Passée l’étape des élections présidentielles, les organisations de la société civile réunies au sein de la plateforme électorale n’entendent pas baisser la garde. Elles ont affiché hier vendredi 25 mars à l’occasion d’une conférence de presse tenue à Cotonou, leur volonté de poursuivre leurs actions de veille citoyenne notamment à partir du 6 avril prochain, date à laquelle le tout nouveau président élu devra prendre officiellement fonction conformément à la décision de la cour constitutionnelle. Cette décision est la résultante des aspirations des populations selon le porte-parole de la plateforme Fatoumata Batoko Zossou. La démarche vise à maintenir la dynamique de veille pour le suivi du quinquennat qui démarre.
Ainsi donc, la plateforme s’est fixé deux objectifs. Le premier, détaille le porte-parole, c’est de « continuer le suivi et les actions de mobilisation pour une belle et pacifique passation de pouvoir entre les présidents entrant et sortant ». Le second objectif vise à « opérationnaliser le dispositif de suivi permanent du projet de société ainsi que des promesses de campagne du candidat Patrice Talon et de ses alliés de la coalition de la rupture afin de contribuer à leur mise en œuvre effective et à leur réussite ».
Toutefois précise Prince Serge Agbodjan, membre de la chambre d’analyse de la plateforme, << la société civile ne se substituera pas à l’opposition.>> Pour ce dernier, c’est clair, « le statut de l’opposition qui est une loi, a déterminé les critères, la nature et la mission de celui qui est opposant. Et si vous lisez cette loi, vous verrez clairement que en aucun cas la société civile ne peut jouer ce rôle d’opposition ». « C’est deux choses différentes » poursuit-il « si dans notre pays le rôle de société civile et celui de l’opposition semblent proches ». « La société civile ne jouera pas le rôle de l’opposition même si dans le contexte actuel, tous les partis politiques se refusent de jouer ce rôle » a martelé le juriste.
A travers cette veille citoyenne annoncée qui apparait comme « une suite logique du suivi de tout le processus électoral » aux yeux de Serge Prince Agbodjan, la société civile entend accompagner le président Patrice Talon à réaliser le contenu de son projet de société. « Nous allons montrer au candidat élu que ce qu’il a dit au cours de la campagne électorale n’est pas ce qu’on nous a toujours dit. Qu’on peut tout dire et ne rien faire. On va lui rappeler cela et lui permettre de faire son travail normalement et d’avoir un résultat à la fin » a déclaré ce dernier.
Il invite par ailleurs la presse nationale à de profondes investigations sur l’ensemble du déroulement du processus électoral, le fonctionnement et la gestion des institutions ayant conduit cette élection, notamment au niveau du centre national de traitement. Il a indiqué par exemple une investigation portant sur la société ayant fabriqué les cartes d’électeurs, restée selon lui « jusqu’ici inconnue de tous les Béninois ».
Amir NABIL