Avant le vote, plusieurs députés ont pris la parole pour se prononcer sur le rapport de la commission des lois et apprécier la situation qui s’est produite le 24 septembre dernier au Palais de la Marina et aussi sur le comportement affiché par l’honorable Houngnibo. Dans sa déclaration, l’honorable Yacoubou Malèhossou a été le premier à fustiger le comportement de son collègue Lucien Houngnibo qui a failli rendre l’âme le vendredi dernier parce que obsédé par le poste de 2è Questeur de l’Assemblée Nationale.
« Je voudrais demander aux collègues d’avoir un peu de patience parce que ce que j’ai vu dans les journaux aujourd’hui ne nous honore pas. En matière de responsabilité, c’est Dieu qui donne. Si quelqu’un dit oui j’ai ce pouvoir, je dois être là, celui-là se trompe. Vous avez le désir d’occuper un poste ; mais si enfin de compte cela ne marche pas, on doit quand même se serrer la main. C’est comme un match de football, quelqu’un peut gagner et l’autre va perdre. Mais entre nous, cela ne doit pas amener de division », a-t-il dit.
Pour sa part, l’honorable Lazare Sèhouéto a demandé au président de l’Assemblée Nationale de se prononcer sur son intime conviction, quand le règlement intérieur dit qu’il faut attribuer un certain nombre de responsabilités conformément à la configuration politique du Parlement.
« Est-ce que le président de notre institution ne se sent pas interpellé au jour d’aujourd’hui ? Est-ce qu’on a encore besoin de faire un débat sur l’application de ce principe de notre règlement intérieur ? Est-ce que les collègues ne se rendent pas compte qu’il y a des gens qui ont mal au ventre parce qu’ils mangent trop et des gens qui ont mal au ventre parce qu’ils n’ont pas mangé du tout ? », s’est interrogé Lazare Sèhouéto qui a précisé ceci : « Au niveau de l’Union fait la nation, nous ne quémandons rien, nous rappelons les principes ».
Echec et mat pour Yayi
Usant de son droit à la parole, l’honorable Eric Houndété a fustigé l’intrusion du Président de la République dans le fonctionnement de l’Assemblée Nationale. « Lorsque nous nous séparions vendredi dernier, notre collègue Sacca Fikara avait pris la parole pour dire que c’est le Président Boni Yayi qui a empêché la poursuite des travaux. Je lui demandais pourquoi il dit si haut ce que tout le monde sait déjà.
Ce matin, tout le monde sait que c’est Yayi qui a empêché la continuation de nos travaux. Il a empêché la continuation de nos travaux parce que, en violation de notre règlement intérieur, un collègue a demandé une suspension sans cause. Nous avons cherché à savoir pourquoi il demande une suspension ; et au finish, c’était sans cause. Et voulant faire appliquer le règlement intérieur, nous avions réussi à lire le rapport de la commission que nous n’avons pas malheureusement discuté. Encore une fois, c’était la preuve que nous ne savions pas pourquoi on a demandé cette suspension.
Les faits montrent que la cause était au palais de la présidence de la République où on a failli envoyer à la tombe mon cher frère et collègue Lucien Houngninbo. Je voudrais compatir avec mon collègue, parce que ce lieu n’est pas un bon lieu. Cette suspension que nous avons eue, j’ai compris que c’était une suspension pour la majorité présidentielle, la majorité de Yayi Boni qui avait besoin de se parler, qui avait besoin de persécuter des gens, qui avait besoin soit d’étouffer Houdé et de l’empêcher d’être candidat, ou d’envoyer à l’hôpital l’honorable Houngnibo.
Mais il me semble que chacun de nous, députés, doit se poser la question de savoir si on peut continuer à faire fonctionner notre Parlement de cette manière-là, où c’est de la présidence de la République que des instructions viennent pour que les députés sachent ce qu’ils ont à faire.
Je voudrais saisir cette occasion pour saluer et féliciter tous les députés de la majorité présidentielle ou parlementaire qui ont eu le courage de refuser l’injonction de Yayi Boni, l’intrusion du président Boni Yayi dans le fonctionnement de l’Assemblée Nationale, même s’ils ont réussi à interrompre nos travaux ici vendredi dernier. Si nous banalisons ces faits, demain, notre Assemblée Nationale deviendra autre chose » a dit l’honorable Houndété très heureux de l’échec cuisant essuyé par le Président Boni Yayi dans sa tentative d’imposer Lucien Houngnibo.
Houndété pour le respect des principes
Le vrai débat sur le rejet de la commission des lois a été fait par l’honorable Eric Houndété. « Je voudrais constater avec vous que le rapport qui nous est présenté devrait être rejeté parce que notre règlement intérieur et la constitution, ainsi que la décision DCC 09-002 et les décisions qui s’en sont suivies, ont prescrit que les positions à prendre dans les structures qui dirigent le Parlement doivent prendre en compte la majorité et la minorité de façon proportionnelle.
Que constatons-nous aujourd’hui ? Nous avons un bureau de l’Assemblée Nationale composé à 100% de membres de la majorité…En adoptant le rapport qui ne demande pas de façon explicite que le deuxième questeur soit un membre de l’opposition, nous aurions violé la constitution, nous aurions violé le règlement intérieur, nous aurions mépris toutes les décisions prises par la Cour constitutionnelle. Monsieur le président, je vous renvoie à votre conscience de manager de l’Assemblée Nationale, à votre conscience d’homme comprenant les questions de droit et de justice ; et je rappelle les collègues à leur conscience également pour que ce rapport soit rejeté ou qu’il soit écrit clairement que le poste de deuxième questeur de l’Assemblée Nationale revient de droit à l’opposition, comme c’est fait pour le poste au Parlement panafricain, on a spécifié que c’est une femme », a dit Eric Houndété appuyé par son collègue Gabriel Tchocodo.
Celui-ci a invité ses collègues à relire la dernière ligne de l’article 15.
Malheureusement, cette position de l’honorable Houndété et de son collègue Tchocodo, assortie d’un amendement qui veut que l’opposition occupe le poste de 2è Questeur, sera rejetée par la Présidente de la Commission des lois.
Houngnibo a jeté l’éponge
Les carottes étaient cuites. Il ne restait à Lucien Houngnibo qu’une seule solution : jeter l’éponge. Et c’est ce qu’il a fait à travers une brève déclaration que voici : « Je remercie tous les collègues qui m’ont soutenu. C’est aussi le lieu de remercier le Chef de l’Etat de m’avoir fait l’honneur de venir chez moi me rendre visite.
Je voudrais profiter de l’occasion qui m’a été donnée pour dire aux chers amis que par rapport à ma candidature, je voudrais renoncer à participer à la course compte tenu de l’enjeu et compte tenu de la préservation de l’harmonie du groupe.
Je le dis parce que nous sommes en démocratie. Dans un ménage où le père de famille se lève pour dire non, il ne faut pas faire à sa tête, mais il faut l’écouter. Je laisse à mon grand-frère le poste et je serai le premier à voter pour lui pour qu’il soit élu 2è Questeur de l’Assemblée Nationale. Dans une famille, l’aîné a toujours raison sur le petit frère. Il est mon aîné, je lui donne raison ». Aléa jacta es. Le sort en est ainsi jeté.