Depuis quelques jours, de nombreux acteurs ainsi que des milieux professionnels donnent de la voix dans le cadre des élections des administrateurs du Fond d’aide à la Culture (Fac). Des camps opposés s’emploient à étayer leurs positions. Mais en guise de médiateur, le représentant des artistes au Conseil économique et social (Ces) analyse la situation et donne son appréciation.
« Mon vœu est qu’on aille au vote tel quel. Si on ne le fait pas, on risque de tomber dans un vide juridique et de violer les dispositions du décret et de l’arrêté qui organisent l’élection des administrateurs du Fond d’aide à la culture». Cette exhortation émane de Claude Balogoun, représentant des artistes au Conseil économique et social (Ces). Au cours d’une brève déclaration de presse faite dimanche 10 mars à Cotonou, celui-ci s’est prononcé sur la guerre froide qui émerge dans le milieu culturel béninois avec en toile de fond, l’imminence de l’élection évoquée supra. Selon les propos du conseiller Claude Balogoun, il a eu vent comme nombre d’acteurs culturels il y a quelques mois de l’existence d’un nouveau décret fixant les modalités de cette élection. A la lecture, dit-il, il s’en est offusqué mais s’en est référé à ses représentants dans les départements comme à d’autres acteurs culturels qui, contrairement à lui, ont salué l’avènement de cette nouvelle disposition. Claude Balogoun soutient avoir pris acte de leur désidérata et s’en est tenu à cela.
Mais face au tollé qui a vu dernièrement le jour et eu égard à la volonté de certains acteurs de voir les élections se tenir conformément aux dispositions antérieures, il dit avoir des inquiétudes. Lesquelles tiennent à la violation des textes en vigueur. Selon lui, on peut tenir les élections et résoudre tous les problèmes de la corporation après. «Allons au vote, désignons les représentants… Ne jetons pas l’eau du bain avec le bébé…», apaise le conseiller qui se justifie à travers le joyau que représenterait le Fac. Selon lui, cette structure mise en place pour le financement des initiatives culturelles fait la fierté du Bénin. Elle serait même enviée par plusieurs pays de la sous-région. «Si nous nous battons autour de cet acquis, les nouveaux dirigeants peuvent penser à sa suppression. Les querelles vont le fragiliser. Ce que nous devons faire, c’est de le professionnaliser», suggère Claude Balogoun. «Il y a trop de polémiques», s’offusque-t-il par ailleurs, invitant en sus les acteurs culturels à faire cesser les diatribes. Pour le représentant des artistes au Ces, le fond d’aide à la culture a trop d’acquis. Beaucoup d’artistes font des formations et gagnent des prix au plan international, illustre-t-il.
Ce fond permet de célébrer les journées internationales de certaines disciplines, la formation et la professionnalisation des acteurs dans le milieu, la réfection de salles, la mise en place d’espaces d’expression culturelle…, cite-t-il entre autre.
S’il a jugé important de s’exprimer sur le sujet, souligne Claude Balogoun, c’est surtout en raison de son statut d’acteur occupant «le poste le plus élevé et le plus représentatif dans le milieu culturel au Bénin et élu par tous les acteurs culturels». Lequel lui permet de faire des auto-saisines, mais aussi des propositions. Et en terme de proposition, il demande déjà à ses pairs d’aller aux urnes dès le 18 avril prochain, conformément au calendrier établi après avoir, en amont, tenu toutes les assemblées générales inhérentes au vote?
Josué F. MEHOUENOU