Par l’annonce de sa disponibilité pour le régime de la rupture qui prend les rênes du Pays à partir du 06 avril prochain, le Parti du Renouveau Démocratique a fait bouger les lignes aussi bien dans les états-majors des partis et alliances politique que dans le monde apolitique optant ainsi pour le réalisme propre au landerneau politique.
Que veut le nouveau Chef d’Etat et avec quels moyens?
24h après l’annonce des grandes tendances le donnant gagnant du second et dernier tour de l’élection présidentielle du 20 mars 2016, Patrice Talon réaffirme ses priorités. Il place en tête, à la suite du redressement de la dette intérieure, imputable à son prédécesseur, « de plus de 300 milliards de nos francs », les réformes constitutionnelles. Rien de nouveau! L’homme de la rupture se montre ainsi constant dans ses engagements. Dans le même temps, son attitude appelle une question fondamentale : où trouve-t-il la majorité de députés qui lui offre la possibilité de respecter la hiérarchisation ainsi définie pour ses priorités? L’une des approches stratégiques les plus envisageables à même d’aider le président Talon à résoudre cette équation est qu’il engage des négociations avec les partis ou alliances de partis représentés au Parlement. Et c’est dans ce contexte que le Prd rompt le silence et devance les faits.
Le Prd, un tremplin solide pour un nouveau départ institutionnel
« La Direction Exécutive Nationale du parti arc-en-ciel, félicite chaleureusement le candidat Patrice Talon pour sa brillante élection, et l’assure du soutien du Parti du Renouveau Démocratique dans l’accomplissement de la tâche de redressement économique, de réformes institutionnelles et de renforcement de la cohésion et de l’unité nationales. ». C’est la chute de la déclaration du Prd fait à Cotonou le mardi 22 mars 2016. Cette sortie médiatique a surpris les moins avertis du rôle du Parlement dans la réalisation des priorités du nouvel élu. En effet, il est une évidence que tout, sinon la grande partie des reformes prônées par Patrice Talon, se jouera au Palais des gouverneurs dont le premier des locataires n’est autre que le président du Prd. Avec le Prd, il se présente à Talon en plus des voix nécessaires aux réformes constitutionnelles, un bonus que constitue Me Adrien Houngbédji.
Le président Patrice Talon a réaffirmé, après que les premières tendances officielles le placent vainqueur, ne vouloir faire qu’un mandat unique de 5 ans pour des réformes profondes notamment la révision de la constitution, la réforme du système partisan etc. Cela ouvre la voie à une sorte de transition pour permettre à tous les Béninois de participer à l’avènement de ces réformes. Or, pour rappel, dans son adresse lors de son entrée officielle en fonction, le président de l’Assemblée nationale en juin 2015, puis son parti, le Prd lors de l’université de vacances de septembre 2015, ont réaffirmé leur engagement dans le processus de réforme du système partisan à l’Assemblée nationale. Le président de cette institution et son parti se doivent logiquement d’accompagner le chantre du « Nouveau départ ». C’est dire donc qu’une opposition de blocage des réformes n’est donc plus indiquée. Le président du Prd est le président de l’Assemblée nationale. Il représente l’institution parlementaire et la réussite des réformes dépend d’abord de l’implication du président du Parlement. Avec ses dix députés, un président de commission des finances et un président de groupe parlementaire, il n’est pas exagéré de penser que l’arrivée du Prd est une bouée d’oxygène au nouveau départ et une opportunité à saisir pour apaiser les tensions politiques.
En somme le Prd, dont la démarche est le fruit d’une entente avec ses alliés, a pris de court ceux qui pensent que le parti DOIT rester dans l’opposition malgré l’option contraire qu’il a proclamée depuis février 2014 et défendu avant et pendant les dernières élections. Ce faisant, il s’octroie indubitablement une longueur d’avance. Le Prd se pose ainsi en première ligne pour l’amorce des réformes institutionnelles que porte le « Nouveau Départ » du président Patrice Talon
Francis Z. OKOYA