A travers plusieurs nominations ou recrutements, le régime finissant essaie de récompenser certains serviteurs obéissants et dociles. Cependant, la nomination de Saliou Youssao Aboudou, candidat malheureux à l’élection présidentielle de mars 2016 au poste d’assistant technique du ministre de l’Economie et des finances prend l’allure d’une repentance du gouvernement, pose un problème avec l’organigramme du département, et compromet ce cadre qui a opté pour la Rupture.
Komi Koutché l’a-t-il fait de bonne foi ? Le temps et les circonstances ne lui donnent pas raison. De quoi s’agit-il ? Le 29 mars 2016, le ministre d’Etat chargé de l’Economie des finances et des programmes de dénationalisation prend un arrêté pour nommer deux assistants techniques chargés des affaires budgétaires et d’appui à la mise en œuvre de la loi organique relative à la loi des finances. Un poste qui n’existe nulle part dans l’organigramme du ministère. Poste parfumé et gonflé, il est attribué à Célestin Sèhou Hossou, administrateur du Trésor et ancien directeur général du budget déjà admis à la retraite. Sa nomination est perçue comme un cadeau du chef de l’Etat avec qui il partage des liens privilégiés. Yayi Boni n’est pas à son premier coup dans ces genres d’offres. En tout cas un retraité au cabinet du ministre de l’Economie et des finances, c’est 100% Yayi Boni. Il revient au bénéficiaire de se rendre compte que sa joie ne sera que de courte durée, puisque ce régime est fini et d’ici le 06 avril, il doit plier bagage. A la suite de quoi, le régime de Patrice Talon remettra tout à plat pour relancer le pays. Le second bénéficiaire va-t-il refuser l’offre ? La question parait plus embarrassante qu’on ne le pense. En d’autres circonstances, cela ne gêne point. En effet, candidat malheureux à l’élection présidentielle de mars 2016, Saliou Youssao Aboudou, Administrateur des finances est un cadre de l’Administration appelé à servir partout où besoin sera. Il occupait le poste de directeur général adjoint du Budget quand il s’est porté candidat pour succéder à Yayi Boni.
Bonne ou mauvaise foi ?
Après avoir déposé sa candidature, il a été sauté de son poste le 19 janvier 2016 sans être nommé à de nouvelles fonctions. Le chef de l’Etat ne voit pas d’un bon œil sa candidature et l’accule de toutes parts. C’est dans ce contexte invivable que Saliou Youssao Aboudou décide de prendre des congés qui lui ont été concédés deux jours après son limogeage. Après six semaines de retrait, il est sans poste et déclinant aux usages, il entre en discussion avec son ministre de tutelle. Son nouveau point de chute était devenu un casse-tête pour Komi Koutché, étant donné qu’on ne pouvait plus le retourner à la direction générale du Budget, vu qu’il était le plus gradé (A1-7) et par conséquent, il ne peut rester sous tutelle des moins gradés. Le poste de Directeur général étant concédé à un autre cadre. On en était là quand, le ministre d’Etat chargé de l’Economie, des finances et des programmes de dénationalisation lui offre le poste d’Assistant technique à son cabinet. De bonne foi ou non en cherchant à régler un problème, Komi Koutché en a créé plusieurs. Le premier des problèmes, c’est que cette nomination est source de conflit d’attribution. Saliou Youssao Aboudou et le retraité Célestin Hossou sont chargés des affaires budgétaires et d’appui à la mise en œuvre de la loi organique relative à la loi des finances. Dans le même temps, il y a deux conseillers techniques au cabinet du ministre. L’un est chargé des réformes, ce qui lui confère déjà les mêmes attributions des deux assistants techniques. Sous la tutelle du même ministre, on constate qu’il existe aussi une unité de gestion de la réforme. A partir de ces éléments, c’est le lit ouvert à un conflit d’attribution. Ensuite quand on jette un coup d’œil sur l’organigramme du ministère de l’Economie et des finances, le poste d’assistant technique n’existe nulle part. On se demande le jeu auquel joue le ministre Komi Koutché surtout quand on sait que l’offre adressée à Youssao Saliou est une réparation du dommage causé. D’où la question de la bonne foi du ministre. Son geste, disons le, frise la ruse politique car, il ne faut pas oublier que le concerné est signataire du mémorandum de Rupture et sa nomination n’aura de durée de vie que pour 7 jours. C’est fort de tout cela qu’il faut s’en méfier.
Fidèle Nanga