Pour nombre de soutiens au Président Patrice Talon, il n’est nullement question qu’il cohabite avec les leaders politiques qui lui ont refusé leur soutien, notamment le Président Adrien Houngbédji. Mais les derniers développements sur la scène politique nationale affichent bien que le nouveau chef de l’Etat n’est pas dans cette vision. Il se dégage qu’il est conscient du danger qui le guette en optant pour des règlements de compte. Seulement, réussira-t-il, tout au moins pour le temps des grandes réformes constitutionnelles, de savoir écarter définitivement le piège que lui tend le Prd qui ne veut que participer à la gestion du pouvoir?
La Direction Exécutive nationale du Parti du Renouveau Démocratique (Prd), en faisant sa sortie le mardi 22 mars 2016 pour apporter son soutien au quinquennat du Président Patrice Talon, avait ouvert le champ libre pour des commentaires, mêmes les plus désobligeants.
Pour certains, c’est toute honte bue que les responsables du parti se sont essayés à cet exercice. Ceci, pour que le Président puisse inscrire le parti dans la logique qu’il avait définie lui-même en janvier 2016 et qui justifiait le non soutien à l’homme d’affaires Patrice Talon. Pour Me Adrien Houngbédji en effet, il n’est plus question que son parti continue par faire l’opposition politique.
Mais à y fouiner de près pour en savoir plus sur les raisons qui ont amené le Prd après avoir déblatéré sur le candidat Patrice Talon, à lui faire allégeance alors même que la Cour constitutionnelle n’avait pas encore prononcé le verdict, on constate que les mobiles sont bien ailleurs. A savoir que ce sont les militants qui ont refusé de suivre la consigne du chef et qui veulent que leur parti apporte illico tout le soutien au nouvel élu.
En réalité, ces militants expliquent que s’ils n’ont pas suivi la consigne du Prd, cela ne veut pas encore dire une désaffection pour leur dirigeant. Ils veulent s’inscrire dans la logique de la Rupture et avec leur leader. Ils veulent aussi profiter des retombées de ce nouveau départ et c’est pour cela que le Prd se doit d’être de la mouvance, en acceptant de faire une déclaration publique. Autrement, l’effort de vote qu’ils ont fait à l’occasion du scrutin présidentiel en boudant le candidat de Boni Yayi restera vain.
Au niveau de la Direction exécutive nationale du Prd, on n’a plus longtemps cherché à résister ; à défaut du Président qui avait les mots pour tourner en dérision Patrice Talon et Sébastien Adjavon, les autres membres de la direction nationale ont été envoyés au charbon à Cotonou. Sans ambages, ils se sont jetés dans les bras de la nouvelle mouvance. Par ce geste, les dirigeants du Prd se sont réconciliés avec leur base. En retour, désormais, les militants du Prd observent le Président Patrice Talon. Doit-il continuer par ne pas prendre en compte cette frange d’électeurs ? Toujours est-il que pour la mise en place du premier gouvernement de Talon, point de clin d’œil aux cadres du Prd. Mais à la surprise générale, le Président de la République va rendre visite à celui qui avait prédit son échec, il y a de de cela deux mois seulement. Ce que les deux premières personnalités de l’Etat se sont dit importe peu. On peut y retenir que Talon accueille favorablement le message de la cité capitale. Les populations de Porto-Novo sont quelque peu apaisées, en attendant d’autres actions plus concrètes.
Me Adrien Houngbédji qui cherchait une porte de sortie depuis le 20 mars 2016, trouve un bon prétexte pour saluer la victoire de Patrice Talon. « Je forme pour le Président de la République et son gouvernement des vœux ardents de pleine réussite pour le bien et le bonheur du peuple béninois, avec une attention toute particulière pour nos collègues promus...Avec un peuple qui adhère largement à sa vision et à son programme, le président Patrice Talon tient entre ses mains le meilleur levier de succès ». Me Adrien Houngbédji, à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session ordinaire du parlement, n’a pas aussi manqué de dire comment les réformes inscrites au programme du nouveau Président de la République sont aussi à l’agenda de cette législature ; on peut y comprendre que le Président du parlement affiche toute sa disponibilité pour accompagner Patrice Talon. Il reste à définir les contours de cet accompagnement. Le Prd voudra aussi être appelé aux tables de négociations ; à participer à la gestion du pays. Patrice Talon sera-t-il prêt pour associer ce parti à la gestion du pouvoir d’Etat ? Bien évidemment, pour l’heure, la réponse est non. Mais jusqu’à quand ? Le Prd va-t-il encore attendre longtemps ? Que fera ce parti si l’attente est longue et que les réformes n’ont pas encore pris corps. Un réaménagement technique du gouvernement sera-t-il possible avant les grands débats sur les réformes ?
Symplice Comlan