Depuis l’élection de Patrice Talon et la formation du gouvernement de la Rupture, il ne se passe de jours où, sur les réseaux sociaux, des réformes de toute sorte sont annoncées visant à rendre plus efficace l’administration publique.
De la supposée décision invitant les 502 élèves douaniers à rejoindre d’abord leur famille en attendant que le nouveau gouvernement voit plus clair dans le concours à polémiques à l’interdiction de postes téléviseurs dans les bureaux en passant par l’idée de ramener l’heure de service en journée continue, soit de 7h à 16h, les partisans du Nouveau départ ne manquent pas d’imagination. C’est à croire que tout ce qui peut faire la différence avec le régime défunt est bon.
Alors qu’aucun conseil des ministres ne s’est encore prononcé et en absence de communiqué officiel du nouveau gouvernement, chacun y va selon son inspiration pour apprécier ou suggérer telle ou telle réforme dans l’administration. Le nouveau ministre du Commerce et de l’Industrie Lazare Sèhouéto n’a pas attendu le conseil des ministres pour demander à l’ancien directeur de cabinet et son adjoint de même que les conseillers techniques de son ministère de passer service au plus tard ce lundi 11 avril 2016 au comité ad’ hoc mis en place dans ce sens. Il ne fallait pas plus pour évoquer le principe du parallélisme des formes. Désormais, il faut trouver quelque chose, ne serait-ce que pour marquer la différence. Hors à procéder ainsi, le risque est grand que l’on s’engage dans des réformes mal pensées, non suffisamment étudiées et qui auraient plus de conséquences néfastes sur le bon fonctionnement de l’administration plutôt qu’elles n’apporteront un plus.
Ce n’est pas tout ce qui se fait dans l’administration du régime Yayi qui est mauvais. A penser de la sorte, on risque de jeter l’eau avec le bébé. Il y a certainement de bonnes choses dans l’ancienne administration que le gouvernement de la Rupture devrait récupérer. Le président Patrice Talon en a donné l’exemple en demandant aux nouveaux ministres de prendre service 24h après la publication de la liste des membres du gouvernement. Cette pratique, c’est l’une des marques déposées du régime Yayi. De même, il a su garder, du moins pour le moment, les trois ministères de l’enseignement alors qu’ils étaient partis pour être réduits à un seul avec la réduction substantielle annoncée des portefeuilles ministériels. Mais le nouveau président a jugé utile de cerner tous les contours du problème avant d’agir. Il n’est donc pas question de faire des réformes dans le seul but de marquer la différence. Il faut une étude approfondie. Pourquoi ne pas commettre par exemple un cabinet d’experts pour juger de l’opportunité des réformes qui sont annoncés à tort et à travers ? Le nouveau président doit éviter le piège des réformes pour le seul plaisir de certains partisans qui veulent juste prouver que désormais les choses ont changé.
Bertrand HOUANHO