Le premier ministre, candidat à l’élection présidentielle, Lionel Zinsou, a accordé une interview au journal français « L’Express », publiée mercredi dernier et dans laquelle il a frontalement attaqué ses principaux challengers Sébastien Ajavon, Patrice Talon et leurs soutiens Nicéphore et Rosine Soglo ou encore Albert Tévoèdjrè. Dans sa détermination à répondre aux diverses attaques dont il est victime depuis sa déclaration de candidature à la présidentielle 2016, Lionel Zinsou, s’est ouvertement pris à l’église catholique qu’il a tenté de minimiser : « Quant à l’Eglise catholique, elle s’inquiète du déclin de son influence ». Poursuivant ses critiques vis-à-vis du clergé, le premier ministre candidat a banalisé la capacité de l’Eglise catholique « Celle-ci ne donne pas de consigne explicite. Mais le message peut passer par les homélies, selon un ratio aléatoire. Au fond, j’ai la conviction que l’électorat catholique vote comme le pays. ». Dénonçant dans la foulée, ceux qui ont critiqué sa candidature à cette présidentielle, malgré sa position de premier ministre, Lionel Zinsou répond : « En fait, je me demande si ce n’est pas plutôt l’Etat qui utilise mes moyens… é ». Lisez plutôt.
Interview de Zinsou réalisée par Vincent Hugueux paru dans le journal français EXPRESS du 2 mars 2016
Nommé Premier ministre de l’ex-Dahomey en juin dernier, le banquier d’affaires franco-béninois Lionel Zinsou briguera le 6 mars la magistrature suprême.
Entretien de notre envoyé spécial.
Cotonou, le 22 février vers midi. Le rendez-vous a été fixé à la résidence du Premier ministre, au cœur de la Maison Rouge, surnommée ici la «Maison Kadhafi», complexe résidentiel luxueux bâti par le fonds d’investissement libyen Laico pour le compte de la Cen-Sad, la Communauté des Etats sahélo-sahariens, l’un des outils de l’ambition africaine du défunt Guide de la Jamahiriya.
Lionel Zinsou se montre disert et paraît détendu. Seul signe de nervosité : le retour de la cigarette, un temps abandonnée. En une bonne heure d’entretien, l’ex-banquier d’affaires franco-béninois aura grillé une demi-douzaine de blondes. Dire qu’on n’en est qu’au tout début de la campagne officielle, à deux semaines du premier tour du scrutin présidentiel, programmé le 6 mars…
Dans le vaste salon, très afro-contemporain, et dont la baie vitrée donne sur un jardin-piscine, passeront tour à tour Marie-Cécile, la fille aînée et confidente, le ministre d’Etat à l’Economie et aux Finances Komi Koutché, prétendant à la candidature devenu directeur de campagne, ou encore Eric Houndété, premier vice-président de l’Assemblée nationale. Adossée à l’un des murs, une bibliothèque. On y trouve un recueil de photos sur les «Vodounons et Vodouns», publié par la Fondation Zinsou, des albums consacrés à l’œuvre de Jackson Pollock ou à celle de Jean-Michel Basquiat. Mais aussi -exorcisme au royaume des fétiches?- la version Poche d’un roman d’Emile Zola intitulé La Débâcle… Littéraires ou politiques, les références du «yovo» -le Blanc, en langue fon- sont le plus souvent hexagonales : Sartre, Pétain, Sarkozy, Hollande, Jospin… Si Zinsou affecte un certain détachement, manie l’ironie et use d’ordinaire envers ses rivaux du fleuret moucheté, cet intime de Laurent Fabius dégaine parfois la dague. Preuve que le procès en «béninité douteuse» que lui intentent ses procureurs l’atteint davantage qu’il voudrait le laisser paraître.
Vivez-vous cette bataille électorale comme une épreuve ?
Par mon histoire personnelle, j’y étais préparé. Durant toute mon enfance et mon adolescence, j’ai vu défiler dans la maison familiale des militants politiques. Songez qu’à ma naissance [en octobre 1954], mon oncle Emile DerlinZinsou était sénateur. J’avais 7 ans quand on lui a confié les rênes de la Cour suprême, 12 lorsqu’il est devenu ministre des Affaires étrangères, et deux de plus à l’heure de son accession à la magistrature suprême. Chez nous, l’usage veut que les oncles élèvent leurs neveux. J’ai donc un peu été le fils aîné de ce chef de famille.
J’ai écrit tant de discours de meetings que l’exercice m’est familier. Bien sûr, c’était il y a 30 ans [à l’époque où Lionel Zinsou travaillait au sein du cabinet de Laurent Fabius], mais j’ai appris les codes rhétoriques. Ici, tout dépend de la qualité du traducteur. Tous les candidats sont traduits dans la langue de la région où il s’exprime. Cette distance n’est donc pas spécifique au yovo.
Etes-vous étonné, voire heurté, par l’âpreté de la campagne ?
Je n’ai pas été surpris un seul instant. Dans tout pays, la compétition électorale suscite des violences verbales. Au Bénin, elles sont limitées, indirectes, et jamais proférées en public. C’est par le canal de la presse et des réseaux sociaux qu’elles circulent. Certes, il y a un ou deux spécialistes de l’anathème, dont le député de Parakou [Nord] Rachidi Gbadamassi [élu sous l’étiquette des Forces cauris pour le Bénin émergent (Fcbe), la mouvance du chef de l’Etat sortant Thomas Boni Yayi, il a rallié le «roi de la volaille» Sébastien Ajavon]. Un de ses collègues de Cotonou use aussi d’un lexique très IIIe République…
Voilà quelques jours [le président sénégalais] MackySall m’a dit ceci : «Tu sais, la différence entre nous, c’est qu’en 2012, à dix jours du premier tour, on dénombrait dix morts à Dakar.» Rien de tel ici. La bonne fortune de ce pays, c’est d’être épargné par la violence politique. Le rejet, virtuel, de l’adversaire, passe par les mots. Phénomène au demeurant compensé par une ferveur, une générosité, une passion et un accueil chaleureux, y compris de la part de gens qui ne votent pas pour vous.
Cela posé, il faut consentir des sacrifices privés, personnels, familiaux. J’ai trouvé un procédé qui en vaut d’autres: j’établis la liste des calomnies et mensonges classiques, ces «béninoiseries» récurrentes. Manière d’amortir le choc pour mon père qui, à 90 ans, refuse qu’on attaque son rejeton, pour mes trois filles et pour mon épouse. Mais il est une rumeur que je n’avais pas prévue: ma mère est juive, la preuve, j’ai travaillé chez Rothschild, et je suis mandaté par le Congrès juif mondial pour orchestrer un complot visant à piller les richesses du Bénin, y compris en y introduisant [la secte djihadiste nigériane] BokoHaram…
Pour le reste, les mêmes lubies universelles tournent en boucle : l’argent, l’incompétence, les faux diplômes, la filiation, la nationalité ou la prévarication. En réponse, je pratique un peu l’autodérision. Voici le message : vous pouvez moquer le Blanc que je suis, son ignorance supposée des réalités du Bénin, mais il se peut que je vous apprenne deux ou trois trucs. En la matière, qu’à celui du «Sphinx» Mathieu Kérékou [parvenu à la tête du Dahomey en 1972 au prix d’un putsch, ce militaire détiendra la présidence jusqu’en 1990, six ans avant de revenir au pouvoir par la voie des urnes, et ce l’espace d’une décennie ; le «Caméléon» -autre surnom usuel de l’intéressé- est décédé le 15 octobre 2015].
Quand avez-vous pris la décision de briguer la présidence ?
En octobre dernier. Depuis des années, je reçois des appels incessants à entrer en politique. Je m’étais impliqué dans l’associatif, le privé. Je croyais plus à ce que je faisais avec ma Fondation. Quand le président de la République m’a demandé d’occuper les fonctions de Premier ministre, je me suis dit que si je pouvais contribuer au développement du pays… J’ai en quelque sorte accepté d’accomplir mon service civique de neuf mois. Aussitôt, les demandes se sont accélérées et la donne a changé. Il n’était pas si facile pour lui de trouver un candidat à la succession. Et je remplissais non pas toutes les conditions requises, mais plusieurs. Mon arrivée à la primature, surprise totale, lui a permis de rebattre les cartes. D’autant que Sébastien Ajavon est alors apparu comme une alternative à Patrice Talon [le magnat du coton, allié et financier puis ennemi juré de Boni Yayi], objet chez le président d’une espèce de fixation.]
En France, vous a-t-on proposé un jour un maroquin ministériel ?
En 1986, lorsque j’ai quitté le cabinet de Laurent Fabius, avec qui je m’entends exceptionnellement bien, celui-ci m’a demandé si je souhaitais m’engager en politique, trouver un enracinement électoral. Non, M. le Premier ministre, ai-je répondu. Je rentre chez Danone pour vivre une expérience en entreprise. J’ai des tas d’amis à droite comme à gauche, mais n’ai jamais rien sollicité du pouvoir politique, ni en France, ni au Bénin.
Selon des témoignages convergents, votre père René était plus que réservé quant à cette candidature…
Il avait intégré mon absence de volonté de devenir un acteur politique. Alors même que, depuis l’âge de 12 ans, je l’entendais m’inciter à endosser le rôle du prochain chef de famille. Quand j’ai lu L’enfance d’un chef de Jean-Paul Sartre, j’ai retrouvé des postures en vigueur dans ma famille. Devenu adulte, je répétais à mon père qu’il y a d’autres façons d’agir pour le bien commun. Puis est venu le temps où je n’avais plus d’argument à lui opposer. A 60 ans, président non exécutif du fonds d’investissement PAI Partners, je ne pouvais plus prétendre que je n’étais pas libre…
Qu’advient-il dans cette période de la Fondation Zinsou ?
J’ai tout fait depuis sa création, voilà 11 ans, pour qu’elle ne devienne pas un enjeu politique ou se trouve piégée dans ce maelstrom. Au Bénin, les gens qui se prévalent de leurs bonnes actions pour servir leur carrière ne manquent pas. J’ai toujours tenu à effacer les traces derrière moi. A tel point que plus personne ne m’en attribue le mérite, lequel revient à ma fille aînée Marie-Cécile, qui la dirige. Au passage, elle est sans doute plus populaire que moi et aurait été, quitte à sauter une génération, une excellente candidate… Reste que nous avons décidé de suspendre jusqu’en mars les visites d’écoliers et de collégiens, afin de ne pas encourir le reproche d’utiliser les activités de la Fondation à des fins électorales.
Est-il exact que vous prenez des cours de fon, la première langue nationale ?
A la maison, on parlait d’ordinaire le français, non le fon. Il s’agit d’une langue à tons : parfois, on croit dire quelque chose et le mot prend un tout autre sens. Ce qui déclenchait en permanence des séances de rires. Mathieu Kérékou maîtrisait deux langues nationales respectivement en usage chez 50.000 et 100.000 locuteurs. Nicéphore Soglo [chef de l’Etat de 1991 à 1996] ne parlait pas fon. Boni Yayi connaît le bariba et le nago. J’ai eu maintes fois l’échange qui suit avec mon père. Lui : «Ton pays a besoin de toi. Fonce !» Moi : «Impossible quand on, ne parle pas les langues.» Lui : «Regarde Kérékou…»
Le fait que des vétérans de l’échiquier béninois aussi éminents que Nicéphore Soglo ou l’ex-médiateur de la République Albert Tévoédjrè combattent vigoureusement votre candidature vous choque-t-il ?
Je ne prétends pas recueillir 100% des voix. Franchement, leurs critiques ne me troublent pas. Pour Rosine Soglo [l’épouse de Nicéphore], c’est différent : ses attaques sont teintées de racisme. Quand vous avez été discriminé en tant que Noir toute votre vie, être soudain perçu comme Blanc suppose une forme d’adaptation. Reste que mes détracteurs ne sont pas hostiles à ce que je peux faire pour ce pays. Mon point de force, c’est qu’avec moi, on peut gérer mieux et aller plus vite dans le développement. Au Bénin, on respecte le mérite et on a la passion de l’éducation.
Après tout, nous sommes en campagne électorale. Il faut donc bien rechercher des arguments de délégitimation de l’adversaire. En France, on dépeignait Nicolas Sarkozy en président des riches et on accuse François Hollande de trahir la gauche. Pour moi, l’angle d’attaque, c’et le patriotisme : «Ce n’est pas un vrai patriote» ou «Il est le patriote d’un autre pays». «La France, entend-on, veut recoloniser le Bénin.» Ce type de slogan ne peut fonctionner qu’auprès de gens dépourvus de culture politique.
Fût-ce de manière allusive, la hiérarchie catholique béninoise vous désavoue, semblant endosser implicitement la candidature de l’ex-Premier ministre Pascal Irénée Koupaki. Un tel handicap peut-il s’avérer rédhibitoire ?
Les protestants sont très proches de l’actuel président de la République, lui-même de sensibilité évangélique. Les Célestes [membre de l’Eglise du christianisme céleste, dont le siège mondial se trouve à Porto-Novo] le sont de Boni Yayi et de moi-même. Les adeptes des religions endogènes [traditionnelles] penchent plutôt eux aussi vers le chef de l’Etat, via le réseau des rois. Les grands vodouns [prêtres du culte vaudou] et féticheurs n’affichent jamais de partis pris tranchés, car il leur faut vivre avec tous les régimes.
Les fidèles de l’islam sont aux deux-tiers pour le président, et pour un tiers favorable à Abdoulaye Bio Tchané [un ancien cadre du Fonds monétaire international], le seul grand candidat musulman ; et de nombreux imams me sont favorables. Quant à l’Eglise catholique, elle s’inquiète du déclin de son influence. Ma famille, perçue ici comme une lignée catholique emblématique, est la seule à avoir bâti une basilique -celle d’Allada-, offerte à l’ordre des Franciscains. Et c’est en son sein qu’a été élevé le futur cardinal Bernardin Gantin [un pilier de la curie romaine, disparu en mai 2008]. Lui et mon oncle Emile, qui sera l’ami des papes, ont eu le même précepteur.
N’oublions pas en outre que Sébastien Ajavon est depuis des années le premier mécène de cette Eglise, au demeurant partagée. Celle-ci ne donne pas de consigne explicite. Mais le message peut passer par les homélies, selon un ratio aléatoire. Au fond, j’ai la conviction que l’électorat catholique vote comme le pays.
Vos partisans vous décrivent selon les cas comme le candidat de la rupture et celui de la continuité. Et rien ne prouve que le soutien ostensible du président sortant constitue pour vous un atout. Comment gérer ce statut ambivalent ?
Il s’agit d’un schéma hyperclassique. Dès lors que je me suis investi dans ce gouvernement, j’incarne une forme de continuité. Mais il me faut aussi installer l’idée qu’il y aura des ruptures. Exercice rhétorique difficile, mais pas impossible. Au demeurant, on n’est jamais élu sur son bilan. Voyez Lionel Jospin en 2002 : 53% des Français approuvent son action et il ne parvient pas au second tour… Au Bénin, une différence territoriale marquée complique la donne : le Nord [vivier électoral de Boni Yayi] veut la continuité, le Sud la rupture…
Quel est le poids de ces tropismes identitaires ?
Question fondamentale. La construction de l’unité nationale est délicate partout, ici comme ailleurs. Et cet impératif hante Thomas Boni Yayi. En 55 ans, la présidence n’a été détenue par des «Nordistes» -en l’occurrence mon oncle Emile DerlinZinsou puis Nicéphore Soglo- que durant sept années pleines. Voilà deux décennies que, de nouveau, le pouvoir est au Nord. Il faut donc une forme d’alternance. A défaut, on risque de glisser de la différence à l’antagonisme. Voilà aussi pourquoi le chef de l’Etat a travaillé pour que ma candidature émerge. Mes racines sont au Sud, mais aussi au Centre. Issu de la diaspora -un lieu neutre-, j’ai une identité qui tend en outre à diluer les différences. Dans son esprit, il s’agit là d’un atout important pour apaiser les élans régionalistes. Personne ne peut me soupçonner d’actionner un jour un tel ressort. Je ne serai pas l’homme de la revanche du Sud.
Vos contradicteurs, à commencer par le professeur Albert Tévoédjrè, vous reprochent de bafouer l’article 63 du code électoral, lequel stipule que «l’usage des attributs, des biens et des moyens de l’Etat -à des fins de propagande- est et reste interdit six mois avant tout scrutin». Pourquoi avoir refusé de démissionner de votre fonction de Premier ministre, laquelle ne figure d’ailleurs pas dans la constitution ?
J’aurais agi ainsi si certains de mes adversaires n’avaient pas fait de cet enjeu un instrument ayant pour seule vocation de m’affaiblir. De toute façon, je ne les calmerais pas en cédant à leurs exigences : ils ne seront jamais rassasiés. Par ailleurs, aucun texte de loi, aucun précédent dans aucun pays ne m’oblige à me démettre ainsi de mes fonctions. Cette campagne est partie d’un groupe de laïcs de l’opposition, dont la thèse a été reprise par la Conférence épiscopale, puis amplifiée par le couple Soglo. En la matière, Albert Tévoédjrè fait preuve d’une incroyable mauvaise foi. Je ne pense pas que la «Nouvelle conscience» [thème de campagne de Koupaki et credo de Tévoédjrè] constitue un programme intelligent. Ses références aux «valeurs morales» renvoient à l’extrême-droite, à une forme de pétainisme, ou encore à l’idéologie du Tea Party américain. S’agissant d’Ajavon, je ne crois pas que le capitalisme sauvage conforme à la tradition de ce pays. De même, d’une manière générale, je ne considère pas la fraude douanière et l’évasion fiscale comme des modes d’enrichissements légitimes.
Revenons sur la question des «moyens de l’Etat». Lorsque j’ai eu mon accident d’hélicoptère [allusion à un crash sans gravité survenu le 26 décembre 2015 près de Djougou (Nord-Ouest) et dû selon toute vraisemblance à une erreur d’appréciation du pilote gêné par les bourrasques sableuses de l’harmattan], c’était la première fois que je l’empruntais, et ce en tant que chef du gouvernement. Voyez la résidence officielle que j’occupe : il n’y a pas ici un seul rideau, ou un seul meuble qui ne m’appartient pas. Mes déplacements à l’étranger, c’est moi qui les paye. Et j’emploie mes gens : les chauffeurs sont ceux de ma famille. En fait, je me demande si ce n’est pas plutôt l’Etat qui utilise mes moyens…
On sait le rôle dévolu à l’argent dans les campagnes électorales béninoises. Face aux «opérateurs économiques» Talon et Ajavon, pourvus d’une immense fortune, disposez-vous des moyens de vos ambitions politiques ?
Ici, on n’achète pas vraiment les voix. On paye les gens, et ceux-ci votent comme ils l’entendent. C’est ce que disait Mathieu Kérékou : «Prenez l’argent, sans doute volé au contribuable, et choisissez qui bon vous semble». La débauche de cash est donc vaine. Si Sébastien Ajavon ou Patrice Talon sort en tête, c’est que mon analyse est erronée. Ces deux hommes d’affaires n’ont pas trouvé de parti traditionnel prêt à porter leur candidature. Chacun en a donc créé un, éphémère, et s’emploie à acquérir la loyauté de corps intermédiaires. Cela posé, je n’aurai jamais les moyens de dépenser ce que dépensent ces deux opérateurs économiques.
Pourquoi vous être affiché avec Barthélémy Kassa, cet ancien ministre de l’Energie et de l’Eau, limogé en mai 2015 pour son implication supposée dans le détournement de crédits néerlandais d’un montant de quatre millions d’euros, censés financer des travaux d’assainissement ?
J’adhère au principe du respect de la présomption d’innocence. Si je devais me tenir à distance de tous les acteurs accusés ou présumés coupables, je risquerai de me retrouver un peu seul.
Source : L’Express
(Journal français)