Plus l’ombre d’un doute, le prochain président de la République du Bénin, après Boni Yayi, est Patrice Talon. Il prendra les rênes du pays le 6 avril 2016. Mais la question qui se pose aujourd’hui est de savoir qui et quels partis politiques constitueront l’opposition à son régime ?
Depuis dimanche dernier que la victoire de Patrice Talon à la présidentielle de 2016 se dessine, les ralliements ne font que se multiplier de la part des partisans ou non de la rupture. Tout le monde se met prêt à travailler avec lui. Le ralliement le plus inattendu est celui du Parti du renouveau démocratique (Prd). Le Prd, on se rappelle, fait partie de la coalition république ayant soutenu le candidat Lionel Zinsou, candidat malheureux au second tour du scrutin. Le mardi 12 janvier dernier, le Prd, la Renaissance du Bénin (Rb) et les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) se sont mis ensemble pour soutenir le candidat choisi par le Chef de l’Etat sortant, Boni Yayi. L’annonce de cette alliance a fait frémir plus d’un. Et les responsables de celle-ci y avaient déjà vu une victoire au 1er tour des élections. Ce qui n’a pas été le cas. Pire, c’est le candidat de la rupture, Patrice Talon qui a été préféré par les électeurs béninois. Et depuis, on a l’impression que les adversaires de Talon, il y a quelques jours seulement, sont déjà prêts à travailler avec lui. A l’occasion d’une conférence de presse hier, l’honorable Augustin Ahouanvoébla a annoncé que la Direction exécutive nationale du Prd a tenu une séance extraordinaire le lundi 21 mars 2016 à Porto-Novo, et il a été décidé de la position à adopter vis-à-vis de la nouvelle donne. Le communiqué sanctionnant la séance du Bureau national souligne : «(…) Analysant également les grandes tendances des résultats rendues publiques par la Céna, la délégation a fait savoir que la Den a compris le message à elle adressé par les militants. Les sympathisants et les électeurs du Prd, ont décidé de le prendre en compte, conformément à la résolution du Conseil national tenu à lfangni le 22 février 2014, et relative à sa volonté de participer à l’exercice du pouvoir d’Etat en lieu et place d’une posture d’opposition. (…) La Den félicite chaleureusement le candidat Patrice Talon pour sa brillante élection, et l’assure du soutien du parti du Renouveau Démocratique dans I ’accomplissement de la tâche de redressement économique, de réformes institutionnelles et de renforcement de la cohésion et de l’unité nationale». Autrement, le Prd n’a nullement envie de prolonger son opposition aux régimes successifs.
Avant le Prd, Lionel Zinsou et d’autres
Le Prd est fatigué de l’opposition. Lionel Zinsou lui, veut être utile à son pays. Il l’a signifié dans sa déclaration à la presse lundi dernier et ceci, quelques minutes après la proclamation des grandes tendances par la Céna : «(…) Je voudrais aussi vous dire qu’à titre personnel, c’est bien mon intention de servir mon pays et de continuer à servir. Il y a de très nombreuses façons de se rendre utile à son pays. Et je compte bien être dans l’amour de la patrie, dans le respect des institutions, dans le respect des nouvelles institutions. Je compte bien être là pour accompagner cet élan de développement, au-delà de toutes les opinions politiques, notre peuple tout entier veut voir se réaliser notre pays. Je suis très serein à titre personnel et je suis très confiant dans notre pays, dans ses compétences, dans son potentiel, je sais que notre pays comme beaucoup d’autres pays frères souffrent et qu’il faut beaucoup de réformes, et qu’il faut tacler les misères, la défaire et le chômage…». Si son appel est entendu par Talon, il n’est pas exclu qu’on retrouve le Premier ministre dans le prochain gouvernement. Désiré Vodonou, un autre soutien de Lionel Zinsou, a aussi jeté l’éponge : «Bravo au zou et bon vent pour mon cher grand frère président. Le peuple du Zou sera simplement fier de toi si tu marques la rupture tant prônée d’une marque indélébile ton département maternel à qui tu dois tout. Tu auras mon soutien indéfectible dans l’élan de vouloir tout lui donner afin de le sortir de son sous-développement qui est mon combat de tous les jours», a-t-il publié sur sa page facebook. Les regards sont désormais tournés vers la Rb et les Fcbe. Un revirement de leur part ne sera plus une surprise. Ils iront tout simplement rejoindre leurs anciens camarades qui avaient déjà fait le pas avant le second tour.
Chabi Yayi donne le ton…
Aujourd’hui, le seul qui a montré des signes de s’opposer au tout nouveau président est Chabi Yayi. Le fils du Chef de l’Etat sortant, dans un message posté sur les réseaux sociaux, a dit tout son dégoût par rapport à ceux qui ont servi son papa et qui, finalement, l’ont quitté pour l’ennemi numéro 1. Et il clarifie : «(…) Enfin moi je continuerai le combat. La vie politique est faite de mouvance et d’opposition. Je pense qu’il est temps pour moi de sortir du bois. Je jouerai ma partition. Je suis un combattant qui ne lâche jamais. Il faut reconnaître que nous avons transformé un quidam politique en héros national avec notre politique. Mais c’est une leçon de vie pour nous tous qui sommes jeunes ici. J’aurais beaucoup appris dans ces dernières années humainement sur la reconnaissance de l’Homme et la trahison ». Là au moins c’est bien clair.
Jean-Marie Sèdolo