Le dimanche 20 mars 2016 est une date mémorable pour le peuple béninois. C’est le jour où, Patrice Athanase Talon est devenu le 4ème chef d’Etat du Bénin depuis l’avènement du processus démocratique. Après son euphorique élection, commence le plus dur.
Le peuple béninois l’a voulu et l’a obtenu. L’alternance au pouvoir dans un climat apaisé pour tous. A ce sujet, la communauté internationale par la voix des différents observateurs dépêchés au Bénin sont unanimes pour reconnaître la primauté du label béninois en Afrique en matière d’élection présidentielle surtout. Les Béninois ont aussi unanimement salué la prouesse réalisée alors que, compte tenu de la surchauffe latente, on a craint pour une fois le pire. Mais comme on le dit, plus de peur que mal.
Un projet de société abondamment vulgarisé. Des promesses de campagnes formulées. Les premiers mots et quelques déclarations postélectorales. Dans un contexte euphorique plein d’espoir pour l’espoir retrouver pour donner un aperçu de son ambition de gestion des affaires de la cité. Un effet d’annonce réaliste pour dire que rien ne sera plus comme avant. Première mesure saluée, la réduction de l’équipe gouvernementale qui passera à 16 membres car il faut éviter les nominations-remerciement et commencer par réduire le train de vie de l’Etat. Une mesure qui sera diversement appréciée est le dégagement du gouvernement de tout ministre abonné aux messes de remerciements. Dans le nouveau régime, il n’y aura pas de chasse aux sorcières mais la lutte contre l’impunité ne sera pas écartée. Les mesures pour remettre une administration plus ou moins performante et rendue plus paresseuse que par le passé sur les rails, ne seront pas du goût de ceux qui, pendant longtemps ont pris le pli. Pour peu que le pouvoir de la rupture voudra, dans sa chevauchée donner un contenu réaliste au concept du nouveau départ, des esprits tordus ne manqueront pas de jouer aux artificiers sous-mariniers.
Et c’est là justement le plus dur. En effet, le zodiac du nouveau départ va laisser à la rade tous ceux qui seront à la traîne puisque les habitudes ne sont pas faciles à changer, elles ont la dent dure. Le plus dur est de réussir à formater le mental des Béninois, à les former au nouveau langage des TICS politiques béninois. Le plus dur, c’est de changer le disque dur mental national vieillot et que, chacun selon les appétences, sache en faire le bon usage nécessaire pour l’émergence du Bénin sans exclusion. Le plus dur, ce sont les faux proches du pouvoir qu’il sera difficile de détecter et qui sont d’une nuisance teigneuse. Le plus dur, c’est d’avoir le courage de foncer droit sans freiner d’ardeur et sans tomber dans le piège d’un sentimentalisme béat ou des penchants familiaux suicidaires. Une main de fer dans un gant de velours serait bien nécessaire pour arriver à atteindre l’objectif de la moralisation de la société béninoise, une société difficile à diriger. C’est aussi le plus dur.
La talonnade cotonnière contre Yayi n’aura pas lieu
Avant l’échéance électorale, le chef de l’Etat a fait entendre qu’il passerait le témoin à tout le monde sauf à Patrice Talon. Mais contrairement aux craintes qu’auraient Thomas Boni Yayi, il n’y aura de chasse aux sorcières. En termes clairs, la talonnade cotonnière contre Yayi n’aura pas lieu.
Pas de chasse aux sorcières. Pas de règlements de compte à l’entame et durant son mandat. Gouverner dans une atmosphère sociale apaisée. Se mettre au-dessus de la mêlée. Ne pas prêter flanc aux pressés d’en découdre avec. Patrice Athanase Talon se veut un chef d’Etat digne qui est à la hauteur des responsabilités à lui confiées par le peuple béninois dont il est désormais le porte-étendard.
Certains Béninois, compte tenu de tout ce qui a opposé les deux hommes et qui a atteint le paroxysme de la personnalisation, auraient souhaité qu’une fois au pouvoir, le nouveau président élu se venge. Mais sachant que la vengeance est un plat qui se mange froid et qu’il y va de son honneur de ne pas tomber si bas, il a choisi de ne pas verser de l’huile sur le feu. Pratiquer la politique de la main tendue auréolé qu’il est que la justice de son pays l’a innocenté dans le bras de fer judiciaire l’opposant à son très bientôt prédécesseur lui suffit largement pour donner un pardon sincère. Tout le monde le sait, le pardon que lui a donné son futur prédécesseur n’était que diplomatique mais pas franc. Son élection constituant la cerise sur le gâteau, c’est le peuple béninois qui serait appelé à demander dans la liesse électorale, de donner son pardon à Thomas Boni Yayi qui voulait le crucifier.
Si les, jugements rendus et favorables à Patrice Talon devraient être effectivement suivis d’effets, l’Etat béninois se serait saigné pour lui payer plus d’une centaine de milliards de FCFA. Et pour cause, l’immobilisation de ses activités cotonnières au Bénin. Et comme il l’a dit lui-même, il a choisi de ne pas mettre à genou l’économie de son pays qui lui a tout donné à cause des dissonances ayant leur origine ailleurs et de ne pas faire à l’Etat béninois un centime. C’est sûr, Thomas Boni Yayi peut se tenir tranquille, Patrice Talon a enterré la hache de guerre et l’épée de Damoclès ne pèse plus sur des têtes.
Kolawolé Maxime SANNY