L’essence Kpayo fait toujours courir le gouvernement. On en veut pour preuve la campagne de sensibilisation qui a démarré depuis quelques jours sur les écrans de la télévision nationale et qui ne manque malheureusement pas de susciter des réactions comme cela a été le cas de la répression meurtrière engagée contre les trafiquants de l’essence frelatée à Djrègbé, Mènontin, Vèdoko…
« L’essence de contrebande tue les Béninois…L’essence de contrebande tue l’économie béninoise… ». C’est en substance le message que fait diffuser depuis quelques temps le gouvernement béninois dans le cadre de la lutte qu’il a engagée contre l’essence Kpayo. Ce message est souvent accompagné d’images atroces et d’horreur. Pour toucher la sensibilité des Béninois, les sensibilisateurs n’ont pas hésité un seul instant à faire retourner le couteau dans la plaie. Ils ont, entre autres, fait recours aux images des drames subis par les populations de Porga et d’ailleurs. Les cœurs sensibles, on s’en fou royalement ! L’essentiel est que l’objectif poursuivi soit atteint. Mais hélas ! La réalité est aujourd’hui là. Tout comme sur le plan de la répression mortelle engagée par le gouvernement (on se souvient des morts de Djrègbé, de Mènontin et de Vèdoko), c’est un effet contraire à celui qui est espéré qu’on commence déjà par enregistrer. Dans certains ménages, on préfère zapper lorsque passe ce spot de sensibilisation réalisé par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre l’essence de contrebande. Et ceci, parce que les images qui accompagnent le message diffusé sont insoutenables, surtout pour des enfants et des âmes sensibles.
C’est du moins le constat que nous avons fait après nos investigations. Certains Béninois que nous avons interrogés ont condamné ces images. Pour eux, elles risquent bien de replonger les parents des victimes dans les mauvais souvenirs qu’ils faisaient déjà l’effort d’oublier. « Le choix de ces images violent l’article 16 du code de déontologie et de l’éthique dans les médias qui dispose que le journaliste doit s’abstenir, autant que possible, de publier des scènes de violence, des images macabres et obscènes », a fait remarquer un expert en déontologie et en éthique dans les médias. Ces réactions enregistrées de part et d’autre montrent les limites de la méthode de sensibilisation choisie par le gouvernement pour amener les Béninois à se séparer de l’essence de contrebande. Il faudra donc changer de fusil d’épaule.