Marc KOSSOU
A peine la crise de l’essence a commencé que l’Etat béninois à travers la Sonacop a étalé toute son incapacité à approvisionner un pays qui compte à peine10 millions d’habitants. C’est dire donc que les vendeurs de l’essence dite « kpayo » avaient bien leur place sur le marché de commercialisation du liquide précieux même si on doit leur reprocher le conditionnement de ce produit et les risques inhérents à sa manipulation. Le spectacle dans les stations de vente d’essence est affligeant. Des queues humaines qui vous repoussent et confortent la position de ceux qui croient dur comme fer que la Sonacop est une société dont les installations séculaires ne répondent pas aux exigences du monde moderne. Et donc ne saurait gérer une crise comme celle que nous vivons actuellement. Comment une structure comme elle peut-elle se laisser surprendre par une situation qui devient de plus en plus régulier au Nigéria ? En effet, depuis plusieurs années, le Nigéria a toujours été secoué par des crises pétrolières qui ont eu des répercussions graves sur l’économie béninoise. Et cette situation que nous endurons actuellement du fait de l’incapacité et du manque de vision de la Sonacop n’est que la face visible de l’iceberg. Dans les départements de l’intérieur la situation ne doit pas être des plus aisées à supporter. Face aux réalités qui sont les nôtres aujourd’hui, on se demande si réellement, passé le temps de la crise, il faut vraiment rompre les amarres avec la vente de l’essence frelatée dans les conditions d’avant la crise. Tout, porte à croire le contraire parce que la Sonacop n’a jamais su profiter de ces nombreuses crises pour se faire une place dans le quotidien des consommateurs. Toutefois, il faut voir dans quelles mesures intégrer les acteurs dans le secteur formel ou faire d’eux des vendeurs d’essence dans les conditions réglementaires qui sont celles de l’Etat avec à la clé le paiement des taxes et autres. A ce sujet, plusieurs idées ont germé dans le temps qui ont malheureusement échoué dans le fond des tiroirs au plus fort moment de la décision prise par le chef de l’Etat d’en découdre avec les « seigneurs » de la contrebande des produits pétroliers en 2006. Avec le nouveau régime qui se mettra en place à partir du 06 avril prochain, il urge que des solutions soient trouvées pour convertir les acteurs de la vente de l’essence de contrebande dans le système formel. En effet, le gouvernement du « Nouveau départ » devra inévitablement s’intéresser à ce secteur stratégique duquel découle la survie de plusieurs autres et par ricochet l’harmonie de la société béninoise. La crise de l’essence qui secoue la population béninoise est certes une épreuve mais elle n’est pas insurmontable et elle interpelle le gouvernement qui doit tout faire pour éviter d’être pris de court.