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Art et Culture

Erick-Hector Hounkpè au sujet des activités périphériques du Fitheb : « C’est une masturbation intellectuelle qui… »
Publié le lundi 21 mars 2016  |  Matin libre
Eric
© Autre presse par DR
Eric Hector Hounkpè




Le Directeur du Festival international de théâtre du Bénin, Erick-Hector Hounkpè, s’est employé a levé un coin de voile sur les raisons qui fondent l’instauration des activités périphériques au Fitheb, notamment la table ronde. C’était à la faveur d’une conférence de pressedonnée le samedi 19 mars dernier au siège de l’institution.

Matin Libre : Pourquoi la table est ronde au lieu d’être rectangulaire ?

Erick-Hector Hounkpè : Une table ronde, parce que c’est une tradition dans le Festival International du Théâtre du Bénin (Fitheb) d’avoir des activités périphériques intellectuelles. Soit c’est une table ronde, soit c’est un colloque, soit c’est une série de conférences qu’on donne pour fédérer des professeurs d’université, des praticiens de théâtres, des metteurs en scène, de gens pour pouvoir conduire la réflexion sur les métiers de théâtre et leur avenir sur les préoccupations que portent les créations théâtrales. Et donc, c’est une masturbation intellectuelle qui se fait au sein du Fitheb depuis longtemps. Voilà la première raison.

L’autre raison qui permet de répondre à la question pourquoi ce thème, c’est qu’il nous faut mener la réflexion sur le parcours du théâtre au Bénin. Et nous avons choisi, parce que le Fitheb a 25 ans, la thématique : « 25 ans de renouveau démocratique, 25 ans de Fitheb : théâtre, démocratie et développement au Bénin et en Afrique ». La démarche est pour réévaluer les rapports entre théâtre et démocratie, théâtre et politique, théâtre et développement, et souligner l’apport des femmes et hommes de théâtre à la résurgence de la démocratie au Bénin, en Afrique et dans le monde. Je le dis d’autant que nous devons situer les faits. Le renouveau démocratique nous est revenu après des péripéties douloureuses en 86, 87, 88, 89. Les mouvements subversifs, d’abord scolaires, estudiantins, et puis sociaux qui ont donc conduit à la Conférence des forces vives de la nation comme on le disait, ayant généré la Constitution du 11 décembre 1990. A partir de là, les premières élections du renouveau démocratique ont eu lieu en mars 2011 et ont fondé le démarrage du régime… on est revenu à la démocratie en 90, on a commencé par faire les élections en 91. Le Fitheb est né aussi en 91 sur papier, et sa première édition a eu lieu en 91. La jonction est toute faite. La deuxième raison de cette jonction est que cela nous permet de célébrer l’engagement des hommes du théâtre du Bénin, surtout quant au renouveau démocratique. Nous rappellerons par-là les cerveaux noirs qui ont été une troupe engagée. Je me rappelle… et d’autres qui ont porté ce flambeau de critique et d’expansion du théâtre dans les coins les plus reculés, dans les écoles. Et puis, ce que la génération actuelle ne peut oublier, il y a l’épopée de l’Ensemble Artistique et Culturel des Etudiants pour préparer, créer et installer des pièces foncièrement critiques ayant conduit inévitablement à la prise de conscience des peuples, et donc ayant conduit à libérer les peuples vers la démocratie. Il était important pour nous de célébrer ces hommes parce que personne ne les rappelle dans l’histoire, personne n’a l’intelligence d’aller dans les tréfonds de ce qui s’est passé. Mais nous espérons que les historiens le feront. Nous autres qui avons vu faire, nous voulons que ces acteurs viennent témoigner, et que les jeunes comprennent que ça n’a pas commencé par eux, que de défendre un idéal démocratique.

Qu’attendez-vous de cette table ronde ?

Ce que nous attendons de cette table ronde, c’est d’abord que les hommes et les femmes que nous avons invités soient là, se retrouvent et discutent sans grande prétention. Ensuite, qu’en filigrane, les idées se précisent et dégagent un cahier de charges et pour le théâtre béninois et pour la démocratie béninoise à l’avenir. Nous sommes comme des avant-gardistes, nous voulons le rester. Nous sommes ceux qui fondent demain, nous voulons le rester. Donc nous voulons poser déjà les jalons, le Fitheb est heureux d’ouvrir ce pont d’ici à l’avenir.

Quel usage sera fait des réflexions issues de cette table ronde ?

A l’issue de cette table ronde, nous nous donnons le devoir de mettre l’ensemble des idées dans une brochure pour que la postérité puisse y avoir accès. Ça ne sera qu’un document, sans prétention, ceux qui s’en empareront en feront ce qu’ils voudront. Ça permettra d’essayer de lancer les éditions du Fitheb.

Il y a trois panels. Le premier et le deuxième pour la première journée. « Théâtre et politique » : ça nous permet de rentrer dans l’histoire, et de nous rappeler que depuis William Ponty, les Béninois faisaient du théâtre politique, « Condo le Requin » de feu Jean Pliya. Et de comprendre que les hommes de théâtre ont toujours été des hommes d’engagement. Il y aura comme deuxième panel, « Théâtre et démocratie », pour faire le point avec… et l’Eace. Et là,… et le fondateur de l’Eace, je veux parler du génial médecin Paul A… ceux-là vont pouvoir parler. Le troisième panel le lendemain, ça sera « Théâtre et Développement », c’est une démarche d’actualisation. Ça concerne tout le monde. Donc tous les invités pourront animer le débat chaque fois, mais là de façon plus vivante. Parce qu’il sera question de projeter le Bénin, le continent pourquoi pas le monde via le théâtre vers le futur. Quels sont les ingrédients, quelles sont les nouvelles thématiques que les hommes de théâtre regardant et observant l’environnement politico-social pourront désormais capter et faire ventiler dans leurs œuvres ? Quelles sont nos nouvelles interrogations ?

Propos recueillis par Teddy GANDIGBE

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