Depuis le début de la semaine, l’essence de contrebande, communément appelée « kpayo », devient rare au bord des voies. Dans la journée d’hier mercredi 30 mars 2016, la situation s’est aggravée avec la hausse du prix du carburant qui est passé de 400 FCfa à 1000 FCfa le litre. D’après nos informations, la crise va durer plus d’une semaine. Selon Irénée Agossa, directeur général de la Société nationale pour la commercialisation des produits pétroliers (Sonacop), il y aura du carburant dans les stations-services, comme d’habitude.
« Nous travaillons dur et nous mettrons fin aux files d’attente devant les stations-services la deuxième semaine d’avril au plus tard », a déclaré mardi devant le comité sénatorial des hydrocarbures, Ibe Kachikwu, ministre nigérian en charge du pétrole et relayé par le site internet Ecodafrik. Le même organe précise qu’ « en effet, après plusieurs scandales de détournement, de corruption et de clientélisme dans le secteur sous le régime Jonathan, la Nnpc est toujours en train de faire le ménage dans le secteur pétrolier au Nigéria. Elle doit payer des dettes de plus de 4 milliards $ et travaille actuellement à segmenter la compagnie en plusieurs branches afin de la rendre plus transparente selon les responsables ».
Cette situation qui prévaut au Nigeria agit sur le Bénin. La hausse du prix du carburant frelaté est la conséquence de la rareté du produit à la source. Le secteur informel au Bénin est fréquenté à plus de 90% par les populations en raison du fait qu’il est souvent moins coûteux mais aussi et surtout accessible à tout moment. La crise du carburant qui sévit depuis quelques jours au Nigeria va influencer le quotidien des Béninois, car au niveau des rares stations-services qui existent dans les grandes villes du pays, il n’y a même pas de carburant. Mais Irénée Agossa, Dg/Sonacop, a rassuré que sa société dispose de produit. « Les stations qui sont directement gérées par la Sonacop seront ravitaillées cette nuit. Les camions ont déjà pris le départ pour le nord et les autres départements du pays avec du carburant. A Cotonou, tout sera mis en place cette nuit et nous allons réquisitionner les stations Lègba et Cadjèhoun pour mieux satisfaire les populations », nous a confié hier nuit, le Directeur général de la Sonacop. Il a précisé que toutes les stations Sonacop ne sont pas directement gérées par la direction générale. « Il y en a qui sont gérées par des privés et on ne peut pas leur livrer de produits sans aucune commande au préalable », a-t-il dit.
La crainte des privés
Toutes les stations privées installées sur le territoire national pouvaient disposer de façon permanente de l’essence. Mais, d’habitude, elles enregistrent des pertes pour avoir gardé longtemps du produit dans des fûts et cela entraine des conséquences pour elles avec leurs banques partenaires.
Avec la situation actuelle, les privés vont vider très rapidement les stocks mais hésiteront à passer de nouvelles commandes en quantité. Avant de prendre le risque, les privés doivent d’abord savoir à peu près la durée de la crise et passer des commandes en conséquence de cause. Car, on ne garde pas longtemps en stock de l’essence. Ces mêmes privés seraient prêts à multiplier les stations-services dans le pays pour aider les populations à avoir du carburant. Mais, c’est à une seule condition : le Gouvernement doit maîtriser le flux du « kpayô » d’abord. Car, tant que la douane va continuer par se laisser soudoyer par les contrebandiers pour faire passer le carburant frelaté par des réseaux informels, le secteur formel va demeurer malade.
Félicien Fangnon