, vous avez eu à dire ceci. De toute façon, on est obligé de les croire sur parole. Mais quand on n’a pas ce qu’on veut, on se contente de ce qu’on a. Le rapport sera fait et quand un candidat sera élu, nous pourrons lui dire, écoutez, vous aviez dit que, pour le processus de la décentralisation, vous pensez faire ci et ça. Tout compte fait, nous serons très impliqués ; l’ANCB jouera sa partition. Nous ferons en sorte que les communes se développent. Aujourd’hui, le vrai développement c’est quoi ? C’est ce que les populations pensent à la base ; c’est les écoles, c’est les hôpitaux, etc. Il faut que les candidats nous disent clairement ce qu’ils veulent faire. Comme on le dit souvent, on peut bien gouverner de loin mais on n’administre que de près. Et l’administration, c’est la proximité, c’est la décentralisation. Et tout candidat qui ne pense pas décentralisation a choisi ne pas développer notre pays. Nous pensons qu’ensemble nous y travaillerons pour que le défi du développement soit relevé.
Ne pensez vous pas que vous êtes en train de rattraper un retard, d’autant que certains candidats ont déjà rencontré les maires et leur ont exposé leur vision ?
On n’est pas en retard ; on a d’ailleurs souhaité le faire comme ça. Vous savez, on a voulu d’abord avoir tous les projets de société. Je ne voudrais pas citer ceux qui n’ont pas pu envoyer leurs projets de société. Je ne voudrais pas citer ceux qui ne se sont pas manifestés… C’est le carrefour, on les a tous saisis par écrit pour qu’ils ne nous disent qu’ils ne sont pas au courant. Ça ne va pas durer ; cela se passera en quelques 15 minutes. Qu’ils nous disent ce qu’ils veulent faire pour les communes et les élus pourront se faire une idée de celui qui veut réellement que le Bénin et surtout que le Bénin profond se développe.
Vous êtes président de l’ANCB. C’est sans doute beaucoup d’activités pour vous ; est-ce que vous avez le temps matériel de battre campagne pour votre candidat Lionel Zinsou ?
(Sourire). Pour le moment, je suis là pour l’ANCB. La campagne va démarrer dans quelques jours. Nous allons jouer pour le moment notre rôle de président de l’ANCB parce que ça me paraît très important.
Comment ça se passe sur le terrain ? Est-ce que dans le Zou, Luc Atrokpo pourra véritablement mouiller les maillots pour son candidat ?
Seul, on n’est rien. Je suis dans une équipe. J’avoue que je n’ai jamais la prétention de travailler seul. Mais plutôt dans une équipe. L’équipe que je dirige travaille en sorte que le 06 mars, nous ayons un Béninois qui dirigerait ce pays.
Interview réalisée pour
Canal 3 par André Dossa et transcrite par la Rédaction