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Au Bénin, un nombre record de candidats dans la course à la présidentielle
Publié le mercredi 2 mars 2016  |  AFP
Ambiance
© aCotonou.com par CODIAS
Ambiance électorale au village de campagne du candidat Lionel Zinsou
Cotonou 28 fevrier 2016. Ambiance électorale au village de campagne du candidat Lionel Zinsou




Cotonou - Les Béninois devront choisir dimanche lors de l’élection présidentielle parmi un nombre record de candidats, dont deux des plus influents hommes d’affaires du pays et un banquier d’affaires franco-béninois, considéré comme "l’homme de la Françafrique" par ses détracteurs.

Initialement prévu le 28 février, le premier tour de la présidentielle a été reporté au 6 mars à cause de retards dans la production et la distribution des cartes des 4,7 millions d’électeurs de ce petit pays d’Afrique de l’ouest.

Avec 33 personnalités en lice, dont le candidat du pouvoir soutenu par deux partis d’opposition, et une quinzaine d’anciens collaborateurs de l’actuel président Thomas Boni Yayi, cette élection promet d’être "la plus étonnante possible", puisqu’elle "défie toute logique politique et toutes les habitudes électorales depuis 1990", date de l’avènement du multipartisme, estime le juriste et analyste politique béninois Simon Asoba.

Le franco-béninois Lionel Zinsou a quitté en juin dernier son poste à la tête de PAI Partners, le plus important fonds d’investissement français, pour devenir Premier ministre du Bénin à la surprise générale. Puis il a été désigné comme le candidat des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE, au
pouvoir) de M. Boni Yayi, qui quitte le pouvoir au terme de deux mandats, conformément à la Constitution.

M. Zinsou a aussi été adoubé par le Parti du renouveau démocratique, dont le leader, Adrien Houngbedji, était le principal opposant de M. Boni Yayi à la présidentielle de 2011, et par Renaissance Bénin, une autre formation d’opposition.

Mais il est loin de faire l’unanimité et nombreux sont ceux dans le monde politique et syndical qui lui reprochent d’être "parachuté" par Paris, l’ancien colonisateur, pour raviver les réseaux de la "Françafrique".

- Roi du coton et patron des patrons -

Face à lui, deux des plus puissants hommes d’affaires du pays : Sébastien
Ajavon, le patron des patrons, qui a fait fortune dans l’agro-alimentaire, et
Patrice Talon, magnat du coton.

Les deux hommes ne sont pas nouveaux en politique, puisqu’ils ont chacun apporté leur soutien à des partis par le passé, rappellent les observateurs.

M. Talon a financé les deux campagnes victorieuses de M. Boni Yayi avant d’être accusé d’avoir cherché à l’éliminer dans une affaire rocambolesque de tentative d’empoisonnement pour laquelle il a finalement bénéficié d’une grâce présidentielle.

Sa candidature est "peut-être une façon de se protéger en devenant un acteur politique important au lieu d’être un homme d’affaires riche mais vulnérable", analyse Gilles Yabi, fondateur du cercle de réflexion ouest-africian Wathi, basé à Dakar.

L’ancien Premier Ministre Pascal Irénée Koupaki et l’économiste Adboulaye Bio Tchané --ABT pour ses partisans--, ex-cadre du Fonds monétaire international, font aussi partie des candidats qui pourraient mobiliser les foules lors de ce premier tour, selon les observateurs.

ABT, qui avait fait figure de troisième homme lors de la présidentielle de 2011, a fait de la création de 500.000 emplois sa principale promesse de campagne. Un thème particulièrement populaire chez les moins de 35 ans, qui représentent 60% de la population active et dont beaucoup vivotent de petits boulots, faute de débouchés.

Le Bénin et ses 10,6 millions d’habitants est classé par la Banque mondiale dans la catégorie des pays à faible revenu, avec des indicateurs bas sur la santé et l’éducation.

- ’Le mercato est ouvert!’ -

Mais les débats de société ont été occultés par les calculs politiciens et le marchandage de voix lors de la campagne électorale.

"Le mercato est ouvert", déplore M. Asoba, pour qui les "grands électeurs", ces responsables locaux, chefs traditionnels et autorités religieuses qui servent de relais d’opinion, sont achetés "à coup de millions de francs CFA".

"Tout le monde ou presque semble trouver normal que la campagne se résume sur le terrain à la distribution de billets aux +militants+ qui remplissent les meetings", renchérit M. Yabi.

Nombreux sont les candidats qui se sont relayés au nord, ces dernières semaines, pour tenter de séduire une région qui pèse lourd en nombre de voix et pourrait jouer un rôle déterminant.

ABT, l’enfant du pays, y compte de nombreux soutiens. Mais M. Ajavon bénéficie de l’appui de Rachidi Gbadamassi, un député très influent de la région. En cas d’émiettement des voix au nord, pas de victoire au premier tour, prédit M. Asoba.

Les premiers résultats sont attendus dans les 72 heures.

str-cdc/de
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