Le scrutin présidentiel du dimanche 20 mars a consacré la victoire de la Rupture sur la continuité. Mais très vite, les perdants se déclarent prêts à travailler avec le président Patrice Talon, porte-flambeau de cette Rupture. Ce qui garantit au nouveau président, une majorité stable à l’Assemblée nationale.
Il n’y a plus aucun doute, même pas un cataclysme que certains pourraient craindre en pensant à un éventuel entêtement d’un pouvoir humilié et battu qui chercherait par tous les moyens à voler la victoire du peuple, une victoire tellement nette et éclatante. Patrice Talon est le prochain président du Bénin, déjouant toutes les stratégies et les manœuvres mises en œuvre par le régime et ses thuriféraires de même que ses alliés qui se réclamaient de l’alliance républicaine pour porter Lionel Zinsou au pouvoir. Le Ko qu’ils avaient promis a été rejeté par un peuple déb78out, déterminé et prêt à tous pour exprimer son ras-le-bol face à un régime d’imposteurs et de voyous qui assimilent le pays à leur propriété privée. Quand on les traitait de voyous, on nous a mis le couteau à la gorge, en nous blâmant et surtout en nous mettant au chômage. Aujourd’hui, où en sommes-nous? Le peuple les a sanctionnés. Le vent qui était favorable au candidat de la Rupture, les a balayés. Du chef de l’Etat jusqu’au planton. Mais ils ne s’avouent pas vaincus et enterrés. L’élection est terminée, et il faut que le pays se remette au travail sous l’impulsion du nouveau président qui déclare déjà qu’il travaillera avec tout le monde. Il n’y a pas de « Yayistes » à part, ni de pro- Zinsou à part.
Vers une majorité stable à l’Assemblée pour Talon
Le 2nd tour de l’élection présidentielle du dimanche 20 mars qui s’est déroulé sans heurt donne une écrasante victoire à Patrice Talon. Mais de quels soutiens bénéficiera t-il à l’Assemblée nationale durant son unique quinquennat placé sous le signe du Nouveau départ ? Déjà soutenu par la majorité des députés de l’Union fait la Nation qui s’est battue pour son élection et en espérant le ralliement sans doute de Eric Houndété qui avait opté pour Lionel Zinsou, il pourra aussi compter sur des élus issus des forces politiques telles que l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt) de Bio Tchané, l’alliance des Forces démocratiques unies (Fdu) de Mathurin Nago, l’Alliance nationale pour la démocratie et le développement (And) de Valentin Houdé, des députés Fcbe mais candidats malheureux à la présidentielle, à l’image de Marcel de Souza qui, nommé président de la Commission de la Cedeao cèdera son fauteuil à son suppléant, Rachidi Gbadamassi, Sofiath Shanou, Nassirou Arifari Bako. Il faut ajouter à cette liste des partis ou personnalités qui l’ont poussé à la victoire au second tour, le député Atao Hinnouho. L’autre soutien indéfectible dont il ne souffrira point est celui des députés de l’alliance Soleil, à savoir Sacca Lafia, Issa Salifou, Robert Gbian et René Bagoudou. Le Prd de Adrien Houngbédji, fort de son groupe parlementaire, ne fera pas l’opposition et rassure déjà le nouveau président de l’accompagner durant son mandat. Léhady Soglo lorgne aussi du côté du nouveau pouvoir. La Renaissance du Bénin, en alliance avec le Réveil patriotique de Janvier Yahouédéou qui fait désormais partie de ceux qui ont rendu facile cette victoire, sera dans la même dynamique de soutien au Parlement. Des indiscrétions évoquent également l’allégeance du député Edmond Agoua, leader de l’alliance Eclaireur, au nouvel homme fort du Bénin. A cette allure, le reste des élus Fcbe et Ub ne pourra pas constituer une opposition forte face à cette coalition qui se met en place. Sans risque de se tromper, le nouveau président pourra gouverner avec une majorité relativement stable. Cela devra démentir les langues qui envisagent la descente aux enfers de certaines forces politiques qui ont soutenu Lionel Zinsou.
Des soutiens utiles à l’Assemblée
Depuis la proclamation des grandes tendances du second tour par la Céna, de nouveaux soutiens sans lesquels, le nouveau chef de l’Etat ne pourra gouverner avec facilité se déclarent. Le Prd de Me Adrien Houngbédji, les maires de Cotonou Léhady Soglo et d’Abomey, Blaise Ahanhanzo Glèlè, patrons de la Rb représentée à l’Assemblée, des députés pro Zinsou et d’autres chefs de partis, qui n’ont donné aucun coup de pousse à Patrice Talon, lui garantissent leurs soutiens pour son quinquennat. Et ils sont de plus en plus nombreux à applaudir le nouveau président, qu’ils avaient pourtant couvert d’injures et méprisé. Ils sont aussi de plus en plus nombreux et le seront davantage à embûcher leurs trompettes pour devenir les griots du nouvel homme fort. Ces soutiens d’après la victoire seront utiles au Parlement pour le nouveau chef de l’Exécutif. Ils sont en tout cas plus nombreux que les artisans de cette victoire à chercher ici et là, d’autres façons de rester au sein de la majorité présidentielle. Le prochain locataire de la Marina a les bras ouverts pour les accueillir. Il est vrai que le président aura besoin de ces forces à l’Assemblée pour bien gouverner, mais il est aussi indiscutable que chaque grande élection produit des tournants et accouche de deux camps : celui des gagnants qui sont de la mouvance et celui des perdants qui ont leur place dans l’opposition. Tel doit être le sens de l’élection de mars 2016 au Bénin. L’une des réformes auxquelles le nouveau président du pays appelle de tous ses vœux doit permettre d’assainir cette classe politique beaucoup trop opportuniste, très souvent à l’écart des aspirations du peuple, afin qu’à l’issue d’une élection comme celle qu’on vient d’organiser, le perdant et sa clique animent une opposition constructive. Nul doute que la politique du président Patrice Talon permettra une redistribution assez large des bienfaits de ses réformes économiques. Nul doute aussi que le prochain régime, le plus attendu par les populations infléchira le cours du pays et mettra un frein aux maux qui sont sources des errances du pays.
Encore plus de soutiens
Entre les deux tours, beaucoup ont déjà pris leur place dans le paquebot de la Rupture. On a entendu, le pasteur Michel Alokpo, qui n’est que l’ombre de lui-même, après avoir fait la pluie et le beau temps sous ce régime finissant, déclarer publiquement qu’il soutient l’ennemi juré de son patron encore aux affaires. Cela lui a valu quelques « fessées » à la présidence pour l’amener à revenir sur ses déclarations. Il est resté de marbre. On a aussi suivi avec beaucoup d’attention le revirement spectaculaire, mais utile du Rnd, parti de l’ancien ministre de Yayi Boni, Jean-Michel Abimbola, aujourd’hui député Fcbe, socle de la coalition républicaine ayant soutenu Lionel Zinsou. Là où le revirement a fait plus effet, c’est du côté de l’Undp, formation politique dont l’ex-président de la République Emile Derlin Zinsou, oncle du premier ministre candidat, reste le propriétaire légitime, même s’il a légué ses responsabilités à Jean-Claude Codjia, Basile Ahossi, Anne Cica Adjaï et autres. Alors qu’au premier tour, des ténors du parti ont ferraillé pour Lionel Zinsou, ils ont choisi sous couvert de l’Undp de rejoindre Patrice Talon. On a vu un peu partout, des changements similaires se produire, augmentant sans doute les chances du candidat de la Rupture. Sans négocier, il a obtenu des soutiens de ceux qui l’avaient combattu.
Fidèle Nanga