Contrairement à ce que prédisent les oiseaux de mauvais augure, la rupture des relations entre le Président de la République Patrice Talon et le Président de l’Assemblée Nationale Adrien Houngbédji n’aura pas lieu. Hier, les deux hommes se sont rencontrés comme le veut la tradition républicaine pour échanger sur certains grands dossiers de la Nation.
La rencontre, selon des sources proches du Président du Parlement béninois s’est déroulée dans l’après-midi d’hier lundi 11 avril 2016 au domicile du Président Adrien Houngbédji à Cotonou. Le tête-à-tête entre les hommes a duré une demi-heure, précisent les mêmes sources. Mais rien n’a officiellement filtré de cette rencontre au sommet de l’Etat qui intervient à la veille de l’ouverture solennelle de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale du Bénin au titre de l’année 2016. Seulement, à en croire certaines indiscrétions, les discussions auraient porté sur les grandes réformes institutionnelles qu’entend engager le Président Patrice Talon tout au long de son quinquennat.
Au-delà des faits, cette rencontre au sommet traduit la volonté du Président Patrice Talon de placer son quinquennat sous le signe du dialogue permanent entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, gage du succès des grandes réformes qu’il a promis d’opérer. Ces réformes déjà annoncées au cours de la campagne pour la course au Palais de la Marina ont été d’ailleurs rappelées dans le discours prononcé par le Président Patrice Talon le 6 avril 2016 au cours de la cérémonie qui a consacré son investiture. Conscient de ce que ces réformes ne peuvent pas prospérer sans le Parlement, Patrice Talon a donc fait le pas utile. Ce pas décisif met désormais devant le fait accompli le Président Adrien Houngbédji. Ce dernier qui a déjà rassuré le Président Patrice Talon du soutien de son Parti et de ses députés ne pourra donc plus se dérober.
Extrait du discours d’investiture du Président Patrice Talon
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Je m’emploierai chaque jour à tenir les engagements destinés à faire de ce mandat un instrument de rupture et de transition devant aboutir à la mise en place des grandes réformes politiques institutionnelles que nous avons tous appelées de nos vœux. Pour y parvenir, j’entends rétablir un état de droit respectueux des principes démocratiques et des libertés individuelles, et qui assure avec efficacité, la protection des personnes et des biens. Je m’engage à promouvoir une justice indépendante, la même pour tous, accessible et efficace ainsi qu’à redynamiser et moderniser l’administration publique. La compétence sera désormais le principal critère de promotion des cadres aux postes de responsabilité. J’instituerai des corps de contrôle indépendants dont la mission principale sera de veiller à l’orthodoxie financière dans toutes les administrations, offices et sociétés d’état. Je m’attèlerai à assurer et préserver la liberté de la presse ainsi que l’accès équitable de tous aux organes publics de presse. J’assurerai la protection de l’initiative privée et du secteur privé en tant que principal outil de développement. Je m’emploierai à accélérer et renforcer le processus de décentralisation en l’inscrivant dans chacune des actions que j’entreprendrai. Je ferai de notre démocratie un véritable instrument de coopération internationale d’intégration et de rayonnement en vue mobilisation de ressources au service du développement de notre pays. Je travaillerai à réduire puis à éradiquer la précarité en assurant dès à présent, la protection des plus démunis ainsi que l’accès pour tous, à l’eau et à l’énergie en tant que droits inaliénables et facteur de développement.
J’accorderai une priorité à la réorganisation du système de santé de façon à procurer à nos concitoyens une couverture sanitaire plus efficace et plus solidaire. Je m’attacherai à reconstruire le système éducatif afin d’assurer son adéquation avec les ambitions économiques de notre pays. Dans cet ordre d’idée, la restructuration du conseil national de l’éducation et la création de la zone franche du savoir et de l’innovation, constitueront les principaux leviers de l’action gouvernementale dans ce secteur. Je ferai du tourisme un véritable instrument créateur de richesse et d’emplois. Au plan agricole, j’ai la conviction qu’à la faveur des réformes et mutations à opérer ainsi qu’aux moyens d’investissements pertinents, notre pays pourra s’élever au rang de puissance agricole régionale avec une grande capacité de production dans les secteurs de la production végétale, de l’élevage et de la pêche. C’est pourquoi, j’entends promouvoir davantage deux filières agricoles phares en y investissant massivement de façon à créer de véritables pôles de développement agricole et industriel.
Enfin je ferai de la lutte contre la corruption un combat de tous les instants et de tous les jours et qui n’épuiseront pas les efforts inlassables de la justice et de la société civile destinés à mettre un terme à l’impunité. À cet égard et pour en donner le gage nécessaire, je déclare du haut de cette tribune, que non seulement je m’y suis préparé mais j’affirme que je suis déjà prêt maintenant et tout de suite.
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