Pour l’une des rares fois dans l’histoire des élections au Bénin, le monde entier connaît déjà le verdict que rendra, dans les heures qui suivent, la Cour constitutionnelle à l’issue du 2nd tour du scrutin présidentiel du 20 mars. La Commission électorale nationale autonome (Céna) avait déjà dit le verdict sans encombre et la victoire du vainqueur Patrice Talon se savoure depuis lors, y compris dans le camp des perdants.
Ce week-end au plus tard, les résultats du second tour de la présidentielle du 20 mars seront proclamés par la Cour constitutionnelle. Contrairement aux élections précédentes où cet exercice régulier est entouré de mystère, le peuple ne vit pas dans cette attente encore moins dans ce suspense. La Commission électorale nationale autonome (Céna) a coupé court en annonçant, 24 heures après le scrutin, l’issue de la consultation qui consacre Patrice Talon, avec une avance très nette et irréversible sur son challenger Lionel Zinsou, qui a d’ailleurs félicité le vainqueur. En réalité, la Cena a déjà brisé le mystère du verdict que Théodore Holo et les sages de la Haute juridiction s’apprêtent à livrer au peuple, qui suivra sans doute, la prestation sans grand intérêt et surtout sans retenir son souffle. Patrice Talon a remporté le second tour de l’élection avec 65,39% contre 34,61%pour Lionel Zinsou. Cette proclamation donnée par la Cena n’a fait l’objet d’aucune contestation dans le camp du vaincu et semble refléter la vérité des urnes de même qu’elle conforte les chiffres recueillis par les structures parallèles installées par le désormais président de la République, Patrice Talon.
Exception à la réputation
La Cour constitutionnelle a pour réputation de tenir le peuple en haleine quand elle doit proclamer les résultats d’une élection présidentielle, comme c’est d’ailleurs le cas au 1er tour, tant l’exercice est périlleux, avec des enjeux importants. Et peut-être aussi, parce que le pouvoir tente de passer par tous les moyens pour forcer sa victoire, et donc fait pression sur cette Haute institution, qui résiste ou finit par accepter des compromissions. La Céna étant déjà emballée dans le coup, le tour est vite joué sur le dos du peuple. Or, depuis que la Céna est devenue une institution dont le président Emmanuel Tiando tient tête au chef de l’Etat et refuse de prendre des instructions auprès de lui, et que la Cour constitutionnelle est surveillée comme du lait sur le feu, le cours des choses a changé. En particulier à la Céna chargée d’organiser les élections et autorisée à publier les grandes tendances. Pour l’élection présidentielle de mars 2016, elle a fait exception à sa réputation d’organiser une consultation dans le cafouillage et le désordre. Mieux, elle a proclamé les grandes tendances acceptées de tous les candidats dans un délai court qu’on ne pouvait imaginer. Ce qui lui permet de délivrer le peuple avant même que la Cour constitutionnelle ne fasse son job. Du coup, la Haute juridiction qui prend tout son temps pour vérifier les feuilles de dépouillement, corriger et redresser commence par être laissée aux oubliettes. C’est le court des évènements qui sont allés très vite. Car, en plus de la célérité de la Cena, il y a aussi l’organisation mise en place par le candidat Patrice Talon, avec notamment la présence de ses représentants dans tous les postes de vote du pays. Ce qui lui a permis d’avoir le système de contrôle du vote le plus performant et efficace. Le dispositif a favorisé une compilation rapide des suffrages du candidat et de son challenger. Comparés à ceux de la Cena, les chiffres sont proches de la réalité. Mais aussi, il y a la contribution remarquable des réseaux sociaux, même s’il faut s’en méfier parfois, qui au fur et à mesure publiaient les chiffres à chaud. Il y a maintenant, l’Institut béninois de sondage qui a fait un travail juste et remarquable. Tout cela réunit, a attesté les grandes tendances de la Céna. Le vainqueur de l’élection a été confirmé par différents organes. Il y a donc eu une avance sur la Cour constitutionnelle. Il n’y aura ni exclusivité, ni changement du verdict. L’élection de Patrice Talon est déjà entrée dans l’histoire. Les Béninois et les Béninoises ne seront pas nombreux à accrocher à leur poste récepteur, ni devant leur petit écran pour suivre le verdict de Théodore Holo.
Fidèle Nanga