Après quelques mois de vacances de poste à la présidence de la commission de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le président Boni Yayi a nommé il y a quelques jours, le député Marcel De Souza pour succéder au président sortant. Après l’envoi du dossier de l’élu du peuple, l’institution africaine a saisi le Bénin aux fins d’instruire le nommé qui devrait prendre service depuis le mois de mars 2016. C’est désormais chose faite. De sources concordantes, Marcel Alain De Souza s’apprêterait à se rendre au siège de la Commission à Abuja pour les formalités dans le cadre de la passation des charges entre lui et le président sortant. Par ailleurs, des mêmes sources, on apprend que le président de la conférence des chefs d’Etat de la Cedeao, Mackysall a informé les chefs d’Etats concernés de ce que ce grand poste réservé au Bénin a été pourvu.
Le sens de patriotisme
Il n’est pas un intrus. Marcel de Souza, macro économiste pétri de longues d’années d’expériences dans le domaine des finances, n’a pas été choisi au hasard. Contrairement aux rumeurs qui ont tenté de lui faire croire qu’il s’agit d’un cadeau empoisonné, il s’est montré preneur à travers sa sérénité et en s’abstenant de faire une quelconque déclaration officielle de refus de sa nomination à la tête de la présidence de la commission. Le nommé actuellement député à l’Assemblée nationale du Bénin pour un mandat de quatre ans et candidat malheureux à la présidentielle de mars 2016, a préféré servir sa communauté au niveau de cette grande commission pendant les deux prochaines années. C’est un sens de patriotisme qui honore le Bénin et que ses concitoyens ne manquent pas de saluer au regard de la carrure professionnelle de l’homme. Il a par ailleurs manifesté sa volonté de faire bénéficier à l’Afrique ses capacités et compétences professionnelles à travers la gestion efficiente de cette commission de la Cedeao. Dans sa démarche de passer un mandat apaisé à la tête de la commission, il aurait déjà rencontré le nouveau président de la république du Bénin pour lui notifier son nouveau poste, ses préparatifs dans le cadre de la prise de service avant le 10 avril prochain et les multiples défis qu’il entend relever pendant son mandat.
Qui est Marcel de Souza
Marcel de Souza se définit d’abord comme un spécialiste de la monnaie et du crédit. C’est toute sa carrière à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui est ainsi déclinée. Mais l’homme estime aussi être un symbole de l’unité nationale. D’un père originaire de Ouidah et d’une mère native de Djougou, Marcel de Souza est né en 1953 à Pobè, ville qu’il considère « effectivement » comme chez lui. Mieux encore, il a fait l’essentiel de ses études à Cotonou. D’abord à l’école primaire Gbégamey Sud (en face du Collège Notre Dame). CEP en 1965, BAC série C en 1973 au Collège Aupiais qu’il a fait de la 6ème en Terminale. Ce fut ensuite l’Université de Dakar (aujourd’hui, Université Cheik Anta Diop). « C’était la seule université de l’Afrique de l’ouest francophone à l’époque», se rappelle-t-il. Sa maitrise en gestion des entreprises en poche, il passe le concours de la BCEAO où il est recruté en 1978, comme un certain Boni Yayi ou Christian Adovèlandé, actuel patron de la BOAD. Lorsqu’on lui demande de raconter son parcours au sein de la Banque Centrale, il montre un brin modeste. « Avec de la chance, j’ai eu un parcours vraiment élogieux. Parce que déjà à 26 ans, j’étais chef de service où je gérais près de 60 personnes. C’était dans un guichet de la BCEAO à Parakou. Et j’avais très peur. Puisque c’est des postes que vous occupez à partir de 39 ans ». Chef de service administratif, chef de service de crédit, contrôleur, c’est-à-dire directeur financier, Marcel de Souza a occupé les postes les plus décisifs de cette grande institution avant d’en être directeur central au niveau du siège à Dakar puis directeur de l’agence principale de Cotonou (pendant 4 ans). En tant que directeur national de la BCEAO, il reconnait que les montants qu’il gérait étaient énormes. « Je gérais régulièrement 1000 à 1500 milliards de FCFA. » C’est au bout de ce parcours qu’apparait la politique, avec l’élection de son « ami de 38 ans », Boni Yayi. Car l’homme a appris à cultiver la modestie et l’humilité. « Et chaque fois que j’ai une promotion, se souvient-il, ma mère m’appelait et me disait ceci : « Saches que tu es au service des autres. Tu te mets à genou devant ton Dieu et devant les autres». Donc, il faut s’abaisser. Car, qui s’abaisse sera élevé et qui s’élève sera rabaissé. » C’est certainement pourquoi, malgré la politique et ses péripéties, l’ancien cadre de la BCEAO reste solidement attaché à sa dignité. « Moi, ma dignité je ne la vends pas. Des milliards contre ma dignité, je choisis ma dignité. Si vous n’êtes pas digne, vous avez tout perdu. C’est pour cela que moi je dis que je ne me vends pas ».
Germin DJIMIDO (Coll.)