Dans la tête des parents d’élèves, élèves et même des enseignants, la rentrée scolaire 2013-2014 pose encore quelques problèmes de doute et d’imprécisions. Alors que le gouvernement qui a insisté pour sa tenue pour le 3 octobre2013 a entrepris une tournée nationale de sensibilisation, les syndicalistes veulent d’abord voir satisfaites quelques-unes de leurs revendications. D’où un dialogue de sourds qui risque fort de mettre en difficulté l’école béninoise.
Depuis la sortie le 13 septembre dernier des syndicats réunis à la Bourse du travail, la grogne est de retour dans le secteur de l’éducation au Bénin. Du coup, les graves incertitudes qui planent sur la reprise des classes annoncée pour demain par le gouvernement se précisent de plus en plus. Mais le gouvernement qui peine à relancer le dialogue social en panne depuis l’année scolaire précédente, semble contourner les réelles préoccupations des enseignants en allant au contact des populations.
Une année scolaire qui s’annonce perturbée
Si l’année scolaire 2012-2013 a été l’une des plus paisibles, sous le régime Yayi, celle qui s’en suit ne s’annonce pas pareille. Le silence inquiétant du gouvernement face à la grogne persistante des syndicalistes permet bien de le dire. En effet, c’est depuis l’année scolaire dernière que les enseignants trainent la même plateforme revendicative sans pouvoir, disent-ils, aller autour d’une véritable table de négociation. Pour s’être donc sacrifiés au nom de leur " amour " pour l’école béninoise en animant convenablement les activités pédagogiques dans les écoles l’année dernière, ces enseignants veulent forcer la main au gouvernement pour obtenir satisfaction. Le hic, c’est que les trois mois de vacances qui devraient permettre au gouvernement de rouvrir les négociations n’ont pu être mis à profit. Résultat, l’école va reprendre avec ses tristes et même réalités.
Que de revendications insatisfaites !
" Aucune de nos revendications n’a été prise en compte. Le dialogue est en panne. Il n’y a rien à espérer ", déclarait Paul Essè Iko, Secrétaire général de la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb) le 13 septembre dernier à la bourse du travail. En effet, les enseignants exigent du gouvernement un traitement équitable dans l’application de la décision de relèvement du point indiciaire de 25 % sur les salaires, à l’instar des fonctionnaires du ministère de l’Economie et des finances. De plus, les organisations syndicales demandent au gouvernement la régularisation de la situation des enseignants reversés qui attendent toujours d’entrer en possession de leurs droits. Par ailleurs, la Cstb réclame l’arrêt pur et simple du nouveau programme d’étude et surtout la rétrocession des fonds défalqués en 2012 pour faits de grève. Les revendications ne sont pas que d’ordre corporatiste, puisque le retrait du projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990 que Yayi Boni a déposé à l’Assemblée nationale est aussi mentionné sur la plateforme revendicative des enseignants.
La démarche du gouvernement
Alors que les observateurs s’inquiètent du grand retard qu’accuse le gouvernement dans l’ouverture des négociations, surtout qu’on sait désormais que le premier ministre Koupaki connu pour sa qualitative médiation, n’est plus au gouvernement, le chef de l’Etat a fait une option plutôt étrange. Boni Yayi et ses ministres ont décidé d’entreprendre une tournée gouvernementale pour, dit-on, échanger avec les acteurs du monde de l’éducation, notamment parents d’élèves, enseignants et apprenants de tous ordres, au sujet des préparatifs de la rentrée scolaire. Une tournée qui intervient en prélude à la poursuite du dialogue avec tous les partenaires sociaux, indique un communiqué du gouvernement. Quand on sait que la démarche du gouvernement n’est pas forcément du genre à calmer les ardeurs des syndicalistes, on est bien en droit de se demander ce qui se cache derrière la tournée gouvernementale. Est-ce une manière de livrer les enseignants qui réclament des droits, de sorte à les sanctionner en cas de grève, comme ce fut le cas par le passé ? Que fait le gouvernement pour apaiser la tension afin de s’assurer une paisible année scolaire? L’école ouvrira-t-elle réellement et sur toute l’étendue du territoire national, ses portes demain ?