Par : Is-Deen O. TIDJANI
Le dimanche 20 mars 2016, le candidat Patrice Talon a été élu démocratiquement dans les urnes par plus 65% des béninois. C’était presque un plébiscite pour le porte flambeau de la coalition de la rupture qui a été préféré au candidat Lionel Zinsou, soutenu par le Président sortant Boni Yayi. Mais loin de l’euphorie collective, les observateurs de la vie politique ont plutôt lu en cette volonté du peuple, UNE CONDAMNATION. En effet, selon ces observateurs, à travers cette élection, Patrice Talon venait tout simplement d’être condamné.
Comme Hercule, le héros légendaire de la mythologie grecque, Patrice Talon venait ainsi d’être condamné pour les douze travaux. Le peuple béninois prenant la place des dieux de l’Olympe, a décidé de condamner Athanase Guillaume Patrice, fils de TALON, à réussir différentes missions pour la restauration de certaines valeurs de la République du Bénin.
Le tout premier des douze travaux que le nouveau Président devra réussir est : La Restauration de la parole de l’État. En vérité, tellement d’actes ont été pris et remis en cause l’instant d’après ces dix dernières années. C’est donc pour rompre avec cette navigation à vue, c’est pour prendre des distances avec cette REMISE EN CAUSE perpétuelle DE LA PAROLE du CHEF que le peuple a décidé de choisir Patrice Talon comme cet Hercule pour sauver le Bénin de cette « malédiction ».
La satisfaction d’un besoin appelle rapidement un autre. Et il est connu de tous que pour détruire un mal, qu’il faut s’attaquer à sa racine. Alors le deuxième dossier que Patrice Talon devrait prendre à bras le corps est : Le balayage systématique de tous les cadres qui constituent des gangrènes au bon fonctionnement du palais de la République. Il faut vraiment assainir ce milieu pour que n’y entrent désormais que ceux qui peuvent apporter quelque chose de positif pour l’évolution du pays. Tout le monde ne peut travailler à la Présidence de la République. Même dans un poulailler, chaque ovipare à sa place. Il ne peut en être autrement pour le cœur de la République. Il faut débarrasser le palais de la République des pous comme Hercule a su nettoyer l’écurie daugias. Cela est indispensable.
Le troisième dossier auquel Patrice Talon devra aussi s’atteler très rapidement est l’annulation des concours à polémiques. Surtout le dernier organisé au profit du ministère des finances qui fait toujours couler l’encre et la salive. C’est une justice que réclame ces milliers de béninois qui ont été floués dans leur amour propre. En levant son petit doigt pour être Président du Bénin, Patrice Talon a juré rompre avec plusieurs maux qui minent la République. Et ces concours frauduleux en font partie. La rupture voulu par le peuple passe aussi par là.
Le quatrième dossier du nouveau Président de la République doit être la dépolitisation de l’administration béninoise. Il ne faut plus y nommer des gens en tenant compte de leur appartenance politique ou religieuse. Patrice Talon doit y mettre un point d’honneur et veiller au respect strict du principe de la laïcité de l’État. Une religion ne doit primer au dessus de l’autre. Le pire a été vécu avec le régime finissant, vivement que cela ne se reproduise. Les mêmes causes produisant les mêmes effets.
L’interdiction des messes, meeting et autres marches de remerciement à tous les cadres après les nominations à des postes doit être le cinquième travail de Patrice TALON. Nous avions assez faire cela et il faut maintenant gagner du temps et se remettre très rapidement au travail. Il faut finir avec ce folklore ambiant qui est devenu une discipline olympique ces dix dernières années.
Le Sixième travail herculéen confié à Patrice Talon est la lutte contre l’impunité. L’impunité ne doit plus être érigé en règle de gestion sous le nouveau régime qui prendra les rênes du pays à partir du 6 avril 2016. Il faut arrêter la saignée. Patrice TALON est invité à placer les garrots nécessaires pour que le pays ne saigne plus sur ce plan. Cela devra se traduire par la punition systématique et sans complaisance aucune de tous les cadres qui seront pris dans ces travers.
Le Septième travail que le peuple a décidé de confier à Patrice Talon à travers ce plébiscite est le respect du principe de la séparation des pouvoirs. Il faut que le Président de la République reconnaisse la place des institutions et laisse la main libre à leurs acteurs de travailler comme il se doit. On ne veut plus voir le Président de la République se substituer à certains responsables de ministères, de directions ou autres structures, au point de faire à leur place, les travaux pour lesquels ils sont payés par l’État béninois.
La réduction du train de vie de l’État et des organes satellites constituera la charpente de la huitième épreuve du nouveau Président de la République. Les caisses de l’État ont assez saignées ces dix dernières années. Il faut maintenant réduire les dépenses dites de souveraineté pour que le peuple respire.
Neuvième travail : l’annulation de tous les décrets pris par le régime finissant et qui sont de nature à endetter le pays ou qui seront préjudiciables aux caisses de l’État. Nous voudrions par là, citer le décret dénoncer ces derniers jours par les syndicalistes et relatif à l’octroi de primes et autres indemnités aux DC, DAC, SG et SGA des ministères et autres institutions avec rétroactivité de 10 ans. Il faut sauver le pays en ayant le courage d’abroger ce décret avec possibilité de rendre gorge à tous ceux qui en ont déjà profité par usus, fructus ou abusus.
Dixième travail : Un audit général de toutes les structures ou parcelles de gestion du pays s’impose. Il faut auditer même la Présidence de la République car Dieu même sait que le poisson pourri depuis la tête. Mais attention. Ces audits ne doivent être fait avec des cabinets étrangers, mais avec des auditeurs internes de nos ministères formés à grand frais avec les ressources de l’État béninois. Nous avons des cadres compétents pour le faire. Et cela réduira les factures exponentielles auxquelles nous habituent les cabinets internationaux.
Le Onzième travail est très important. Il faut assainir les finances publiques et donner la preuve et l’assurance aux investisseurs étrangers que le Bénin est une terre d’espérance pour les investissements de capitaux. Cela passe par l’instauration de certaines exonérations ou allègements
Le Douzième travail n’est pas à négliger. Il consistera en une diplomatie offensive certes, mais pas celles qui consisteront à embrasser plusieurs dossiers à la fois.