Juste au soir du 6 avril 2016, date de sa prestation de serment en tant que président de la République du Bénin, Patrice Talon, a rendu publique la liste des 21 membres composant son premier gouvernement. Depuis lors, c’est une actualité qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Avec la présence de certaines figures dans cette équipe gouvernementale tout porte à croire que Patrice Talon s’est désormais départir de son manteau d’homme d’affaires et a enfilé celui du politique.
Au-delà de la technocratie ou de la compétence sur laquelle il met un accent particulier, Patrice Talon pour ce premier gouvernement, a sorti ses griffes de politique. Du statut d’opérateur à l’acteur politique, les choses sont allées très vite. Certainement que l’homme de la Rupture a voulu montrer à l’opinion qu’il est dans les couloirs du Pouvoir il y a longtemps.
En tout cas, beaucoup d’observateurs voient dans la nomination du ministre de la Décentralisation, Barnabé Dassigli, une nomination politique. Ancien membre du régime de la Révolution, ce dissident du regroupement politique And, a servi pratiquement 10 ans sous le Pouvoir défunt. Beaucoup de remous autour de sa présence dans l’actuel gouvernement. Le président de la République, qui a le pouvoir discrétionnaire des nominations s’attendait peut-être à ces critiques. Mais pour lui, sans doute, il ne peut en être autrement à voir ce que revêt cette nomination. En effet, Barnabé Dassigli ministre, c’est ni plus ni moins, un coup dur porté à son frère « rival » Valentin Houdé qui s’est opposé au soutien du candidat Patrice Talon aux premières heures de la campagne électorale. Désormais, Barnabé Dassigli peut se targuer d’avoir occupé au moins le poste de ministre. Qu’il vous souvienne que lors de la crise de l’And, le député et ancien ministre Houdé avait déclaré qu’il est jalousé à cause de ses postes qu’il a eu le privilège d’occuper. Il est clair que cette nomination est une prime à la détermination du « grand-frère » Dassigli aux côtés de Patrice Talon qui a pourtant affirmé qu’il ne formera pas un gouvernement de remerciement. A l’instar de Dassigli, ce sont d’autres ouvriers de la première heure et grands soutiens qui sont récompensés. Il s’agit entre autres de Marie-Odile Atanasso à l’Enseignement supérieur, Candide Azannai à la Défense, Joseph Djogbénou à la Justice, Oswald Homeky aux Sports, Sacca Lafia à l’intérieur, Abdoulaye Bio Tchané et Pascal Irénée Koupaki tous deux ministres d’Etat. Pour n’avoir pas respecté sa parole, il se dit déjà du président Talon que ce n’est plus l’homme d’affaires qui parle, car en politique, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Et les Béninois l’ont à nouveau constaté avec l’homme du Nouveau départ ou de la Rupture.
Jacques BOCO