"En m?accueillant ici, vous poursuivez votre détermination à combattre l?obscurantisme et à convoquer la diversité de la connaissance", a affirmé jeudi l'écrivain franco-congolais Alain Mabanckou au Collège de France pour sa leçon inaugurale de la chaire de "création artistique".
La salle de 430 places était trop petite pour accueillir tous ceux qui voulaient assister à cette séance exceptionnelle. C'est la première fois qu'un romancier occupe cette chaire créée en 2005.
Veste bleue moirée, noeud papillon sur chemise blanche, le romancier âgé de 50 ans a déroulé pendant un peu plus d'une heure une leçon inaugurale sur "les lettres noires" faisant alterner humour et sérieux avec toujours comme un fil rouge un profond humanisme.
Expliquant qu'en 1530, au moment de la fondation du Collège, les Africains "n'existaient pas en tant qu'être humain", il a expliqué qu'alors "en Sénégambie, un cheval valait de six à huit esclaves noirs". "C'est ce qui explique mon appréhension de pratiquer l'équitation", a-t-il ajouté malicieusement.
L'ambassadeur du Congo à Paris, Henri Lopes était également présent mais, après sa leçon, Alain Mabanckou a tenu à préciser qu'il avait invité M. Lopes "en tant qu'écrivain". "Quand j'invite Henri Lopes, mon grand frère, je n'invite pas l'ambassadeur", a insisté le romancier. "Je ne peux pas considérer que Henri Lopes est venu représenter le Congo. J'ai constaté la débâcle des instances congolaises qui estiment que les élections qui se passent là-bas sont plus importantes que l'entrée de la littérature africaine au Collège de France".
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