Le dernier conseil des ministres s’est globalement penché sur les avantages liés à la fonction de président de la République. Il s’agit des avantages dont le président Boni Yayi a bénéficié ou n’a pas bénéficié pendant ses deux mandats à la tête du pays. Mais la vraie question est de savoir est-ce le lieu de le faire et dans quel intérêt ?
Reddition des comptes oui. Mais, faudrait-il que cela se fasse dans le respect des dispositions légales. En effet, l’article 52 de la Constitution mentionne «Durant leurs fonctions, le président de la République et les membres du Gouvernement ne peuvent par eux-mêmes, ni par intermédiaire rien acheter ou prendre en bail qui appartienne au domaine de l’Etat, sans autorisation préalable de la Cour constitutionnelle dans les conditions fixées par la loi. Ils sont tenus, lors de leur entrée en fonction et à la fin de celle-ci, de faire sur l’honneur une déclaration écrite de tous leurs biens et patrimoine adressée à la Chambre des Comptes de la Cour suprême. Ils ne peuvent prendre part aux marchés de fournitures et aux adjudications pour les administrations ou institutions relevant de l’Etat ou soumises à leur contrôle». Mais, lorsqu’un conseil des ministres se penche sur cette question, on se demande pour quel but ? Car, qu’on ne se trompe pas, c’est seule la Chambre des comptes de la Cour suprême qui pourra faire la différence entre les biens du président de la République déclarés à sa prise de fonction et ceux qui sont mentionnés après son départ. La Constitution, normalement, devrait donner les moyens à cette Chambre de procéder aux vérifications des informations fournies. Mais, de quels moyens le Béninois lambda dispose-t-il pour se convaincre de ce que déclare le Chef de l’Etat par rapport à son patrimoine ? Aucun. En Afrique, on connaît la facilité des présidents de la République à disposer de ce qu’ils veulent. On ne dit pas que c’est le cas au Bénin. Mais, comment croire du coup aux informations révélées par le conseil des ministres sur les avantages dont a bénéficié ou pas le Chef de l’Etat ? Le problème de rémunération du Chef de l’Etat s’est déjà posé à l’époque. On a vu la réaction des Béninois. Ils n’ont pas cru à ce que le président de la République ne perçoive pas son salaire mensuel. Selon le compte rendu du conseil des ministres, le Chef de l’État ne s’est contenté que de ses indemnités et autres primes liées à sa fonction de président de la République. Reste à vérifier aussi. Il est aussi question de trois villas, d’un seul compte bancaire au Bénin, de trois véhicules 4×4 sur fond privé etc. A vrai dire, les Béninois n’ont pas besoin de cela. Ce qui leur faut, c’est comment joindre les deux bouts tous les jours, l’emploi pour les jeunes, l’accès aux soins de santé, l’accès à l’eau potable, à l’éducation, l’égalité des chances. Après le 6 avril, la Constitution demande à ce que Yayi puisse faire sur l’honneur la déclaration de son patrimoine. Cela devrait suffire.
Jean-Marie Sèdolo