La crise à la Rb vient de prendre une nouvelle tournure. Les têtes couronnées du plateau d'Abomey s'invitent dans les débats et prennent parti contre le président de la formation politique dont-ils réclament le départ. Estimant que leur parti est devenu une " machine à fabriquer la misère, la souffrance, la division et l'échec au quotidien " ; ces dignitaires montent le ton et menacent de radicaliser leur position si rien n'est fait. De cette confusion, on peut déduire que la 'Renaissance du Bénin' est en proie à un malaise profond.
Les têtes couronnées et sages de la cité historique des Houégbadjavi (Abomey) se sont rencontrés ce weekend pour se prononcer sur des sujets relatifs à leur traditionnel parti politique. Au cours de ladite rencontre, il a été question d'analyser la crise qui secoue actuellement la Renaissance du Bénin, simple conséquence des démissions successives enregistrées au sein du parti ces derniers jours, le remplacement au gouvernement de Blaise Ahanhanzo-Glèlè et la gestion jugée chaotique des ressources humaines du parti.
Discours catégorique
Les dignitaires d'Abomey ont enfin décidé d'exprimer les frustrations et exigences, de se vider aux responsables de la Rb qui perdent de plus en plus la confiance de leurs militants. Selon les chefs traditionnels, " la gestion d'un parti qui se veut national, démocratique et prospère ne doit pas se limiter au seul commandement et bon vouloir d'un seul individu fût-il héritier." Dénonçant ainsi la privation des libertés d'expression dans le parti, ces têtes couronnées disent être " rassasiés et constipés de la gestion de Léhady Vinangnon Soglo qui, au-delà de tous maux, en ajoute au calvaire des militants à la base ". Insistant sur quelques-uns des facteurs qui confirment la dégringolade de ce grand parti tels que la composition du bureau politique composé à 75% de cadres de la Mairie de Cotonou, la diminution progressive du nombre de députés etc., les dignitaires d'Abomey exigent " une autre vision de la gestion de notre patrimoine commun qu'est la Renaissance du Bénin et si possible le départ de Léhady Vinangnon Soglo de la tête du parti avec sa gestion solitaire, autocratique et chaotique pour qu'Abomey aspire enfin à un mieux être "
Crises persistantes
Les difficultés de la Renaissance du Bénin se multiplient et il urge de s'en préoccuper. Parti de 27 députés, le parti des Soglo n'a eu que 9 députés à l'issue des dernières législatives avec le soutien de l'Union fait la Nation. Mieux, trois de ces députés viennent de démissionner du parti, faisant disparaitre son seul groupe parlementaire. Alors qu'elle est fortement concurrencée à Cotonou par la mouvance présidentielle qui tient à la lui arracher la mairie de Cotonou, la Rb qui a déjà perdu bon nombre de ses élus locaux à Bohicon et Abomey devra encore faire face à la colère des têtes couronnées qui n'entendent pas baisser la garde.
Les vraies raisons de la crise
Alors qu'on croyait qu'avec son échec à la présidentielle de 1996 et l'essor d'une nouvelle génération, a priori plus jeune, la Rb devrait pouvoir impulser une nouvelle dynamique de sorte à se repositionner sur l'échiquier politique national, on assiste plutôt à une culbute du parti dont le fief demeure en effervescence. A bien y voir, plusieurs raisons peuvent justifier la misère du parti hérité par Léhady Soglo.
Au plan politique, il convient de noter que les tractations pour 2016 sont les premières motivations de la crise. Alors qu'Abomey qui dit n'avoir bénéficié de grande chose des Soglo, se cherche désormais un leader politique, il a vu mettre aux bans son fils dont l'entrée au gouvernement avait pourtant suscité d'espoir. Sans compter que des observateurs taxaient déjà le ministre Ahanhanzo-Glèlè d'avoir conclu un accord politique avec le chef de l'Etat au prix de sa relaxation et du bénéfice de l'impunité dans le dossier du chantier du parlement pour lequel il a été gardé à vue par la police. L'homme dont le départ prochain de la Rb est prédit par plus d'un, peut-être donc vu comme la principale raison de la colère des " Houégbadjavi ". Par ailleurs, le management politique des chefs du parti notamment le père Soglo qui ne sait pas entretenir sa base a suffisamment contribué au déclin.
Du point de vue socioculturel, la cascade à la Rb peut s'expliquer par les principes culturels et cultuels du fief du parti, une région où seules les familles royales ont droit au trône. Les Soglo qui ne parviennent même pas à parler le dialecte (Fon) de la localité, sont des roturiers car n'étant pas issus d'une famille royale. Et le représentant des familles royales de la localité est évincé. De même, l'abattement de la Rb peut être lié à la qualité du fief du parti, une région du pays où les intrigues, la trahison et les luttes fratricides restent le mode de conduite des affaires politiques.
En somme la Renaissance du Bénin est face à un ébranlement qui risque fort de la saper. Du doigté de ses responsables dépend sa survie.
