Assan SeibouL’honorable Assan Séibou est le 97ème invité de la rubrique phare de votre journal, «Sous l’Arbre à Palabre». Influent cadre politique, originaire du nord, avec déjà à l’actif deux mandats parlementaires, l’homme aborde sans sourciller toutes les questions. Et affiche une position bien tranchée contre le système Yayi qu’il dit avoir combattu ces dix dernières années, dut-il subir des représailles tant dans son champ politique que dans sa vie professionnelle. Mais Assan Séibou s’en émeut très peu, s’avouant plutôt satisfait d’avoir mené un «combat juste et patriotique». Influent membre de l’Alliance pour un Bénin Triomphant ( ABT), il salue l’élection de Patrice Talon à la tête du pays, heureux d’y avoir contribué aux côtés de son candidat Abdoulaye Bio Tchané, l’un des meneurs de la Coalition de la Rupture.
Et si on en parlait
Bonjour Honorable, qu’est-ce que ça vous fait d’être invité de nouveau sous l’Arbre à palabre de votre journal ?
Je vous remercie de m’avoir invité parce que la rubrique « Sous l’Arbre à palabre » dans votre journal et même dans le paysage médiatique béninois est déjà devenue une référence. Et quand ça tombe sur moi, je ne peux que me demander mais pourquoi moi parce que c’est assez gros quand même. Je veux vous remercier pour cette considération et également dit mon plaisir d’être ici parmi vois parce que je vois des journalistes qui pour la plupart ne sont pas des nouveaux. Ce ne sont pas des visages nouveaux pour moi et le journal lui-même est un journal assez crédible. Vous avez reçu des prix sur les plans national et international. Venir voir le journal et vous qui êtes des amis de longue date parce qu’on a fait beaucoup de choses quand j’étais à l’Assemblée nationale, venir vous voir comme à ces occasions, ça me faire beaucoup de plaisirs et d’échanger sur les sujets que vous avez évoqué tantôt, ça ne peut me donner plus d’intérêt à être ici sinon je n’aurais pas accepté. Vous voyez bien que l’honneur, l’intérêt et les amis, ça fait trois choses importantes qui font que je suis heureux d’être avec vous ce matin. Et à tous les journalistes qui sont autour de moi ici, je leur adresse mes salutations et leur dire merci d’avoir accepté de s’asseoir avec moi sous l’Arbre à palabre.
L’élection présidentielle de 2016 s’est achevée, la Cour constitutionnelle a donné les résultats définitifs sans contestation, quelle lecture faites-vous de cette élection ?
Je vais dire que les élections se succèdent mais elles ne se ressemblent pas parce que chaque élection vient avec son défi à part et il n’est pas juste de vouloir comparer chaque fois deux élections parce que les contingences ne sont pas les mêmes. Mais cette élection est exceptionnelle. Et tout ce que vous avez vu depuis le début de la campagne électorale jusqu’aux résultats et même la non contestation que vous venez de mentionner tient lieu d’un contexte et tient lieu de fait. Vous savez que c’est l’une des élections utiles pour nous dans le pays. Nous avions eu une liste électorale qui était à la base contestée et qui jusque-là l’heure nous sommes ici est encore contestable parce que des électeurs se plaignent de n’avoir pas eu des cartes ou bien on les a déplacés. On devrait voter donc dans des conditions un peu contraire à la loi parce qu’il y avait des béninois non enrôlés, qui avaient été enrôles et qui avaient été ignorés. Mais personne malgré tout ça n’a élevé de contestation. Il y a eu d’autres éléments qui se sont greffés pour faire passer en second plan les problèmes qui devraient être sur des contestations de base. Ce sont les candidatures d’abord. Les différents candidats qui se sont présentés l’ont été dans des conditions aussi historiquement uniques et exceptionnelles. Nous avons l’entrée des hommes d’affaires qui avaient été annoncées à un moment donné et qui sans contexte, avait eu un effort. Je le disais un jour à un de vos confrères que l’entraineur politique c’est-à-dire ceux qui finançaient le monde politique ont décidé d’aller jouer sur le terrain politique. Est-ce qu’à l’arrivée l’entraineur sera bon sur le terrain ou bien à la touche ? On verra bien. Et je pense que l’entraineur s’est avéré un bon joueur. Surement à force de poser des tactiques, il s’est découvrir le talent de bon joueur. Patrice Talon et Sébastien Ajavon sont dans le registre de ceux qui finançaient les partis politiques. Vous avez vu dans le passé que même le président Yayi l’a dit et Talon ne l’a pas caché, que pour les élections antérieures, Talon a été son mentor financier. Alors, que celui-là décide d’être candidat, c’est un événement bouleversant. De même que Ajavon. Mais l’autre qui a complètement bouleversé le terrain politique et qui a changé l’élection en une sorte de défi patriotique, c’est la candidature de Lionel Zinsou. Apparemment que tout le monde se disait que c’est quelqu’un qui ne nous connaissait pas et qui a fait plus de soixante ans de vie et qui n’a jamais milité au sein d’une association des béninois de l’extérieur même pas à Paris, et nulle part, on ne le trouve et il n’a jamais été enrôlé et n’a jamais voté avec nous ici, se retrouve avec nous aujourd’hui. C’est grave de faire descendre quelqu’un comme ça parce que le chef de l’Etat veut quitter qui l’a fait entrer au pays. C’est la première difficulté. La deuxième est celle que j’ai annoncée tant tôt. Il ne connait pas le terrain et il n’est pas dans le milieu politique, on ne le connait pas. S’il était venu d’un pays comme le Brésil, des USA, le problème aurait moins vif. Mais il vient de la métropole colonisatrice. Et on connait les relations entre les métropoles et les colonies même jusqu’à présent. L’impression a été forte de dire : on veut nous recoloniser, on nous amène quelqu’un pour être à la solde de la France. Et lui-même avant son arrivée, a dit des choses qui ont enflammé la situation. Il a dit même si ce n’est pas dans le contexte politique, il a dit dans un contexte très sérieux que l’Afrique appartient à l’Europe. C’est tout ça là qui a participé à crisper la situation. Et un an avant tout ceci, il était à la tête de la commission paritaire Nigéria-France et c’est lui qui représentait la France. Pour nous tous, il est plus français que béninois. Et ça, c’était le côté visible du problème. Mais le problème réel qui a fait que les élections se sont présentées comme ça avec autant de virulences de la part du chef de l’Etat sortant, le président Yayi Boni et de la part des adversaires aussi, c’est qu’en réalité Lionel venait porter le poids de la gestion de Yayi et devrait se justifier. A ce niveau-là, les résultats qu’on a eus prouvent que moins Lionel Zinsou qui était le problème que Yayi Boni lui-même. C’est l’échec de Yayi. Patrice Talon et tous ceux qui étaient venus pour être candidats, c’était en vérité pour nous protéger de la foudre de Yayi. Il n’arrêtait pas de s’en prendre aux gens, aux hommes politiques et aux opérateurs économiques. Et il veut mettre un système qu’il va contrôler. Nous craignions même qu’il ne devienne le premier ministre de Lionel Zinsou. Ce n’était pas exclu, puisque avec Yayi, rien n’est exclu. A partir de ce moment, le peuple combattait plus Yayi que Lionel Zinsou. Les arguments politiques internationaux ne pouvaient pas faire échouer Zinsou. Tout le monde le soutenait. En vérité, c’est la gestion de Yayi qui est sanctionnée.
Et l’inquiétude d’un troisième mandat déguisé.
Bien sûr ! Et moi mon combat, c’était contre Yayi, c’est lui que je traquais. Pour moi, c’est comme quand vous poursuivez une souris que vous voulez tuer, si elle se refugie sous une feuille, qu’est-ce que vous faites ? Vous abattez la feuille pour atteindre la souris. Vous abattez les deux et c’est la feuille qui va sentir plus de décomposition que la souris et peut-être même que vous allez rater la souris. Et c’est comme ça Zinsou, on traque Yayi et il s’est réfugié sous Zinsou, mais on écrase Zinsou et on le déchiquette. Et c’est ce sui est arrivé. Ma lecture est que cette élection est une sanction, c’est un vote sanction et il n’y a pas eu de réaction parce que Yayi s’est rendu compte que sur le terrain qu’il n’était accepté nulle part. J’étais tout le temps dans le Nord qu’on appelle sa base. Là-bas, il a semé une très mauvaise graine. Il a semé quelque chose que nous devons encore géré pendant quelques années. Il a donné le sentiment aux gens du Nord que nous, nous sommes du Nord et que les autres ne le sont pas. Alors que dans le Nord aujourd’hui, tout le peuple du Sud se retrouve comme tout le peuple du Nord se retrouve au Sud. Venant d’un chef de l’Etat qui est allé faire un discours comme quoi le Nord a tenu pendant longtemps le pouvoir pendant 20 ans sur 25 et qu’il ne fallait plus continuer plus sinon il nous garantir qu’il y aura eu une guerre parce qu’il a eu un candidat qui n’st pas du Nord qu’il s’en va tenir ses propos. Il descend dans mon village à Copargo et il prend le micro et dit aux femmes : « Copargo, sauvez-moi, sauvez-moi, Talon veut me tuer, c’est un bandit, c’est un voleur » Il a dit des choses assez graves et moi je ne suis pas content que les journalistes ne relaient pas ces choses-là parce qu’il a même dit que si Talon gagne, qu’il ne se laissera pas faire. Aujourd’hui, Talon a gagné, est-ce qu’il va laisser ? Ce monsieur était prêt à tout et à partir de ce moment, il devenait un danger.
Vous avez vu les résultats du premier tour, votre candidat ABT a eu 8%, qu’est-ce qui explique ce score là ?
Je vous disais que les conditions des candidatures ou du déroulement de la constitution des candidatures ont été des choses bouleversantes. Il y a eu des bouleversements partout ? Si une ou deux années avant les élections, vous demandez aux béninois, tous les sondages disent deux personnes : ABT et Koupaki. Je pense que cette vision est restée même au cours de la campagne. Nous avons eu des négociations au niveau de l’agence ABT avec des potentiels candidats. Des gens qui avaient déjà déposé leurs dossiers et qui se désistaient. D’autres qui cherchaient comment se positionner dans ce paysage. J’ai entendu plusieurs fois des candidats qui veulent se rallier dire que sur la plate-forme politique aujourd’hui, il n’y a pas meilleure offre que le président ABT pour prétendre gouverner le Bénin dans les conditions appropriées. Mais les gens souhaitaient deux choses. On vous dit tout ça et à la fin, on vous dit qu’il faut les moyens. Il faut l’argent. Il n’y en a qui ont même avoué qu’ils ont des problèmes sur les cris selon lesquels le pouvoir doit revenir au Sud. Pour tout le Bénin si on n’est pas hypocrite, Bio Tchané méritait d’être le président et c’est le meilleur. Mais il y a eu l’arrivée des hommes d’affaires et c’est le premier bouleversement. Au Bénin, personne ne pouvait penser une année avant les élections, que Talon ou Ajavon pouvait être candidat. Et même quand ils ont voulu l’être, vous avez vu que l’église et tout le peuple les appelait à dire non et de rester dans le créneau de leurs affaires. Et jusque-là, on se disait qu’ils n’iront pas jusqu’au bout et qu’ils finiront par se rallier. Il y a l’autre événement, c’est la réaction du PRD et de la RB qui est l’une des raisons qui a rendu la tâche plus dure à Lionel Zinsou et Yayi lui-même parce que ce ralliement-là, je peux dire, est le ralliement qui a crée aujourd’hui la rupture du candidat de la rupture. C’est vrai qu’à l’époque là, le camp de la rupture n’était pas encore constitué. Mais le fait de l’avoir de cette façon, a amené tous les autres à se câbler d’un côté et faire un fond de rupture parce qu’aucun béninois non plus, six mois avant les élections, ne peut penser que Houngbédji qu’on a élu dans des conditions que vous connaissez, allait commettre cet acte ignoble. Ou que Liady était poche de son copain que son père même a ouvert un front quand on annonçait la candidature de Zinsou a ouvert un front. On n’attendait pas que ces gens aillent s’agglutiner et le fait qu’ils se sont agglutinés a crée une psychose au niveau de ceux qui avaient peur de voir le système Yayi continuer. Et vous l’avez vu les plus faibles dans les analyses sont partis immédiatement s’agglutiner. On a vu les Eric Houndété, Désiré Vodonou, tout ce monde est parti ; il y a de quoi bouleverser la population. Et vous savez, la base de Yayi et celle de Bio Tchané sont dans le Nord. Le fait de voir ce regroupement là et d’entendre dire que « même si vous votez ABT ne sera pas élu, vous savez vous-même la tradition du pays. L’Ouémé, le Zou et autres sont déjà là avec nous ». Et en plus, Zinsou lui-même a participé à ça. Et c’est là que je trouve que ce monsieur a été bas. Quelqu’un qui vient d’un système aussi huileux comme la France et qui vient dire dans mon village : « Dites à ceux qui hésitent encore de venir vite nous rejoindre parce que moi j’ai déjà gagné les élections. Vous voyez la Cour constitutionnelle, elle est avec moi, la Cena, nous la contrôlons ainsi que la Hacc, les institutions sont avec nous et les grandes forces politiques du pays sont avec moi et tout le monde vient vers moi ; donc moi je suis déjà président de la république, dites-leur de vite venir ». Les paysans qui ne connaissent pas les réalités du pouvoir, ces genres de propos les bouleversent et les cadres ne savent pas ce qui va se passer. Qu’on ait eu un 8%, je pense que tous ces événements se sont greffés et ont contribué à ça. Mais c’était un score aussi inattendu parce que j’ai vu Yayi pleurer et vous l’avez aussi vu sur les meetings au Nord. Quand nous programmons une séance, il programme la même chose au même moment et au moment endroit autant à Tchaourou que dans les autres communes du Nord. Et malgré tout ce qu’il a fait, nous étions à 36% dans sa commune.
Qu’est-ce qui explique cette haine du président sortant vis-à-vis d’un candidat ?
Vous savez, je ne trouve pas Boni Yayi un homme normal comme les autres. Et pourquoi ? C’est un normal qui ne fait aucune différence entre adversité et animosité. Si quelqu’un ne peut pas franchir ce pas là, je trouve qu’il n’est pas normal. C’est pourquoi il faut traiter avec Yayi pas comme avec vous. Il a fait cinq ans, sa haine peut paraitre apparente, elle peut même ne pas être fondée mais il faisait une sorte de haine pour montrer à tout le monde qu’il ne faut jamais celui-là après lui. Il a dit pensant que la passation de service est quelque chose de constitutionnelle. Vous l’avez suivi : « Je ne lui donnerai jamais le pouvoir. » Il a l’a dit pour Talon et il l’a aussi dit pour Bio Tchané à Gogounou. Il a insulté Bio Tchané de sauvage et bâtard. Est-ce que vous pensez qu’un président qui a toutes les facultés normales peut agir de la sorte dans un pays? C’est une haine inexplicable du point de vue rationnel.
Comprenez que Yayi avait d’autres objectifs. Je vous fais une de mes analyses.La commission de la CEDEAO a été vacante depuis février. Pourquoi Yayi attend-il qu’on donne les résultats définitifs des élections pour nommer le président de la commission ? En vérité, moij’avais la conviction que ce monsieur se réservait lui-même la commission de la CEDEAO.……. On serait le 8 ou le 9 en train d’apprendre que pour lui permettre de continuer son dynamisme, sa diplomatie, et peut-être semer quelques graines de cette folie, qu’on va le nommer à la commission de la CEDEAO. On serait dans le même contexte que Alpha Oumar Konaré ou bien dans d’autres qui ont été rétribués. L’autre c’est l’Union africaine, lui il serait à la CEDEAO, et c’est quand-même 15 Etats. A partir de là rejoindre les Nations Unies. Ce serait le parcours d’Ibn Chambas. Ce monsieur a fait ses calculs. Il n’était pas en campagne pour Zinsou. Il était en campagne pour son avenir à lui. Et je suis convaincu de cela. Si c’est par Bio Tchané qu’il devait passer pour atteindre ça, si Bio Tchané pouvait le lui donner facilement ou le promouvoir, il l’aurait soutenu sans hésiter. Il aurait dit aux gens du nord, prenez vos armes, s’ils refusent, il faut les abattre, puisqu’ilavait l’habitude de leur demander de se préparer.
Malgré ça, Bio Tchané lui opposait le silence
Ça c’est le silence du sage. Nous sommes convaincus autour de Bio Tchané que cet homme n’était pas assez normal. Donc, si vous voulez riposter, vous vous trouverez en terrain anormal où le peuple ne vous comprendra pas. Et de toutes les façons, c’est la peur. Il veut nous faire peur. Mais ce n’est pas quelqu’un comme Bio Tchané qu’on intimide.
Verra –t-on ABT au sein du premier gouvernement de Patrice Talon ?
Je crois que c’est évident. Quand vous allez aux élections, vous avez des objectifs. Il y a les premières priorités et les priorités secondaires. La première es choses que nous avons combattues depuis 2011, que Bio Tchané a combattu depuis 2011 et nous sommes restés constants, c’est la mal gouvernance de Yayi. En 2011 déjà nous avions dit que sortir Yayi de la présidence est une œuvre de salubrité publique. Je l’avais affirmé. Notre objectif premier c’est de mettre fin à cette gouvernance-là, qui conduit le pays tous les jours à la catastrophe. Dans cette élection de 2016, le même objectifest resté. Priorité : il ne faut pas que le système Yayi continue, sinon nous risquions de quitter ce pays pour aller nous réfugier ailleurs pour travailler, ne serait-ce que pour travailler. Bio Tchané de ce point de vue privilégiait la non continuité de ce pouvoir. Et vous avez vu, Zinsou a été clair et leur campagne était que c’est la continuité. Et quand vous faites un combat politique, vous devez être prêt à tout sacrifice. Lorsque le front de Lionel Zinsou s’est constitué pour continuer, il était normal que les autres se retrouvent et que du coup, chacun soit prêt à se sacrifier pour que cela n’arrive pas. Bio Tchané a fait ce combat de façon constante. Pour nous, la première victoire devait résider dans la rupture avec ce système. Le deuxième objectif c’est de rendre cohérent et fonctionnel le regroupement. Je crois que ce sont les autres qui ont proposé Bio Tchané à cette époque-là pour être porte-parole. Je vous disais au début que tout le monde est unanime que ce monsieur est l’un des meilleurs pour mener la chose. Pour moi, il ne pouvait que se montrer actif.
Il sera au gouvernement ?
Probablement. Mais pourquoi allez-vous soutenir un système et refuser d’en faire partie. Vous dites que vous faites la rupture. Ce serait incohérent de dire que vous ne rentrez pas dans ce combat-là au premier plan comme on vous a vous. Moi, je sais que nous avons apporté tout notre soutien et l’appel a été suivi à 100%. Talon est élu, nous sommes porte-parole de la Rupture. Il deviendra opposant pour faire quoi ? Pour faire autre chose que la rupture ?
Abdoulaye Bio Tchané peut servir ailleurs que dans le gouvernement
Ça c’est une autre question. Mais l’alliance ABT sera au gouvernement. Il appartient à l’ alliance, selon ses objectifs, de lui dire qu’il y va ou qu’il n’y va pas. Mais si vous demandez l’avis d’AssanSéibou, je vous dirai qu’il y sera et qu’il ne peut qu’être dedans. C’est selon AssanSéibou, mais pour le, moment les débats ne sont pas terminés. C’est ça aussi, l’affaire des négociations. D’un, c’est lui qui peut entrer et rendre les choses efficaces, parce qu’il a mené le combat à notre tête. De deux, parce que Patrice Talon respecterait le président Bio Tchané plus que n’importe qui dans l’alliance ABT. La troisième raison, c’est que techniquement, ce qu’il connait et peut apporter, personne dans l’alliance ABT ne peut l’apporter, du point de vue relation, du point de vue compétences, du point de vue connaissance du milieu béninois dans son domaine.
Quel pourrait être l’avenir de la Renaissance du Bénin (RB) et du Parti du renouveau démocratique (PRD) après l’échec de Zinsou ?
Vous me faites passer pour un marabout qui risque d’être de mauvais augures, parce que quand vous allez chez les marabouts ils aiment que vous entendiez ce que vous voulez entendre pour pouvoir sortir l’argent de poche. Pour moi, ils ont posé l’acte de nous abandonner pour soutenir notre bourreau. Ce n’est pas nous qui sanctionnons, c’est le peuple. Je crois que vous avez vu le PRD, malgré la sortie de Houngbédji, malgré tout ce qu’ils ont fait, perdre le terrain devant les autres. Il était inimaginable dans le passé que même si vous avez de l’argent, de l’influence ou du pouvoir, que vous puissiez l’emporter devant un appel de Houngbédji dans l’Ouémé. Il vient d’être démystifié. C’est beaucoup plusune réaction contre ces choses-là. J’ai observé la manière dont cela s’est fait et j’ai été personnellement dégouté. J’ai un profond respect pour Me Houngbédji et il le sait. J’aimais beaucoup le PRD. Ils le savent. Je n’ai pas compris, que c’est après avoir constitué ce front-là, après avoir donné le logo, comme on dit, que le président du PRD est reparti s’expliquer avec sa base. Ça signifie qu’il avait fait-là une aventure personnelle avant qu’elle ne devienne collective. C’est une erreur grave. J’espère qu’il va pouvoir se relever, parce qu’avoir fait la politique pendant si longtemps et finir dans une certaine désolation ne serait pas bien. Il lui appartient de trouver les mots qu’il va dire aux siens, comment il va se comporter, parce que ce serait une perte énorme que d’avoir de grandes figures aussi expérimentées et se trouver en difficulté le même schéma se présente chez Léhady jusqu’à l’heure du dépôt de la candidature de Lionel Zinsou, il n’y a personne de nous qui croyait qu’il était dans cette logique parce qu’avec son père qui est quand-même la figure charismatique, même s’il n’aime pas qu’on le dise, être président, il a hérité de quelque chose et la chose dont on a hérité porte toujours la marque ce celui qui l’a inventé donc la RB restera toujours une invention de Rosine et Nicéphore Soglo. Il doit gérer sagement. Mais je pense que cette occasion est celle qui a révélé que même devant l’honneur de leur père Léhady n’est pas prêt à renoncer à un intérêt. C’est la lecture qu’on fait les gens du Zou, dans la zone où Talon a laminé Lionel Zinsou que les Léhady et Atrokpo soutenaient. Le père est devant et vous dites non. Je crois qu’à ce niveau-là, leur avenir dépendra de ce qu’ils vont dire à leurs populations pour redresser ce tort-là. Mais on les voit déjà appeler à soutenir Talon.
Comment appréciez-vous les ralliements massifs et subits à Patrice Talon ?
Je crois que vous êtes dans la suite de votre question. Ces ralliements-là rentrent d’abord dans le sens de ce qui va permettre à ceux qui se sont rendu compte qu’ils ont fait une erreur grave, de refaire leur avenir, d’essayer d’arranger ce qui peut se gâter dans l’avenir. C’est de dire nous ne sommes pas des opposants. Mais cette attitude aussi n’est pas une attitude responsable. Je viens de me rendre compte qu’ils ont réagi comme des gens qui ont vu le précipice brutalement devant eux. Le lendemain est devenu noir, on ne sait pas dans quoi on saute. Je trouve en ça une réaction fébrile. Il y a eu trop de fébrilité. Je pense qu’ils auraient pu attendre un peu, que le président prenne le pouvoir et qu’il fasse même quelques pas et qu’il voie de quelle manière il veut y aller avant de dire ‘’nous soutenons de façon inconditionnelle’’. Mais je crois qu’ils l’ont fait parce qu’ils étaient devenu non grata au sein de leur population qui est en train d’évoluer vers Patrice Talon. Et comme on dit, toute honte bue, ils ont posé l’acte. J’ai l’impression que c’est comme ça avec tous ceux qui font ces ralliements. Ceux qui sont un peu dignes vont attendre. Qu’est-ce qu’ils savent de ce que Talon va faire d’eux ? Parce que ces ralliements-là ne leur pas une priorité chez Talon, ça ne donne qu’une disponibilité. Et Talon, comme tout président, veut bien que tout le monde le soutienne, mais c’est un homme qui est issu d’une histoire et d’une logique politique et électorale. On ne va pas lui dire aujourd’hui de prioriser le PRD par rapport à Ajavon. S’il le fait, lui aussi le peuple le sanctionnera comme il a sanctionné le PRD. Voilà comment je vois la chose. C’est une fébrilité, c’est la peur. Et quand quelqu’un agit en état de fébrilité et de peur, il pose des actes maladroits et regrettables.
Le mot rupture est sur toutes les lèvres. C’est quoi la rupture, au fait ?
C’est d’abord rompre avec ce qui se passait. Quelqu’un dit qu’il veut continuer et nous disons qu’il faut rompre. Mais il faut faire attention. J’ai entendu des gens dire qu’il faut rompre avec tout ce qui se faisait. J’ai lu un de vos confrères qui disait qu’il ne faut plus qu’il y ait de premier ministre. Je me suis dit dans ce cas qu’il n’y ait plus de ministre d’Etat non plus. Pour certains, on doit rompre même avec les mots, les expressions. Dans ce cas changeons de dictionnaire. Ce n’est pas ça. Là où nous voulons rompre, c’est dans la gouvernance, dans la manière de gouverner.
Si on vous le demandait, quelles propositions feriez-vous au président Talon pour améliorer la gouvernance ?
La première des choses s’il prenait le pouvoir, c’est d’annuler toutes les affectations et nominations qu’il y a eu dans ce pays cinq mois avant, mettre à plat. Parce qu’on a fait des choses, on a donné à des gens des postes et des possibilités qu’ils ne méritent pas du tout. Et si on entérine, on va continuer avec le système. Et dans la gouvernance c’est de commencer d’abord à ne pas rendre les nominations comme une faveur qui attend rétribution. Quand on nomme quelqu’un, il pense qu’on l’a nommé pour sa communauté, pour sa maison. Ce sont des choses que je peux demander au président d’évacuer. J’ai déjà entendu le président dire qu’il ne fera pas de chasse aux sorcières. Je suppose que la chasse aux sorcières c’est de regarder quelqu’un qui ressemble à quelque chose et se jeter sur lui. Mais on ne peut pas prendre la gouvernance là où elle est, avec des problèmes sans connaitre comment ces problèmes-là se sont posés. Et si ça engage la responsabilité de quelqu’un, il faut bien le dire. Je vous donne un exemple. Le plus grand problème que nous avons est celui de l’énergie. Vous, les journalistes, avez tous suivi la centrale d’Akpakpa. Il a été versé dans cette centrale trois milliards et quelques de francs CFA sans que les groupes qui sont là aient tourné. Si on veut lutter dans le cadre de l’énergie, est-ce qu’on doit oublier cette centrale ou aller voir ce qui s’y est passé ? Si cela engage la responsabilité de ceux qui ont dépensé les trois milliards, il faut bien regarder ça non ? Je ne suis pas pour que le président s’engage à e pas investiguer. Mais, à poursuivre des gens qui n’ont rien fait, non. On peut situer les responsabilités sans nécessité de poursuivre, mais que l’opinion sache quand même ce qui s’est passé. Donc, au niveau de la gouvernance, si personne n’a peur, si personne n’a de crainte de demain qu’on puisse fouiller dans ce qu’il a fait, nous allons continuer avec les mêmes choses.
Que pensez-vous de la proposition de Nicéphore Soglo de faire venir des gens de la BrettonWoods pour investiguer par souci d’impartialité ?
Moi je ne le crois pas faire des investigations dépend de la sincérité et de l’intégrité de ceux qui viennent. Celle qui nous a certifié la Lépi venait d’où ? C’est le PNUD, avec les partenaires, qui nous ont dit que c’est fiable, que c’est bon, mais ils savaient tous que ce n’est pas bon. C’est une institution internationale. On peut avoir des gens qui peuvent cautionner du faux. L’essentiel c’est de faire l’investigation avec des gens, et il n’en manque pas dans ce pays, d’une certaine intégrité à qui on peut confier une commission d’enquête. Si pour toute commission d’enquête nous devons chercher des institutions de BrettonWoods, notre argent va finir. L’enquête que nous pouvons faire avec dix, vingt millions ici, ils vont nous demander le milliard pour le faire. Il y a aussi la crainte de ce côté. L’essentiel c’est de s’engager à investiguer quand ça ne va pas. Yayi nous a habitué à des mensonges, à du camouflage. Le président doit cesser d’être vu par son peuple comme unmenteur. Nous avons tous vu le président Yayi comme un menteur invétéré. Il dit une chose et demain c’est le contraire qu’il est en train de faire. Je me demande si ce sont ceux qui lui fournissent les informations qui le rendent menteur comme ça, ou bien si c’est lui-même qui sait et le fait. Yayi a remis la démocratie en cause. Il ne respecte aucune loi. Quand la campagne a cessé, il a continué, continué d’utiliser les moyens de l‘Etat. Il n’ya avait rien qui puisse l’arrêter. Même son poulain qu’il a amené, il l’a entraîné dedans. Ce n’est pas de cette gouvernance qu’on a besoin.
Que dites-vous de la Nouvelle conscience prônée par un des candidats ?
Il y en a qui ont besoin d’une nouvelle conscience. Quand on dit nouvelle conscience, ça veut dire qu’il y avait une ancienne qui n’était pas bonne. Je pense qu’il y en a qui en ont besoin plus que d’autres qui ont gardé leur conscience. Je ne veux pas faire de bagarre sémantique mais je pense que chaque candidat a prôné ce qui pouvait lui permettre de se passer des difficultés que pourraient lui causer son passé, et avait besoin d’une certaine renaissance. Au fond, on a tous besoin d’une introspection et de changer de mentalité.de ce point de vue, changer de mentalité dans la gestion de la chose publique, c’est-à-dire la mentalité collective. Et c’est sur ce point-là que la question de nouvelle conscience, ce concept-là pourrait s’ajouter à la rupture que nous recherchons et le nouveau départ qui est prôné de l’autre côté, pour que nous ayons une nouvelle façon de voir les choses. Qu’on fasse table rase du passé, sinon Koupaki le promoteur de la Nouvelle conscience lui-même peut être mal vu par rapport à son implication avec Yayi. Parce que, si Yayi était un nazi, lui-même serait nazi.
Vous avez expliqué tout à l’heure que vous avez lutté contre le système Yayi qui est un système de prévarication, de division. Pourquoi n’avez-vous pas mis un peu d’eau dans votre vin pour rentrer dans le système et bouffer ?
J’aime la façon dont vous me posez la question.
Réellement, j’ai fait deux mandats, ce n’est pas un. Chacun a sa raison d’aller dans la politique et sa raison de vivre, comment il s’organise, comment il entend faire sa vie. Moi, je ne peux pas être en présence du mal et me taire. Je ne peux pas être en présence de quelqu’un que je sais de mauvais et dire : bon, comme il produit quelques fruits que je mange, je ne peux pas dire qu’il est mauvais. Moi, personnellement, j’étais convaincu avant 2008 que le président Boni était un mauvais président. Et que sa politique conduit mon pays dans le gouffre. J’ai eu beaucoup de personnes qui sont allé me voir pour dire : Assan mais vas- y, tu manges et après lui, la vie va continuer. Tu ne peux pas le faire arrêter. Mais si tout le monde allait faire comme ça, nous laisserons les gouvernants faire comme ils veulent. Et moi, j’estime comme je le dis souvent, je suis comme un impôt du Bénin. Je ne sais pas ce que je serai si ce n’est pas la sueur des autres. Je ne peux pas me payer un enseignants, mes parent sont pauvres et je lais ai perdu tôt. J’ai été à l’école comme on recrute les militaires. Dans le temps au village, on cour rattraper les enfants pour les amener à l’école et c’est de cette façon que j’ai été attrapé pour commencer l’école. Et avant que mes parents n’acceptent que j’aille à l’école, il a fallu qu’un ancien combattant explique à mon père que celui-là a été choisi pour être esclave du blanc. Le reste de tes enfants, c’est pour toi mais celui-là, c’est ton impôt. Et quelques part, j’ai été privilégié puisque en ce temps, ce n’est pas toit le monde qui va à l’Assemblée Nationale à l’âge où j’ai été élu député. A trente ans déjà, je rentrais déjà au parlement. Ce n’est pas a tout le monde que Dieu a donné ça. Ça veut dire que j’ai une mission. C’est-à-dire que si je ne rends pas à ce peuple ce qu’il m’a donné, c’est dire que si quelqu’un gouverne mal le Bénin, moi je suis là pour dire que c’est mauvais. Si c’est Patrice Talon qui commence demain matin, je vais lui dire que c’est mauvais. Et donc, je l’ai fait avec Yayi et pour ceux qui connaissent Boni Yayi, avec lui, c’est la répression totale.
Vous avez été victime ?
Mais bien sûr, vous savez où je travail et vous me connaissez. Je travaillais avec des partenaires libanais et j’étais impliqué avec eux dans tous. Ils ont tous quitté le pays. Allez voir leur domicil derrière l’ambassade d’Allemagne, c’et rasé, ils ont abandonné et ils sont rentré. Parce qu’on les persécutait en donnant des impôts trois fois en moins d’un trimestre. Trois redressement des commandements de payer. Et c’est parce que j’étais là. J’ai démissionné pour qu’on leur colle la paix mais on était deux, il y a Valentin Houdé aussi qui était de ce groupe là tout comme AkotègnonRaphaël qui était de ce groupe. Nous on ne faisait la politique là-bas, ce n’est pas dans la société là on l’a fait. Nous étions des travailleurs, nous étions des partenaires. Nous même, les affaires qu’on a initiées, je vous dis, on a eu un marché de trois cent millions, signé même déjà par les marchés publics et on a déjà mis les timbres sur le document d’octrois du marché mais dès qu’on a vu mon nom dans la société, c’est annulé. Tous ce que moi je faisais, et même dans le nord, vous ne pouvez même pas aller dormir dans mon hôtel, sans qu’on ne vous fasse des demandes d’explication le lendemain dans votre service comme quoi : qu’est-ce que vous cherchez chez lui ? Je suis rentré dans la maison du responsable du Cardé du Toucountouna par erreur dans la nuit parce qu’on m’indiquait quelque part et c’est la nuit. Le lendemain le gars a reçu une demande d’explication et une semaine après, le monsieur a été affecté. Donc, même autour de Boni Yayi, tous les cadres, aucun ministre ne voulait que vous lui rendiez visite. Même si vous avez un problème, on préfère que vous envoyé un garçon avec le problème que de venir vous-même. On ne veut pas qu’on vous voit en compagnie de quelqu’un comme moi. On est devenu une peste, c’est une persécution. Mais moi, ce n’est pas suffisant pour que je cède. Mon problème, c’était que son système ne continue pas. On l’a raté en 2011 et en 2016, on l’a réussir, c’est déjà bien. Donc, je ne plonge pas quelque part parce qu’il y a à manger là. Je n’ai pas la philosophie de la bouche. Vous savez, la mouche, quand elle voit le lait, elle veut se poser pour tous boire mais dès qu’elle se pose, c’est fini, ces ailles sont lourde puis, elle est morte. Moi je ne suis pas de cette nature-là.
Vous avez donné votre position pour l’entrée au gouvernement de l’alliance. Et si l’alliance vous mandatais pour le représentez ?
Je vous ai dit, qu’il s’agit là d’un certain débat au niveau de l’alliance et même à l’intérieur de tous ceux qui ont soutenu le candidat Bio Tchané si on nous donnait des portefeuilles, si la position est claire, je ne vais pas refusé main si ce n’ai pas ma personne qui ai été choisi, c’est pas un problème, puisque ce n’est pas la seule façon d’être dans un gouvernement parce que pour vous, quand on dit gouvernement, c’est le poste ministériel alors que c’est tout le système.
Non mais si on vous donnait le post d’un Dg Sonapra, mais vous n’allez pas cracher dessus quand même ?
Je ne suis pas un misérable. Si on me dit voilà ce que tu vas faire c’est parce qu’on m’a regardé et on sait que je suis capable de le faire et il s’agit d’une chose nationale. Je me suis sacrifié pour ça, je me suis battu pour ça. Si on me dit c’est là que tu dois aller, c’est que je vais là-bas. Mais je ne suis pas frileux, je ne tiens pas a quelque chose ou à quoi je m’accroche vraiment.
Quelles sont vos perspectives en terme de carrière politique que vous vous tracé vous-même ?
Je suppose qu’au Bénin, la carrière politique se fait au jour le jour. Je ne suis pas prêt à me dire bon, comme Yayi est parti, mon combat est terminé. Mon combat a toujours été politique, c’est-à-dire, celui de la gestion de la nation,de la cité. Et je dois continuer mon combat. Surement, vous n’avez vu aucun parti politique aujourd’hui dans le pays qui soit fonctionnel. Yayi a mis son né partout pour détruire et même avant de partir en dernière minute, il a réussir à abattre le PRD et la RB. Les Fcbe c’était prévu, ça allait s’éclater. Mais, les partis qui étaient encore un peu stables, la RB, le PRD, il les a attirés. Et en politique, tous ce que Yayi attire vers lui, c’est qu’il crache du venin, c’est mortel. Tous ce qu’il embrasse doit disparaitre et je crois que même les hommes qu’il a embrassés ont eu des problèmes. Donc, il y a besoins dans ce pays, de faire une réforme, de redonner une chance au parti parce qu’il n’y a pas de débat politique sans parti politique. Il faut donner une chance à l’existencedes partis politiques, à des regroupements politiques. Donc, il y aura une reconfiguration de l’atmosphère politique pour que demain, les partis puissent présenter des candidats à la présidentielle. Cette fois ci, on a au aucun candidat d’un parti.
On ne vous a pas entendu parler jusqu’e là du nouveau candidat élu. Il n’est pas votre candidat mais, qu’est-ce que vous pensez de lui ? Milliardaire où quoi, est-ce qu’il peut gouverner ce pays.
Je crois que lui aussi aura un temps dans l’apprentissage de la gouvernance. C’est un milliardaire, c’est incontestable. C’est un homme qu’on aurait pensé à juste titre qui aurait besoin de faire des détournements ou de faire des réalisations comme Yayi en a fait au soleil là et dire le lendemain qu’il n’a rien, qu’il a été bénévole et… Il ne va pas faire comme Yayi, nager dans notre marre, prendre quelques goutte d’eau dans la bouteille, boire à la maison et venir dir bon voilà, je ne bois pas dans votre marre. Non, non, non, il nage dans notre marre. Celui-ci peut dire qu’il n’a pas besoin de cette chose et se consacré beaucoup plus à sa renommée puisqu’on ne va pas dire que c’est l’argent que Talon va chercher. Dans la vie, l’homme poursuit trois choses. C’est la connaissance, l’argent et évidement, c’est la famille, c’est-à-dire l’honneur. Il a l’argent, il a sa limite de connaissance et je crois que c’est l’honneur qui est son problème. Parce que l’argent, on le prend pour aller chercher l’honneur et quand on a l’argent, c’est pour avoir l’honneur. Il a eu l’argent et la présidence là, c’est le plus haut et maintenant, il lui reste maintenir la renommée. C’est-à-dire, légué à la postérité, un nom. Je pense qu’il peut le faire. Seulement, c’est un homme d’affaire avec les réflexes d’un homme d’affaire. Quand vous l’approchez ou ceux qui l’on approché savent qu’il a des décisions carrée. Quand vous le prenez, il n’a pas encore le management politique qu’il faut. Prenez l’exemple de la conférence qu’il a animé après que la Cour ait déclaré qu’il est élu président. Il a dit : écoutez, moi, je ne suis pas dans les histoires d’équilibre régional, les histoires de parité, la satisfaction des soutiens politiques, ce n’est pas ma priorité maintenant, c’est rien que les compétences. Vous savez, ces mots qu’il disait-là, c’est le résultat de tout un combat de certains. La question de parité, il y en a, c’est leur obsession surtout dans les organisations des femmes. L’équilibre inter régional, c’est l’obsession des hommes déshérité pour que tout ne continue pas de se concentrer dans les villes. Surement, ce n’est pas dans la philosophie qu’il le dit, mais ça pouvait choquer et il veut faire le choc. Ça, c’est qu’il a déjà défini ses décisions et il avance. C’est ça j’appelle une décision carré. La conséquence, ce n’est pas mon problème, c’est ce que ça veut dire. Or en politique, les politiciens trouvent toujours la formule pour emballer les choses pour ménager les susceptibilités tout en disant que nous allons faire un gouvernement de compétence. Donc, il faut encore un peu de temps. Il n’est pas politicien ça c’est claire. Un homme d’affaire n’est pas politicien. Il sort ses objectifs numériques et il fonce. C’est clair. Le reste, il peut faire des dégâts collatéraux et aujourd’hui, il doit prioriser les dégâts collatéraux parfois devant une décision qu’il veut prendre. C’est pour ça que je dis qu’il lui faut un peu de temps.
Le chef de l’état a déclaré dans un récent conseil des ministres ses bien qui se résume à ce qu’en 10 ans, il n’a pas pris de salaire, il s’est appauvrit, il servir le pays avec amour etc… Quels sont vos impressions ?
Ma première impression c’est qu’à travers ce conseil des ministres, le président boni Yayi voulait nous montré à nous béninois que nous sommes ingrat puisque lui a servi le pays de façon bénévole. Non, ce conseil des ministres sorties ex nihilo c’est pour dire qu’il appliquait une décision constitutionnelle de déclaration des biens en début comme à la fin du mandat. Maintenant, est ce qu’à sa prise de fonction, il l’avait fait ? Quand il sortait en 2011 pour entrer en 2011, est ce qu’il l’avait fait ? Il ne l’avait pas fait. Aujourd’hui au moment où il s’apprête à partir, il s’en rende compte qu’il ne l’a pas fait et il veut le faire pour montrer qu’en effet, c’était avec sacrifice. Il s’est sacrifié pour le pays. J’ai deux aspects. Le premier aspect, c’est le sérieux ou la sincérité de ce qu’il fait. Il vient selon moi de lancer un défi au béninois en disant ; je me suis sacrifié, je n’ai pas pris de l’argent et voilà, c’est ce que j’ai ça. Et aux béninois de chercher à savoir si ce qu’il dit là, est ce qu’il a les moyens de faire ça. Est-ce que c’est d’abord sincère. Maintenant, c’est ouvert à tous les journalistes d’investigation de dire çà là, c’est à travers un accord qu’il a eu ça ou bien si c’est pour lui. Deuxièmement, je pense que le président Boni Yayi vise autre chose au plant international. Il le sait et on connait les démarches, ce n’est pas caché pour quelqu’un qu’il ne vise pas de rester tranquille. Il vise d’être bien vu même au niveau des services des Nations Unies. Il voulait être pasteur mais ce choix-là n’est pas sincère aux yeux du peuple. Il faut qu’il abandonne cette histoire de pasteur. Mais comme on dit qu’il va se promener au sein des Nations Unis comme Globale Trotter, c’est ce qu’il veut. Mais c’est dire qu’un homme qui dit qu’il s’est sacrifié, qui a tout fait, et on le rejette à ce point-là dans son propre pays, si les Nations Unies lui font une promotion, ce sera une insulte à ce peuple. Et, je trouve que le président Boni Yayi est le plus mauvais exemple. Je l’ai déjà dit en me justifiant à des niveaux donnés. Les maisons qu’il dit qu’il a, je me suis prononcé là-dessus avant 2011. La maison de Djougou, celle de Parakou ou la maison de Tchaourou, vous pensez que c’est des maisons comme vos maisons ? La maison de Djougou vaut un milliard. Cette de Parakou est plus grande que celle de Djougou, je présume qu’elle doit être plus chère. Je l’ai toujours dit. Sa maison de Tchaourou là, on connaissait. Quand on prenait la voix, c’e n’est pas un hangar mais c’était quand même un bâtiment qui était là. Autour, c’était la brousse mais aujourd’hui, c’est devenu un village avec des bâtiments qui ont poussé du jour au lendemain au point où on ne reconnait plus le bâtiment qui était là. Aujourd’hui c’est autre chose. Il y a quand même des investissements qui ont permis ça. A Cotonou ici où il habite. Mais tous ceux qui ont de maison autour de lui ont tout vendu. Il y a un même qui résiste et il parait que c’est devenu une histoire. Ce qu’il nous dit qu’il a déclaré là, ce n’est pas ce que nous on lui connaissait. C’est autre chose aujourd’hui et ils n’ont de nom pour lui aujourd’hui que de titre foncier et celui de Djougou, il l’a eu au cours de son mandat. Parakou il l’a construit au cours de son mandat et Tchaourou, il l’a reconstruit au cours de son mandat et ce qu’il a acheté autour de sa maison, c’est autour de son mandat. Alors, la question de déclaration de biens est un élément d’évaluation de la gestion morale du pouvoir. Il s’agit là de savoir si ce qu’il nous a déclaré là, s’il avait assez de revenu pour le faire. Plus grave, le monsieur vient dire encore qu’il ne prend pas de salaire. Attendez ! C’est un voleur qu’on a mis à la tête du pays. Où est ce qu’il a trouvé l’argent alors pour construire et acheté tous ces maisons. Où ? Çane peut être alors le produit d’une corruption ou d’un réseau. C’est un député qui me dit que le président ne doit pas dormir dans un taudis. Je dis d’accord mais il faut alors qu’il dort dans une maison qui est convenable à son revenu. Une maison de cent millions, serait à la portée de Yayi non ? Il ne peut pas dormir dans une maison de cent millions ? Kérékou après ces années de pouvoir on connait sa maison. On connait la maison de Soglo. Lui il ne peut pas dormir dans ça. Il a construit des maisons où il ne dort pas. S’il déclare encore, parce que moi, je me suis gardé de dire qu’il ne prend pas de salaire, parce que si on mentionne ça, c’est encore plus grave. Il n’a pas de salaire mais il réalise des biens. D’où sort l’argent alors ? Quand votre enfant revient à la maison avec un objet plus cher que son revenu, le premier réflexe, c’est de lui demander : tu as trouvé l’argent où pour acheter ça ? Quitte à le frappé pour qu’il dit la vérité. Celui-ci a amené des biens dans notre pays et dit que ce n’est pas notre argent qu’il a pris. Tu as pris quel argent ? Il faut que le président nous l’explique si non, la justice doit l’interpeler. On n’a pas mis cette disposition constitutionnelle pour rien. C’est pour cela qu’on dit qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières, mais il ne faut pas que les sorciers nous persécutent et nous provoquent. Ça c’est une provocation d’un sorcier et nous devons riposter. Si ce pays-là se tait là-dessus, un autre président viendra dit : Moi, je n’ai pas pris mon salaire. Et, tout fonctionnaire, toute personne qui à un salaire à prendre et qui ne le prend pas doit être sanctionner et relever de ses fonctions, parce que la personne ne vit alors que de la corruption. Et, Yayi prouve là qu’il est corrompu et cette déclaration en réalité devait l’envoyer en prison. Ça me prouve que ce monsieur est moralement mauvais puisqu’il a eu le courage de déclarer qu’il ne prend pas de salaire. Entre temps, c’est AdidjatouMartyns qui a dit qu’il ne prend pas de salaire et quand nous on l’a attaqué, elle a retiré ce qu’elle avait dit. Maintenant, si un seul ministre des finances ou un relevé des finances prouve qu’il a prix ne serais qu’une fois ce salaire là, ce serait du parjure encore puisqu’il aura mentit. Mais, s’il n’en a pas pris, là, ce serait encore plus grave. Si vous journalistes, vous construisez un grand bâtiment demain et vous continuez à venir ici, il faut que votre directeur d’ici commence à s’écarter de vous. Ça veut dire que vous traitez des choses avec des gens et il va commencer par sculpter vos articlespour savoir si vous n’êtes pas en train de couvrir une mafia quelque part ou si vous ne prenez pas de l’argent illégalement ailleurs. En tout cas, cette déclaration est une preuve de mauvaise moralité pour le président.
Vous avez appris que le président Patrice Talon a promis qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières mais qu’il luttera également contre l’impunité. Voilà qu’il y a assez de dossier de corruption sous le régime de Boni Yayi. S’il advenait qu’il envoie ces dossiers à la justice, ne craignez-vous pas un bouleversement de la classe politique, surtout que des députés à l’Assemblée sont concernés et que beaucoup lui ont déjà promis leur soutien ?
De notoriété publique, souvent quand un pouvoir vient, l’idéal, c’est de ne pas conduire seulement en regardant dans le rétroviseur. Un chauffeur qui conduit et qui a les yeux rivés sur le rétroviseur fait un accident. C’est pour cela qu’il faut éviter de créer la Psychose. Le président Boni Yayi a couru dans mon village et si vous l’écoutez, vous verrez que cette phrase de Talon lui donne beaucoup de soulagement. Parce qu’il descend en courant et en disant/ Sauvez moi, Talon veut me tuer. Et, il a rassemblé les femmes à Parakou et devant lesquelles il a même versé des larmes pour dire que Talon veut l’envoyer en prison. Est-ce qu’elles vont laisser leur Boni là être envoyer en prison ? Et lui-même, il perle les larmes et fait comme celui qui pleure. Mais, ça veut dire qu’il a peur. Même le fait d’aller chercher Zinsou, c’était pour régler ça. Et, dans ces circonstances-là, si le chef panique, ceux qui sont autour de lui auront la crise cardiaque. Il faut ramener la balle à terre et apaiser tout le monde. Seulement, se pose un problème. Vous prenez un pays au monde où tous les chefs d’Etat qui se sont installer ont faut un audit avant de prendre le pays au moins pour savoir : qu’est-ce que nous sommes en train de prendre et l’audit révèle toujours beaucoup de malversation. Mais, dans le cas de Yayi, il redoutait l’audit et c’est pour ça qu’il est allé chercherZinsou qui n’était pas dans le pays pour qu’il dise : je ne vois pas ça, il fait table rase du passé, il peut aller dormir à Paris et laissé quelqu’un d’autre gérer le pays. Mais, on est obligé de regarder ce qui ne va pas. Et, par rapport à ça, la chasse aux sorcières, je l’ai expliqué tantôt. C’est le fait de voir quelqu’un qui ressemble à quelque chose et dire bon voilà, c’est eux ça. On regarde votre directeur de publication et on dit voilà c’est un homme chauve, tous les chauves sont mauvais. On le prend alors qu’il n’a rien fait. Ça, c’est la chasse aux sorcières. Mais, demain, s’il est un voleur, parce qu’on a dit qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières, il faut se taire. Non, non ; ce que je pense que nous devons faire, c’est que s’il y a des malversations qui se produise maintenant, il faut punir. Si c’est une malversation qui vous envoie dans le passé, il faut aller le chercher. Mais on ne peut pas dire que même si un dossier au quel on est confronté demain appel quelqu’un, pare qu’il a été du régime de Yayi, on ne l’appel pas. Et, pourtant, c’est ceux-là qui ont voté l’imprescriptibilité des crimes économiques. C’est une loi et si vous allez devant le juge, vous serai sanctionné. Et ne croyez pas que c’est Talon comme président qui va faire la chasse aux sorcières ou bien qui va faire les poursuites judiciaire. Si vous donnez à la justice sa compétence, le procureur peut se saisir de quelque chose et le président de la République ne peut pas lui dire non. Si vous-même vous portez une plainte devant la justice, le procureur ne peut pas dire non et le président de la République ne peut pas refuser qu’on investigue sur ça. C’est ça la question de l’impunité. Si quelqu’un fait quelque chose, il sera puni. Mais, il faut se préoccuper plus de ce qui va se passer dans l’avenir que ce qui est déjà passé, c’est ce que ça veut dire.
Quelle sera alors l’avenir de l’alliance ABT ?
Je pense que l’alliance ABT va continuer d’exister. Quand je prends l’environnement politique national, les partis politiques se sont tellement affaiblis et aucun candidat n’a pu aller à l’élection présidentielle sans être sous une coalition s’il fait appel aux forces politiques. L’alliance ABT a été constitué depuis avec un certain nombre de parti et on ne peut pas dire que l’alliance n’a pas eu de performance puisque aujourd’hui, quand même, nous avons conduit un candidat qui, dans la nouvelle alliance au pouvoir va nous aider à renforcer notre alliance. Je sais et je l’avais dit tantôt, il y aura une recomposition de la classe politique, de la configuration même du pays. Donc des regroupements vont se faire. L’alliance ABT va-t-elle s’élargir ou va-t-elle se fondre dans de nouveau regroupement ? Ça, je ne peux le dire maintenant puisque la politique est une question beaucoup plus pragmatique. Nous allons nous ajusté certainement et l’avenir est plus radieux que le passé et si nous entrons au gouvernement, je vous l’ai dit, cette campagne nous a montré que ceux qui ont l’argent font mieux la politique que ceux qui n’en n’ont pas. Nous avons tiré les conséquencesde notre échec mais nous n’avons pas encore fait la réflexion d’après élection parce que nous le faisons toujours au cours d’une retraite pour discuter, évaluer ce qui s’est passé et je crois que l’un des points qui a été l’évidence est que nous étions très bons, mais nous n’avons pas assez de moyens. Ça a participé peut être à ce que les hommes riche l’ont dit : si on vous laisse avec Yayi, ce pays est pourris et Yayi va vous écraser. Je comprends aussi leur jeu.
Nous allons aborder la partie qui parle de vous-même. Qui êtes-vous et comment êtes-vous arrivé à ce stade ?
Il est difficile de parler de soi-même. Si non, je vous dirai que je suis Assan Séibou, je suis né vers 1967 à Kopargo dans le département de la Donga. J’ai fait mes études primaires et secondaires là-bas avant de venir ici à l’université nationale du Bénin.
J’ai soutenu ma maitrise en sciences économiques, option gestion des entreprises en 1993. J’ai terminé mes études en 1990 en sciences économiques. Après ça, je suis rentré dans la vie des affaires. Je n’ai pas voulu être un fonctionnaire ni un salarié. Je voulais être mon propre employeur et il faut dire qu’au moment où on terminait les études en 1990-1991, il n’y avait pas d’emplois et les jeunes devraient se battre comme ils le font aujourd’hui. Moi, c’est mon rêve. Je ne veux pas être fonctionnaire chez quelqu’un. Je veux décider de mon sort, ce que j’ai fait. J’ai travaillé beaucoup plus dans le secteur portuaire dans la gestion de certains espaces portuaires. J’ai été pendant treize ans, conseiller assistant d’un groupe d’hommes d’affaires dirigé par Monsieur Champion Roland. J’ai été l’assistant conseillé principal du PDG pendant treize ans. C’est le groupe qui réunissait Grand Moulin du Bénin, West coastmotors, Société africaine de Trans graissage et implanté dans quatre pays d’Afrique. Dans le milieu des affaires, j’ai fait mes propres affaires seulement que je ne pouvais pas créer une société dont je pouvais m’occuper, à cause des fonctions que j’exerçais. C’était incompatible avec la fonction de député parce que si vous créez un secteur au Bénin qui dépasse un certain capital et que vous n’êtes pas fournisseur de l’Etat, vous ne pouvez rien. L’Etat est le plus grand pourvoyeur financier de la place. En dehors de ça, j’ai été député à l’Assemblée nationale à partir de 1999, où j’ai fait deux mandats avec le Mouvement africain pour le développement et le progrès (MADEP), au sein duquel j’étais le vice-président
Mais avant ça, vous avez milité dans les mouvements estudiantins
Bien sûr. Depuis le primaire, j’étais membre fondateur de l’Association des élèves de Copargo qui après est devenue l’Association des élèves et étudiants de Copargo et Président fondateur du Front des élèves et diplômés sans emplois pour le développement du nord (FREDEN), en 1991 et j’ai fait deux mandats. Je suis heureux de voir que ce mouvement continue d’exister après 22 ans. Ça veut dire que j’avais bien vu. Il faut dire qu’à l’université, j’étais aussi militant de beaucoup de groupes. J’ai participé à plusieurs associations avant de commencer dans la politique en 1999. J’i été également élu par le parlement béninois au parlement de la CEDEAO
C’était en quelle année ?
En 2000. J’ai été élu pour aller siéger là-bas et j’ai occupé plusieurs postes au parlement de la CEDEAO. J’ai été Secrétaire parlementaire, rapporteur de commission et j’ai finis vice-président jusqu’en 2010 parce que là-bas, il y a un président et trois vice-présidents.
Et c’est là-bas que vous vous êtes spécialisé dans le suivi des élections
Dans la fonction que j’ai occupée là-bas, j’ai été responsabilisé pour beaucoup de choses. La relecture des textes de la CEDEAO a été ce qui m’avait passionné. Je faisais partir de la commission inter constitutionnelle qui devait faire des réformes. Mais, j’ai beaucoup plus participé à l’observation des élections. Nous nous étions battus pour que la CEDEAO participe à l’observation des élections parce que ça participe à la supervision. Nous avons été contents que la CEDEAO en a fait un point important et aujourd’hui, l’observation des élections est devenue une institution. J’ai observé les élections dans beaucoup de pays de la sous-région. Je suis dans le rang des experts au niveau de la CEDEAO pour l’observation des élections. J’ai été le Président de la Commission des experts pour l’élection qui a eu lieu en 2014 en Guinée Bissau. On était deux béninois dont un journaliste, FritzelSitondji, un sénégalais, une nigériane et un ivoirien tous de compétences différentes. J’ai dirigé cette commission d’experts ; Je devrais le faire aussi pour le Burkina mais j’ai décidé d’arrêter pour m’occuper du Bénin. Ces derniers temps, c’est beaucoup plus dans ces choses que j’ai travaillé.
Comment est-ce que vous vous définissez vous-même ou que dirions-nous si on devrait vous attribuer une étiquette ? Politicien, acteur politique, opérateur économique ?
Je ne sais pas mais j’ai fait tout ce que vous avez cité. Je pense que je suis plus un homme politique qu’un politicien. Le politicien est un homme prêt à tous les compromis. Je ne suis pas prêt à me jeter à la rivière parce que tout le monde est dedans et fait comme tout le monde parce que tout le monde marche par la tête. Avec ces conditions, je ne peux pas être un politicien. Je m’implique dans les affaires politiques et je me retire. Les affaires, c’est ce qui permet de survivre. On ne vit pas de la politique. Je ne vais pas léguer à mes enfants un parti politique ou une place dans une vie politique. Je suis obligé de me battre parallèlement, ce qui était ma vocation de faire des affaires et de ce point de vue, je suis un homme d’affaires.
Parlez-nous de votre formation post-maitrise
C’est vrai que j’ai fait quelques formations Qui ne sont pas toutes académiques. J’ai fait le master II en Droit pénal. Je l’ai fait à l’université de Parakou qui a une annexe ici à Cotonou. J’ai souvent estimé que le niveau académique le plus élevé est la maitrise. Le reste, c’est des spécialisations. C’est pour ça que je ne l’avais pas mentionné dans mes diplômes. J’ai aussi fait la formation des experts en entreprenariat en 1993 avec la CONFEJES. Je suis le premier expert du Projet entreprenariat des jeunes (PEJ) qui est au Ministère de la jeunesse. J’ai été l’ambassadeur du ministère de la jeunesse. Je ne l’avais pas peut être mentionné mais j’ai été président de l‘organe consultatif de la jeunesse du Bénin pendant trois ans. Ce qui m’a conduit à la Conférence économique nationale et à beaucoup d’autres choses. J’ai fait une formation pratique de terrain.
Parlez-nous de votre vie de famille
Je suis marié, père de quatre enfants. Je n’ai pas deux femmes. J’ai une et je me suis marié deux fois dans ma vie. Le premier mariage n’a pas été très heureux
Qu’aimez-vous chez la femme ?
La simplicité. J’aime l’attention de la femme et qu’elle fasse attention à moi sinon ça peut me conduire loin. Si j’aime une femme, c’est parce que son sourire me dit quelque chose. Quand je dois avoir une femme renfrognée, je ne peux pas tenir. J’aime quand la femme me souris parce que je suis obsédé par le sourire de mon prochain. Quand je n’ai pas le retour, je me referme. Même celui qui me sourit quand j’ai des soucis m’aide à surmonter ça. Mais si une femme doit s’occuper des questions de sous ou de ses affaires, je ne m’y attache pas. Je ne me bloque pas autour des moyens. Ce que j’ai c’est pour ma femme et mes enfants. Mes enfants sont ceux qui n’ont jamais demandés à vivre et que j’ai amenés. Ils ont droit à quelque chose. Je ne travaille pas dans l’ambition de faire des gratte-ciel mais pour que mes enfants soient heureux. Je suis un peu traditionnaliste et j’ai marié ma femme pour qu’elle vienne vivre chez moi. J’ai imposé quelque chose et je dois subvenir à tous ses besoins. Je n’ai pas besoin que la femme travaille. Je travaille et je lui fournis ce qu’elle veut puisque c’est moi qui l’ai amené là. C’est des actes très forts. Si tu me dis que ma femme vole, cela ne me dit rien.
On sait qu’il y a de très belles femmes à Copargo. Comment est-ce qu’un député peut rester sur une seule femme ?
C’est clair dans ma tradition, dans ma culture et dans ma religion. La polygamie est reconnue. J’ai été polygame. Je ne rechigne pas la polygamie et je ne rejette pas un polygame. Je trouve que c’est d’autres voies de vie qui ont leurs vertus et leurs avantages que ne vous donne pas la monogamie parce qu’on a vécu dedans. Mais nous voulons ressembler aux blancs.
Vous êtes l’un des acteurs qui avez voté la loi contre la monogamie
Je n’ai jamais défendu la monogamie jusqu’à ce qu’on vote cette loi à l’Assemblée, j’étais contre la monogamie. Il y a de très belles femmes à Copargo et vous le savez parce que nous avons des traits un peu sahéliens mais, je n’ai jamais eu la chance d’avoir une femme dans le milieu. Le cursus politique fait aussi que vous êtes obligés parfois de vous méfier des femmes de votre milieu. Si vous faites la politique, vous vous en rendrez compte mais, si vous vous amusez à chercher à sortir avec les femmes de votre milieu, vous heurtez votre base. Vous ne savez même pas la copine de quel jeune vous attaquez, et vous ne devez pas toucher la femme que le paysan a laissé. Il y a beaucoup d’autres réalités. Les études nous ont envoyé ici et ma femme est du sud. On aurait pu importer de la maison mais quand vous avez un certain sens de responsabilité, vous devez l’assumer. Je n’ai jamais soutenu la monogamie. J’étais de ceux qui ont soutenu la première monture où nous avons dit qu’il faut laisser les gens choisir. C’est très grave qu’on dise de faire de la monogamie une obligation en Afrique. Nous avons 52% des femmes qui grandissent plus vite et atteignent plus tôt la maturité. Une femme de 16 ans peut déjà se marier mais un garçon de cet âge ne sait pas encore s’il peut courtiser. Les femmes entrent plus vite dans la vie active du côté foyer que les hommes et elles sont censées portées. Un homme voyou ne peut pas porter une grossesse mais une jeune femme devient mère et responsable. La société entre dans une certaine souffrance. La polygamie est créée dans un certain système d’absorption de l’occident. Vous verrez qu’il y a beaucoup plus de femmes dans la rue plus qu’avant. Quand la polygamie était permise, on se plaignait du recul du mariage et du foyer. Quand une femme atteint un certain âge, elle est prête à tout pour être dans un foyer. Celles qui sont dedans ne veulent pas que les autres rentrent mais ce sont les femmes même qui demandent à rentrer. Souvent nous les courtisons sans dire « je veux te marier » mais c’est chemin faisant qu’elle impose le mariage. C’est un problème des femmes qu’on règle et non un problème des hommes mais on a tourné le sens comme si c’était un problème des femmes. Dans ce code, les hommes ont réglé leurs problèmes puisque, je vous le redis, le code de la famille est un code anti-femme. Quand la cour a constaté qu’on ne peut pas permettre la polygamie, c’est elle qui nous l’a imposée. Mais, dans le même temps, on dit que tous les enfants qui naissent ont le même droit. Le problème d’un père c’est de penser qu’après sa mort ses enfants vont faire la guerre parce qu’ils sont sur l’héritage et dans les anciens droits, le fils de la femme qui n’est pas mariée n’a pas droit à l’héritage. Mais ici, les enfants sont tous égaux devant l’héritage. Ceci permet aux hommes de faire leurs enfants avec n’importe quelle dame et quand il meurt, cet enfant a le même droit que celui de la femme mariée. Ce code a réglé ce problème. Vous verrez qu’on laisse la femme à elle-même et nous entrons dans une phase comme en Europe où les femmes vont commencer par vivre seules. Ce qui n’est pas notre culture. Nous avons noté dans nos enquêtes que les américains sont en train de revenir sur le système de foyer que nous abandonnons. Quand une femme est mariée et fait un enfant aux Etats-Unis, c’est elle qui s’occupe de l’enfant à plein temps et l’homme se contente de travailler pour la satisfaire. Je ne crois pas que ce soit une bonne loi pour nous.
Si on vous invite à table, que mangez-vous ?
J’adore la pâte de riz, l’igname pilée accompagnée d’une sauce gluante soit du crincrin ou du gombo, m’langée à la viande de poulet. Pas les poulets congelés mais nature.
Et en termes de boisson ?
Je ne bois pas d’alcool. Je n’en n’ai jamais bu. Ma boisson préférée c’est l’eau minérale. Je prends des sucreries et vous savez qu’il n’y a pas une spécialité en cela. Je bois ce que je trouve mais je n’aime pas celles qui sont trop sucrées.
En termes de loisir ?
J’aime le cinéma car c’est quelque chose que j’aime depuis toujours et ça me distrait. J’aime lire. J’étais footballeur mais j’ai arrêté à cause des blessures. Je fais quelques sports d’entretien. Le spectacle me plait beaucoup
Quel sujet souhaitez-vous qu’on aborde et qui n’a pas été fait ?
On a beaucoup dit
Et s’il vous était donné de dire votre mot de fin ?
Je me suis senti sous l’arbre parce que je suis allé dans tous les sens. Il va falloir qu’il grandisse encore. Je souhaite que l’arbre grandisse davantage. Je souhaite que vous vous développiez plus que ça, à l’avenir. J’ai vu les débuts de ce journal et je crois qu’aujourd’hui, c’est un journal de grande notoriété de grande audience. Quand on a une grande audience, on doit être de grands cadres. Ce que je vous souhaite est que le Directeur puisse bénéficier de la grâce divine afin d’avoir une maison plus grande et avoir un véritable arbre où vous vous assoyez dans la cour pour faire l’arbre à palabre. Il y a des gens que j’ai vu partir d’ici devenir des gens biens et aussi de nouveaux visages qui viennent et que le personnel devient plus grand. J’avoue que je suis heureux de voir ça et je vous souhaite du succès. Dans le milieu des journaux, n’en déplaise à certains amis journalistes, vous avez pu garder un équilibre qui est salué dans le milieu. Un équilibre dans lequel vous n’aviez pas eu peur de critiquer. Vous aviez soutenu et si on devrait accuser l’Evénement précis d’avoir été contre quelqu’un, on a des problèmes. Je vous souhaite de garder la ligne et de grandir normalement.
Carte d’identité
Assan Séibou ou le militantisme chevillé au corps
Assan Séibou, le 97e invité ‘’Sous l’arbre à palabres’’ de l’Evénement précis est né vers 1967 à Copargo dans l’actuel département de la Donga. Très tôt orphelin, le jeune Assan effectue à Copargo ses études primaires et secondaires sanctionnées par le CEPE, le BEPC respectivement en 1977 et 1981. A l’Université nationale du Bénin (UNB), qu’il rejoint après l’obtention de son baccalauréat en 1984, il se dirige vers les sciences économiques, option gestion des entreprises et en obtient une maitrise en 1991. Son parcours scolaire et universitaire est aussi un parcours militant qui s’exprime dans les nombreux mouvements associatifs dont il fait souvent partie des géniteurs. Membre fondateur de l’Association des élèves de Copargo devenue après Association des élèves et étudiants de Copargo alors qu’il est au cycle primaire, Assan Séibou est, en 1991, le père fondateur du Front des élèves et diplômés sans emplois pour le développement du nord (FREDEN) à la tête duquel il fait deux mandats. Ce creuset continue d’exister d’ailleurs, à la grande satisfaction de son géniteur qui en parle avec une fierté à peine voilée. « Je suis heureux de voir que ce mouvement continue d’exister après 22 ans. Ça veut dire que j’avais bien vu ». Jamais las lorsqu’il s’agit de donner un peu de soi, d’investir de sa personne, Assan Séibou dont on peut dire qu’il a le militantisme chevillé au corps, est aussi actif dans plusieurs autres associations et groupes durant son parcours à l’UNB. Il finit même par être, trois ans durant, président de l‘Organe consultatif de la jeunesse du Bénin. Ce poste lui ouvrira les portes de la Conférence économique nationale. Au début des années « 90 », sa maîtrise en poche, Assan Séibou qui a une vision très claire de son avenir choisit de se lancer dans les affaires. Bien décidé à ne donner du « patron » à personne, il se lance dans le monde des affaires. « Je suis rentré dans la vie des affaires. Je n’ai pas voulu être un fonctionnaire, ni un salarié. Je voulais être mon propre employeur», se rappelle-t-il, martelant à l’envi son aversion à être employé par un tiers. Ses premières pérégrinations dans le monde du business le conduisent dans le secteur portuaire, précisément dans la gestion de certains espaces portuaires. Dans ce monde, le natif de Copargo, dont les traits fins trahissent les origines shéliennes, jouit de la confiance de grands groupes. « J’ai été pendant treize ans, conseiller assistant d’un groupe d’hommes d’affaires ». A l’aise dans ce milieu, il développe ses propres affaires, tout en poursuivant plusieurs formations qui rallongent et enrichissent son curriculum vitae. En plus de sa maîtrise en sciences économiques, option gestion des entreprises, il devient titulaire d’un Master II en Droit pénal de l’université de Parakou. La spécialisation est quelque chose qui lui tient à cœur et Assan Séibou ne rate pas les occasions qui s’offrent à lui de se spécialiser. C’est ainsi qu’il suit en 1993 une formation des experts en entreprenariat avec la CONFEJES, devenant ainsi le « premier expert du Projet entreprenariat des jeunes (PEJ) du Ministère de la jeunesse. En 1999, la politique lui ouvre les bras par la grande porte : la députation. Elu député à seulement trente-deux ans sous la bannière du Mouvement africain pour le développement et le progrès (MADEP), dont il était le vice-président, Assan Séibou est réélu en 2003. Au cours de ses deux mandats, celui qui se définit comme un homme politique plutôt qu’un politicien s’enrichit d’une expérience sous régionale à partir de l’année 2000. L’expérience l’a marqué et il en parle avec délectation. « J’ai été élu par le parlement béninois au parlement de la CEDEAO en 2000. J’ai occupé plusieurs postes au parlement de la CEDEAO. J’ai été Secrétaire parlementaire, rapporteur de commission et j’ai fini vice-président jusqu’en 2010 ». Responsabilisé « pour beaucoup de choses », Assan Séibou se découvre une véritable passion pour la relecture des textes de la CEDEAO. Pour cette même institution, il n’a eu de cesse d’observer les élections. Militant actif et poids lourd de l’alliance ABT qui a œuvré pour la victoire du président Patrice Talon, Assan Séibou aujourd’hui ne fait pas mystère de ses perspectives d’avenir qui épousent celles l’alliance à laquelle il appartient et dont il a largement parlé au cours de l’entretien avec les journalistes.
Intimité
Né vers 1967, l’Honorable Assan Séibou est marié et père de quatre enfants. Musulman pratiquant, l’homme qui a été polygame dans le passé vit avec une seule femme aujourd’hui. Attiré chez femme par la simplicité, l’attention qu’elle peut lui porter et surtout son sourire, Assan Séibou a su trouver en celle qui partage sa vie, la somme de toutes ces qualités. Originaire du sud Bénin, cette dernière est celle qui sait lui concocter les plats qu’il aime : la pâte de riz qu’il adore, l’igname pilée qu’il aime dégustée quand elle est servie avec une sauce crincrin ou gombo, garnie de viande de poulet. L’alcool n’a pas de droit de cité chez Assan Séibou qui préfère accompagner ses repas d’eau minérale ou d’une boisson sucrée. Grand amateur de cinéma et de lecture, celui qui jadis pratiquait le football ne se consacre plus qu’au sport d’entretien, histoire de se maintenir en forme.