Cotonou, Cinq candidats font figurent de favoris parmi les 33 - un record - qui s’affrontent dimanche lors du premier tour de
l’élection présidentielle au Bénin.
Lionel Zinsou
Ce banquier d’affaires franco-béninois de 62 ans a quitté son poste à la tête de PAI Partners, le plus gros fond d’investissement français, pour devenir Premier ministre du Bénin en juin 2015.
Désigné candidat des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) le parti du président Thomas Boni Yayi, qui quitte le pouvoir au terme de deux mandats conformément à la Constitution, M. Zinsou a aussi été adoubé par deux grands partis d’opposition.
Mais ce normalien, plume du Premier ministre socialiste français Laurent Fabius dans les années 1980, qui a troqué ses costumes guindés de financier pour d’amples boubous africains et rappelle souvent qu’il est le neveu d’un ancien président béninois, Emile-Derlin Zinsou, a du mal à se défaire de son
image de technocrate parisien.
Ses détracteurs lui reprochent d’être "parachuté" par Paris, l’ancien colonisateur, pour raviver les réseaux de la "Françafrique".
Ses partisans mettent en avant sa brillante carrière, son afro-optimisme et son gigantesque carnet d’adresses - de Bill Gates à Barack Obama, dit son site internet - qui en font, selon eux, l’homme providentiel qui saura développer le Bénin.
Patrice Talon
Entrepreneur incontournable au Bénin, contrôlant le secteur clé du coton et la gestion du port de Cotonou, Patrice Talon, 57 ans, fut un des acteurs les plus puissants de la vie économique du pays avant de devenir l’ennemi public numéro un du président Boni Yayi.
Longtemps proche du chef de l’Etat, dont il avait financé les deux campagnes présidentielles en 2006 et 2011, il a été accusé d’être le cerveau d’une tentative d’empoisonnement du président en 2012, puis d’être impliqué dans une tentative d’attentat à la sûreté de l’Etat en 2013.
A l’époque, Patrice Talon était déjà poursuivi au Bénin dans plusieurs affaires de malversations et avait fui son pays. En mai 2014, Thomas Boni Yayi lui a finalement accordé son pardon.
Issu d’une modeste famille de la ville côtière de Ouidah, Patrice Talon, qui arbore toujours des costumes chics, ne cache pas son goût pour le luxe, et
a fait parler de lui sur les réseaux sociaux en allant déposer sa candidature à la présidentielle au volant de sa Porsche.
Sa candidature est "peut-être une façon de se protéger en devenant un acteur politique important au lieu d’être un homme d’affaires riche mais
vulnérable", analyse Gilles Yabi, fondateur du cercle de réflexion ouest-africain Wathi, basé à Dakar.
Sébastien Ajavon
Le président du patronat béninois, surnommé "le roi du poulet" depuis qu’il a fait fortune dans l’agro-alimentaire, a surpris tout le monde en se lançant, en janvier, dans l’arène politique.
Cet entrepreneur de 51 ans, qui se définit lui-même comme un "self-made man", possède aussi une entreprise de transport, une chaîne de télévision, Sikka TV, et une station de radio, Soleil FM.
Comme Patrice Talon, Sébastien Ajavon tirait jusqu’ici les ficelles de la politique dans l’ombre, en apportant son soutien financier à des candidats.
C’est "l’incapacité de la classe politique béninoise à s’unir autour d’un idéal" qui l’a poussé à se porter candidat, clame-t-il.
Sébastien Ajavon met en avant, sur son profil de campagne, la "culture de l’efficacité et du pragmatisme" du secteur privé, dont "la gouvernance
publique a besoin".
Il compte parmi ses soutiens Rachidi Gbadamassi, ancien proche de Boni Yayi. Ce député très influent du nord pourrait lui rapporter des voix dans cette région-clé.
Adboulaye Bio Tchané, "ABT"
C’est la seconde fois que cet économiste de 64 ans, ancien patron de la Banque ouest-africaine de développement et ex-cadre du Fonds monétaire
international, tente sa chance à la présidentielle.
Originaire du nord du Bénin, il avait raflé les voix de cette région en 2011, ce qui lui avait valu d’arriver en troisième position.
Celui que l’on surnomme ABT s’est servi de ses initiales pour bâtir le nom de son parti : l’Alliance pour un Bénin triomphant.
Parmi ses formules choc, il promet de créer 500.000 emplois en un quinquennat, et il offre 20.000 francs CFA (30 euros) à toutes les femmes dans
le besoin qui décident de vacciner et de scolariser leurs enfants.
Pascal Irénée Koupaki
Technocrate converti à la politique, aussi âgé de 64 ans, il a passé de nombreuses années à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(BCEAO), à Dakar (Sénégal).
Entré au gouvernement en 2006, il a occupé les postes de ministre des Finances, du Développement, puis de Premier ministre.
Aujourd’hui, celui que ses partisans surnomment "PIK" aimerait incarner "la rupture" au sein de son "Rassemblement Nouvelle conscience". Mais son nom reste associé au régime du président Boni Yayi.
Originaire du Sud, PIK tente de conquérir Cotonou, la capitale économique où ses affiches jaune vif ont été placardées à tous les endroits stratégiques.
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