Le représentant du camp de la rupture, Patrice Talon est dans les bras du peuple. Après une campagne pleine de finesse et riche en innovations, l’homme de la rupture tient un ultime round à négocier face à Lionel Zinsou, un produit politique sur l’étalage de l’Alliance républicaine. Dans le marché électoral, le coup d’envoi de la propagande est depuis hier donné par la Commission électorale nationale autonome (Céna).
Sorti en tête du premier tour avec 27% des suffrages exprimés, bien évidemment grâce au soutien du président sortant, Boni Yayi et des leaders des plus grandes formations politiques, Lionel Zinsou est en réalité puni par ‘‘le peuple de la rupture’’. Sa candidature rejetée par plus de 70% des électeurs semble plombée. Le peuple béninois est très allergique à la continuité. Dans l’histoire du renouveau démocratique et en cinq présidentielles, il a déjà boudé trois fois la continuité. Dimanche prochain, le quatrième véto arrêtera la course de Lionel Zinsou, relais de Boni Yayi.
Sur la balance de la rupture et de la Continuité ou de l’échec et de la victoire, le Général Mathieu Kérékou fut le seul à faire la double expérience. Ainsi, en 1991, ‘‘le peuple de la rupture’’ avait déposé le Kaméléon avant d’infliger la même correction à son successeur en 1996 pour un come-back spectaculaire de celui qui fut, au nom de la rupture, hué cinq ans plus tôt.
Les mêmes causes produisent…
En 2001, face à Nicéphore Soglo politiquement encore convalescent, le peuple accorde la continuité à une équipe qui, après les désistements de Soglo et de Me Adrien Houngbédji, arbitre le match amical entre deux candidats de la mouvance, le président sortant Kérékou et son ministre du plan, Bruno Amoussou. De même, Boni Yayi et le pouvoir cauri en 2011 feront valider au premier tour la continuité.
Mais avant, 2006 aura été l’année du candidat de la rupture. De la présidence de la Banque ouest africaine de développement (Boad) à la Marina, l’ancien conseiller à la cellule macroéconomique de Nicéphore Soglo surfe sur le slogan révolutionnaire « ça va changer, ca peut changer, ça doit changer » pour bénéficier du vote de la rupture. Dix ans plus tard, ‘‘le peuple de la rupture’’ s’apprête à poser la valise de Talon à la Marina contre la ligne de la continuité de Lionel Zinsou dauphin du président Boni Yayi et candidat de la coalition Fcbe-Prd-Rb.
Tout pour le sacre de la rupture !
L’habitude est une seconde nature. C’est même carrément devenu une tradition au Bénin. Jamais après deux mandats consécutifs, le peuple du renouveau démocratique n’a confié le pouvoir à un candidat du sérail. C’est dire, qu’à moins d’un tsunami ou d’un tremblement de terre, les statistiques qui plaident en faveur de Patrice Talon ne seront pas démenties dans les urnes.
Tout comme la fin de l’ère Kérékou a été sanctionnée par l’avènement du régime du changement, celle de Boni Yayi consacrera le règne de l’homme du Nouveau départ. La logique est implacable. L’épilogue du yayisme ne devra pas ouvrir la voie au sacre du candidat de la continuité. La logique du peuple de la rupture est favorable à Talon. En définitive, le peuple a fait son choix. Les leaders politiques ne sont que des guides et avec la bénédiction de nombre d’entre eux, regroupés au sein de la coalition de la rupture, la vérité des urnes sera implacable dimanche prochain. C’est une certitude.
Angelo DOSSOUMOU