Le second tour de la présidentielle a montré les limites politiques de maitre Adrien Houngbédji. En effet, le leader des tchoco tchoco a été laminé dans ses fiefs où son soutien devrait permettre au candidat Lionel Zinsou de ratisser large. Mais le constat est tout autre. Le Prd qui de tout temps a dicté sa loi dans les départements de l’Ouémé et du Plateau, est en perte de vitesse.
Parmi les multiples raisons qui ont favorisé le vote impressionnant pour ce personnage atypique, il en est une rarement évoquée et que le veux signaler. On se souvient peut-être qu’à la demande de Yayi Boni, Patrice Talon a été interpellé à Cotonou le 26 avril 2012, interrogé par la police et gardé à vue dans les conditions les plus abjectes. Rien ne contraignait Yayi Boni à une telle extrémité mais il tenait avec ses courtisans à faire subir à Talon la torture de se voir devenu son « scabellum pedum- l’escabeau de ses pieds » ! Beaucoup - dont je suis- voient dans l’actuelle victoire de Talon une sorte d’humour du destin qui rappelle que « l’homme humilié de l’homme n’est pas voulu de Dieu ». Outre cette sympathie secrète pour une victime de la rancœur, d’autres motifs plus profonds, de foi et de raison, expliquent le vote que j’ai émis en faveur du nouvel élu. Essayant modestement de ne pas me comporter en « chrétien Kpayo », je ne pouvais ignorer les critères de choix suggérés pour cette élection par la Conférence épiscopale du Bénin dans sa « Lettre Pastorale - Sous le regard de Dieu- » en ce qui concerne les valeurs morales, la nécessité de la conversion personnelle, le primat de la conscience et la « connaissance historique, géographique et socio-anthropologique du pays ».
Le candidat Lionel Zinsou s’étant frontalement opposé aux « valeurs morales » dans lesquelles je classe les valeurs familiales , et n’ayant jamais démenti les propos tenus dans l’Express du 3 Mars à ce sujet, propos incluant le plus grand mépris pour l’orientation « Nouvelle conscience » qui serait « manque d’intelligence » ,je ne pouvais en aucun cas lui accorder mon suffrage. Un suffrage que malgré tout je lui aurais peut être offert s’il avait par exemple après neuf mois de séjour au pays réussi à émerveiller ses compatriotes en prononçant un bref discours dans l’une des langues de notre terroir… Cela ne me classe en rien dans un registre de mauvaise foi ou d’hostilité personnelle. Mon choix citoyen est celui de « l’honneur, du bon sens et de l’intérêt supérieur de la patrie » Il est celui du respect sincère que j’éprouve pour Lionel Zinsou et sa famille sans jamais trahir la vérité de ma conscience et la responsabilité de chacun dans son rôle d’éducateur social. Avec François Mitterrand, « je crois aux forces de l’esprit »et je m’en fais l’humble serviteur. J’accompagnerai volontiers Lionel Zinsou dans tout projet convaincant utile à ce pays. Patrice Talon m’ayant assuré qu’il travaillerait en équipe notamment avec Pascal Koupaki (mon candidat ) et le très estimé Abdoulaye Bio Tchané ,deux garants , à mes yeux ,de la compétence avérée et du souci de la « conscience en action » , j’ai résolu, après avoir constaté lors du débat télévisé du 17 mars que Lionel Zinsou n’était décidément pas au niveau de nos attentes tant dans ses propos que dans son comportement, de confirmer mon choix pour le « candidat de la rupture » ,sachant parfaitement- le taux d’abstention en est la preuve- que dans les circonstances présentes nous élirions non pas un « héros ou un saint » mais un homme de bonne volonté avec ses qualités - grandes et petites -. Nous avons cependant pris soin d’obtenir de lui l’engagement de faire équipe avec des compétences qui nous rassurent. Le soutien opportun, généreux et déterminant de Sébastien Ajavon renforce définitivement la confiance de beaucoup. Davantage, Patrice Talon a étonné en choisissant -sans y être contraint- de ne pas chercher à « s’éterniser au pouvoir ». Sa décision de n’accomplir qu’un mandat de cinq ans est un lumineux signe de rupture qui annonce une espérance démocratique africaine d’immense portée ! Car, « Surgir, agir et disparaître pour que la semence porte du fruit », c’est un choix de comportement et d’engagement politique, une opportunité d’excellence rarement saisie. Cette leçon me vient d’Ange Boulo, disciple oublié de Melchior de Brésillac. C’est une force secrète réservée à quelques-uns… Peu importe qu’elle s’incarne en un Zachée ingénieusement installé au sommet d’un sycomore ou en un bédouin de Cyrène fortuitement surgi de son désert pour -lui aussi- porter la croix de la résurrection d’une patrie décadente ! Toute rédemption est mystère où s’entremêlent des figures contrastées : Joseph et son épouse « confisquée », Siméon et Nicodème, Pierre, Jean et Judas, Véronique et Marie- Madeleine, Ponce-Pilate…mais aussi ce fameux « bon larron », pénitent de la dernière minute, privilégié de la courte échelle désormais immortalisée en la très bienfaisante « miséricorde divine » ! C’est ce qui nous arrive en ce 20 Mars 2016 où nous accueillons la grâce d’un « nouveau départ ». Je suis heureux et reconnaissant de constater que mon humble point de vue a rejoint celui de la très grande majorité des électeurs béninois qui ont fait fi des énormes pressions intérieures et extérieures dont il a fallu se libérer et ont voté massivement pour Patrice Talon désormais porteur de notre volonté de rupture et de renaissance. Oui, une fois encore, au-delà du doute méthodique, « Nous avons vaincu La fatalité ! »
Que vive donc le Bénin «
Sous le regard de Dieu » !