Jean-Baptiste Elias, président du Fonac
« Nous avons sillonné les bureaux de vote à Cotonou, Allada, Abomey-Calavi et poursuivrons notre randonnée dans d’autres bureaux de vote. Le premier constat que nous avons fait, c’est qu’il y a le calme partout. C’est déjà un signe important et intéressant. Le second constat est qu’à cette heure-ci (environ 13heures), les populations ne sont pas sorties aussi nombreuses qu’au premier tour.
Tout semble bien se passer partout où nous sommes passés, sauf qu’il y a quelques problèmes par rapport à certaines cartes d’électeur où les cachets d’identification ne sont pas toujours à la disposition des postes de vote. Nous avons reçu des informations alarmantes de l’intérieur du pays pour lesquelles nous avons demandé des vérifications à nos observateurs. Il y a eu des situations où des personnes votent avec des cartes qui ne sont pas les leurs. D’autres personnes ont été surprises avec plusieurs cartes de vote. Il y a également des personnes postées aux alentours des postes de vote, distribuant des billets de banque aux électeurs. L’argent circule beaucoup dans ce vote. Cela pose énormément de problèmes. Nous nous interrogeons sur la source de ces billets. Malheureusement, nous avons constaté que les huissiers de justice ne sont pas présents partout à l’intérieur du pays. De ce fait, le constat d’huissier sera difficile à faire. A Matéri, par exemple, où il y a eu des problèmes, nous n’avons pas trouvé d’huissiers. Ils seraient à Natitingou et à Djougou. Vous imaginez les contraintes que cela pose, s’il faut les déplacer de ces villes pour aller régler des problèmes à Matéri. Le temps d’arrivée, ce serait difficile. La Gendarmerie et la Police semblent être aussi dans des conditions difficiles pour faire ces constats. Les populations s’impatientent et nous les avons appelées au calme et à la sérénité. Que ceux qui donnent des consignes favorisant les bourrages d’urnes puissent cesser, parce qu’ils ne rendent pas service aux populations. Le problème semble se poser avec des personnes qui développent les mêmes stratégies. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, des fraudes peuvent s’orchestrer ».
Lionel Zinsou, candidat
« Je viens de voter en ce jour historique pour le Bénin. J’ai accompli mon devoir citoyen avec beaucoup de sérénité et de confiance. J’exhorte tous nos compatriotes à sortir massivement pour accomplir leur devoir civique. De grands espoirs se sont soulevés dans notre pays. Il faut que nous puissions satisfaire ces espoirs. Cela passe donc par un vote massif en faveur de la démocratie béninoise. C’est un jour rempli d’émotions pour moi parce que ma grand-mère est née un dimanche des Rameaux à Cotonou. Je suis content comme son petit-fils, d’avoir accompli mon devoir civique. Je félicite tous les militants des candidats qui ont livré une campagne exemplaire. Cela reste un modèle pour l’Afrique. Je souhaite que ce jour du scrutin traduise la même sérénité qui a règné pendant la campagne électorale et que pour le reste, tout puisse se passe sans tension. Je souhaite que les jours qui suivront le scrutin et qui auront désigné le président de tous les Béninois, soient aussi empreints de paix. La paix, c’est ce qui nous rassemble tous et nous devons tous la préserver ».
Sébastien Ajavon, candidat au 1er tour, membre de la coalition de rupture
« Je viens d’accomplir mon devoir citoyen. Que l’Esprit Saint veille sur le Bénin pour que cette élection présidentielle se passe dans la paix et la sérénité. Nous déplorons beaucoup de cas de fraudes, de malversations au plus haut niveau. Mais nous devons rester calmes. Le peuple tranchera et le Bénin vaincra. Si le candidat Patrice Talon est élu président, je travaillerai avec lui. Il n’y a même pas de débat autour de la question, parce que nous devons apporter notre pierre à l’édifice de la Nation. Il y a beaucoup de similitudes entre mon programme de société et le sien. Nous ferons donc le chemin ensemble. Que Dieu nous prête vie et vous verrez dans quelques temps, le changement positif dans le pays ».
Koubourath Osséni, grande chancelière de l’Ordre national du Bénin
« J'ai vu que tout se passe bien, les gens sont joyeux. Que le Seigneur ait sa main sur le Bénin. Depuis 25 ans qu’on vote, pourquoi veut-on que ça se passe mal ? Le Togo n’a pas de place ; le Nigeria non plus. Prions le Seigneur afin que tout se déroule bien. Aidons-nous pour que le Bénin ne se casse pas ».
Robert Dossou, ancien président de la Cour constitutionnelle
L’ancien président de la Cour constitutionnelle, opinant, a salué la Céna et tous ceux qui ont participé à l’organisation du 2e tour du scrutin. « Mes impressions sont bonnes », a déclaré Me Robert Dossou en saluant également la plate-forme des Organisations de la Société civile. Il pense aussi que les appels à la paix constituent une bonne partition. En cela, il félicite le Centre Afrika Obota et toutes les autres institutions qui se battent pour la préservation de la paix.
« Etre adversaires au plan politique n’est pas être ennemis ; notre peuple est à l’apprentissage et il y a beaucoup de leçons positives à tirer et des corrections à faire », a retenu l’ancien président de la Cour constitutionnelle qui pense que le Bénin est un peuple qui aime les raccourcis.
Pour Robert Dossou, la grande majorité des Béninois ne veut plus des pratiques du passé. « J’espère que nous n’en viendrons pas là », enchaine-t-il, appelant les observateurs et les délégués de la Cour constitutionnelle à rassembler les preuves pour les indélicatesses éventuelles en cas de recours.
Il a donc invité les supporters et autres sympathisants des candidats à être raisonnables car, espère-t-il, la victoire coûte que coûte n’amènera pas là.
Par ailleurs, il pense que l’achat des consciences décrié et proscrit doit être banni.
Propos recueillis par Didier Pascal DOGUE et Maryse Assogbadjo