Depuis le lundi 18 févier dernier, les anciens ministre Kamarou Fassassi, Rogatien Biaou, François Noudégbessi, Armand Zinzindohoué et Soulé Mana Lawani ne sont plus libres de sortir du territoire national. En effet, la justice a décidé de leur retirer leurs passeports dans le cadre du processus en cours pour les traduire devant la Haute cour de justice (HJC) et répondre d’accusations de mauvaise gouvernance. Cette mesure conservatoire viserait, à en croire ses initiateurs, à les empêcher de fuir.
Pour nombre d’observateurs, cependant, la décision de la justice de recourir à cette mesure draconienne n’est pas sans relation avec la récente fuite de Me Lionel Agbo après sa condamnation à une peine de six (06) mois d’emprisonnement ferme pour offense au Chef de l’Etat.
L’exemple Agbo fait recette
La décision de la justice de priver les anciens ministres Rogatien Biaou, Soulé Mana Lawani, Armand Zinzindohoué, Kamarou Fassassi et François Noudégbessi de leurs passeports ne serait pas sans fondement, aux yeux de certains observateurs. Pour ces derniers, en effet, la récente fuite de l’ancien conseiller technique juridique du Chef de l’Etat, Me Lionel Agbo est l’une des raisons qui ont conduit la justice à user de cette mesure pour éviter toute mauvaise surprise. Cela est d’autant plus nécessaire à leurs yeux que les mis en cause disposent, à l’instar de l’avocat en fuite, de multiples attaches hors du territoire national.
Une décision à polémique
En dépit des arguments avancés pour justifier le retrait des passeports aux anciens ministres pointés du doigt par le gouvernement, la justice béninoise n’est pas encore parvenue à faire l’unanimité autour de sa décision. Il en est ainsi, notamment, en raison du caractère politisé du dossier dans lequel les mis en cause sont impliqués. C’est d’ailleurs, en raison de cet état de fait, que nombre d’observateurs s’interrogent sur la réalité des craintes évoquées par la justice pour fonder sa décision. Pour ces derniers, en effet, s’il est incontestable que la fuite de Me Lionel Agbo est sans précédent dans l’arène politico-judiciaire ; Il est aussi indéniable que les traces de fuite de personnalités mises en cause devant la justice ne sont pas légion dans l’histoire du Bénin. D’ailleurs, font-ils observer, le retrait du passeport ne constitue nullement un véritable obstacle à la fuite des ministres cités d’autant que la porosité des frontières sous-régionales, la coopération à minima entre les forces de défense et de sécurité des pays de la sous-région etc. n’empêchent aucun citoyen privé de cet outil de voyager à cœur joie.
Aussi, les relations tendues entre le Chef de l’Etat et les mis en cause militent-elles en faveur de ceux qui perçoivent à travers cette décision l’expression d’un nouvel acharnement politique après de précédentes initiatives demeurées vaines.