Cotonou, Chômage et corruption sont parmi les principaux défis que devra relever le prochain président béninois.
Le chômage des jeunes
Les 15-34 ans représentent 60% de la population active au Bénin. Le taux de chômage de cette tranche d’âge est de moins de 4% selon les données officielles, mais ce chiffre est déconnecté de la réalité dans ce pays où le secteur informel représente 85% de l’économie.
De nombreux diplômés finissent par devenir "zemidjans", ces chauffeurs de moto-taxis qui pullulent dans toutes les villes du pays, faute de trouver un emploi dans leur spécialité.
L’économiste Adboulaye Bio Tchané a fait de la création de 500.000 emplois sur un quinquennat une de ses principales promesse de campagne.
L’actuel Premier ministre Lionel Zinsou a promis 350.000 emplois "à l’horizon 2021, surtout pour les jeunes et les femmes".
Les deux hommes d’affaires Patrice Talon et Sébastien Ajavon promettent quant à eux de prendre des mesures pour encourager la création d’emplois dans le secteur privé.
La corruption
En arrivant au pouvoir en 2006, Thomas Boni Yayi avait promis de mettre un terme à la corruption endémique dans plusieurs filières clés, comme l’exploitation du port de Cotonou et le secteur du coton.
Mais ses deux mandats ont été marqués par plusieurs affaires de malversation et de pots-de-vin.
En 2010, un vaste scandale de détournement d’épargne, dans lequel le chef de l’Etat Boni Yayi avait été accusé de complicité, surnommé "l’affaire Madoff à la béninoise", a ruiné des milliers de Béninois.
Le projet de la construction d’une nouvelle Assemblée nationale, à Porto Novo, a aussi englouti des millions d’euros sans jamais être mené à son terme.
L’an dernier, les Pays-Bas avaient suspendu leur aide au Bénin après la disparition de quatre millions d’euros destinés à l’accès à l’eau potable.
La santé et l’éducation
Le Bénin, qui compte 10,6 millions d’habitants, est classé par la Banque mondiale dans la catégorie des pays à faible revenu, avec des indicateurs bas sur la santé et l’éducation.
La gratuité de l’enseignement primaire constitue un des points positifs du bilan de M. Boni Yayi, même si dans les faits, les subventions ne sont pas toujours versées aux écoles, critique le juriste et analyste politique Simon Asoba. "Les directeurs des écoles finissent donc par demander des cotisations aux parents" pour assurer le fonctionnement des établissements.
Le président sortant a aussi créé un Régime d’assurance-maladie universelle (RAMU), qui devrait donner un accès aux soins de santé aux plus défavorisés, moyennant une cotisation mensuelle de 1.000 francs CFA (1,5 euro). Mais celui-ci n’a pas été mis en place pour l’instant.
Parmi les formules choc, Adboulaye Bio Tchané propose de verser une "subvention familiale mensuelle" de 20.000 francs CFA (30 euros) à toutes les femmes dans le besoin qui décident de vacciner et de scolariser leurs enfants.
Le Port de Cotonou, poumon économique
Le port autonome de Cotonou est le grand absent de la campagne présidentielle. Si plusieurs candidats y ont été liés de près ou de loin, aucun ne l’a mis en avant dans son programme. C’est pourtant là que bat le pouls du Bénin : à lui seul, le port concentre près de la moitié des recettes fiscales, plus de 80% des recettes douanières et 90% du commerce extérieur du pays.
Sa spécificité : être un port de transit, pour le Nigeria et pour les pays de l’hinterland, principalement le Niger et le Burkina Faso. Après d’importants travaux d’infrastructure, dont la construction d’un nouveau quai, l’activité des conteneurs a doublé entre 2008 et 2014.
Le groupe français Bolloré Africa Logistics est le concessionnaire du terminal à conteneurs depuis 2009, pour vingt-cinq ans.
Le port de Cotonou fait face à la concurrence de ceux de Lomé, au Togo, et de Tema, au Ghana.
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