C'est une déception pour le pouvoir. Si Lionel Zinsou arrive en tête du premier tour du scrutin, il est suivi de très près par l'hommes d'affaires Patrice Talon. Avant le second tour du 20 mars, retour sur un scrutin qui a chamboulé la carte politique et bousculé le système partisan.
[Cet article a été publié dans le n° 2879 de J.A., en kiosques le 13 mars, et a été mis à jour après l’annonce par la Cour constitutionnelle des résultats provisoires qui créditent Lionel Zinsou de 27,11 % (858 080 voix), Patrice Talon de 23,52 % (746 528 voix) et Sébastien Ajavon de 22,07 % (698 684 voix). Abdoulaye Bio-Tchané et Pascal Koupaki suivent avec respectivement 8,29 % (262 389 voix) et 5,60 % (177 251 voix).]
En entendant les membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena) annoncer, dans la nuit du 7 au 8 mars, les grandes tendances du premier tour de l‘élection présidentielle béninoise, le président sortant, Thomas Boni Yayi, a d’abord dû penser faire un mauvais rêve. Créditant Patrice Talon de 24,80 % des suffrages, ces chiffres plaçaient l’homme d’affaires en deuxième position, avec moins de 4 points de retard sur le Premier ministre, Lionel Zinsou (28,44 %), et devant Sébastien Ajavon (23,03 %), Abdoulaye Bio-Tchané (8,79 %) et Pascal Irénée Koupaki (5,85 %). L’hypothèse qui le hante depuis des mois – voir Talon remporter le scrutin trois ans et six mois après qu’il a fui Cotonou par la brousse – devenait réalité.
Au soir du premier tour, le dimanche 6 mars, l’entourage du chef de l’État, conforté par les tendances que leur communiquait le ministre de l’Intérieur, semblait pourtant persuadé que la victoire de Zinsou dès le premier tour était envisageable. Mais dès le lendemain matin, les estimations du même ministre avaient pris du plomb dans l’aile. Toute la journée de lundi, Boni Yayi a semblé dépassé par la situation, demandant même à plusieurs journalistes les chiffres dont ils disposaient. L’annonce de la Cena a eu l’effet d’une bombe.
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