Le choix porté sur trois des fidèles compagnons de Patrice Talon pour s’occuper des postes clés et stratégiques (justice, défense, intérieur) se traduit par le souci du nouvel homme fort d’avoir un œil vigilant sur les questions relevant de leurs différentes attributions. Le Garde des Sceaux, ministres de la justice, Joseph Djogbénou, qui en un temps record est monté dans l’estime de Patrice Talon, a été au cœur de ses combats juridico-judiciaires soldés par des succès.
Il est un acteur de la maison justice. En lui confiant ce portefeuille, le président de la République a à cœur de lutter contre la corruption et l’impunité, de calmer la tension entre l’Exécutif et les magistrats et surtout d’amorcer ses réformes institutionnelles et constitutionnelles avec l’appui d’un praticien de droit. Il se verra sans doute confier d’autres missions pour la réussite des réformes attendues. Joseph Djogbénou est dans son marigot, mais il va devoir retrousser ses manches pour affronter les tacles réguliers de Michel Adjaka, président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab). Le portefeuille de la Défense est revenu à un autre fidèle compagnon de Patrice Talon. Candide Azannaï qu’on ne présente plus et qui est un homme des réseaux. Il quitte l’Assemblée nationale pour le gouvernement. Véritable meneur d’hommes et intransigeant sur ses principes, réputé frondeur, il dirige l’un des plus importants portefeuilles de l’équipe gouvernementale. D’un tempérament ardent, il devra adapter son style à la Grande muette pour pouvoir réussir sa mission. Si le chef de l’Etat a décidé de lui confier les hommes en treillis, c’est parce qu’il est un collaborateur de confiance, mentalement fort et autoritaire, jugé à la hauteur de la taille du ministère de la défense. Un portefeuille dont le contrôle n’échappe jamais au chef de l’Etat. Par sa nomination à ce poste, Candide Azannaï prouve à suffisance qu’il fait partie du cercle très réduit qui est resté fidèle à Patrice Talon. Autre personnalité qu’on retrouve dans le premier cercle du chef de l’Etat, c’est Sacca Lafia. Nommé à la tête du ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique, il tombe dans un milieu où ça ne pardonne pas. Le défi de la sécurité est un combat permanent. Sacca Lafia doit mettre les Béninois en confiance partout où ils se trouvent sur le territoire national. Il sera jugé par rapport à la capacité des forces de sécurité à sécuriser le pays, surtout que le terrorisme international prend de l’ampleur. Le président de la République l’a préféré à ce poste parce qu’il est un homme déterminé et courageux, mais aussi parce qu’il est crédité de bonnes notes dans la gestion des hommes. Il est attendu par les flics sur plusieurs chantiers relatifs à leurs conditions de vie et de travail. Informé des actes d’injustice et de frustrations érigés en mode de gouvernance au sein de la Police, le président de la République a promis réagir. Le choix de Sacca Lafia, un homme de confiance, traduit sa volonté de régler les problèmes quotidiens des fonctionnaires de police. Le nouveau ministre devra donner le ton en s’occupant personnellement des statuts des personnels de sécurité et assimilés. Tout aussi honorée et flattée par la confiance toute présidentielle, Adidjath Matys retrouve un portefeuille où la grogne des travailleurs fera partie de son lot quotidien. La fonction publique est un monde très vaste et particulièrement syndiqué. Ancien ministre de l’Economie et des finances, elle est une femme de rigueur, et le président de la République ne doute pas de sa capacité à réussir la mission. Mais le monde des travailleurs reste ce qu’il est. L’Energie, les finances, les grands travaux, la santé, seront gérés par des collaborateurs dont le profil rassure le chef de l’Etat.
FN