Vraisemblablement, tout se jouera entre les candidats Patrice Talon et Lionel Zinsou au second tout de l’élection présidentielle de 2016. Les premières tendances donnent le candidat de la rupture gagnant dans plusieurs départements, notamment le Littoral, le Zou. Dans ces deux départements, Talon vient largement en tête. Dans le nord, à défaut de remporter certaines localités, il a fait de grosses percées. Globalement, selon les chiffres sortis directement des urnes hier, Patrice Talon peut se frotter les mains, attendant son adversaire pour l’assaut final. Lionel Zinsou, soutenu par l’alliance République (Fcbe-Prd-Rb) a été sérieusement bousculé dans les différents fiefs des leaders de ces partis. Et même s’il arrive en tête dans des localités données dans ces fiefs, il est talonné par Sébastien Ajavon ou encore Patrice Talon. Sur l’ensemble du territoire national, le candidat Pascal Irénée Koupaki ne s’est pas laissé distancer. Bien au contraire, un peu partout, il suit de près les deux favoris que sont Patrice Talon et Lionel Zinsou. La preuve que les Béninois ont accepté la «Nouvelle Conscience» qu’il leur propose. Ce qui est évident, les Béninois ont parlé à travers les urnes. La tendance est claire : Ils veulent d’une rupture avec l’actuel système. La bataille entre l’Alliance de la rupture contre celle Républicaine s’annonce ainsi. La bataille des alliances aura certainement lieu avec en tête de pont, Patrice Talon.
Des signes de rupture
Dans notre dernière parution avant le scrutin d’hier, dimanche 6 mars 2016, nous titrions : «Enfin l’heure de sanction ou de l’onction pour Yayi ?». Depuis hier, dès les premiers dépouillements des votes exprimés par les Béninois, on a commencé par avoir un début de réponse à cette interrogation. La tendance est à la rupture.
La clameur qui a suivi l’élection du président Adrien Houngbédji au détriment de Komi Koutché au poste de président du bureau de l’Assemblée nationale le 19 mai 2015, semble ne pas quitter les Béninois. La majorité du peuple, par le vote d’hier, est toujours dans la dynamique de la rupture avec le régime du changement. Le peuple a sans doute choisi son camp. Celui d’opérer une réelle alternance au pouvoir à partir du 6 avril prochain. Les faits sont là et le prouvent. Le candidat du président sortant, Lionel Zinsou, visiblement n’est pas accepté par ses compatriotes. La déferlante qu’on lui a promise ne se réalisera certainement pas. Pire, il risque de ne pas avoir l’occasion de tenter une nouvelle chance au second tour. Quels points peut-on faire par rapport aux composantes de l’Alliance Républicaine ? Concernant le Parti du renouveau démocratique (Prd), il faut reconnaître qu’il a tenu Porto-Novo, son fief habituel. Seulement, l’écart entre Lionel Zinsou et les autres, notamment Sébastien Ajavon, Patrice Talon, n’est pas considérable. Par endroits dans la capitale, Ajavon a même largement battu le candidat du Prd, Lionel Zinsou. Mais, là où la chose se complique pour le candidat de l’Alliance Républicaine est qu’en dehors de Porto-Novo, le Prd a perdu la main dans ses autres fiefs : Sèmè-Podji notamment. Que dire de la zone d’Akpakpa à Cotonou ? Elle semble être tenue par Talon et Ajavon.
Parlant de la Renaissance du Bénin (Rb), là, la situation est criarde. La Rb, l’autre soutien de Lionel Zinsou a mordu la poussière dans son fief à Cotonou au profit de Patrice Talon. Ce dernier a fait un raz-de-marée. A Abomey-Calavi, pareil. Talon n’a laissé aucune chance pour le candidat du pouvoir en place. Dans le Zou, faut-il parler de défaite de Zinsou ou de victoire de Talon ? Ce qui est sûr, à Abomey et Bohicon principalement, des zones souvent gardées par la Rb, il n’y a pas eu match. Zinsou n’a pas pointé le bout de son nez. Dans le Septentrion où la chose semble un peu aller dans le camp des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), troisième composante de l’Alliance Républicaine, la suprématie de Lionel Zinsou est encore contestée par le candidat Abdoulaye Bio Tchané, suivi de Sébastien Ajavon et Patrice Talon. Dans les Collines, la large victoire annoncée pour le «yovo» n’a pas eu lieu. Il ne peut non plus compter sur les départements du Mono et du Couffo où règnent en patrons Patrice Talon et Sébastien Ajavon.
La toute première leçon à tirer du scrutin d’hier est qu’il n’y aura point de victoire au premier tour. Le fameux K.O. Dans le même temps, il sera hasardeux de jurer d’une présence de Lionel Zinsou au second tour. Et même si c’était le cas, face au candidat de la rupture, quel qu’il soit, le front commun déjà amorcé ne fera pas de cadeau. On constate qu’en réalité aujourd’hui, la tendance est tout, sauf une onction à Boni Yayi. Les Béninois veulent tourner la page du changement et des signes l’annoncent incontestablement.
Athanase Dèwanou